Chapitre 12 - Mardi 13/04

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Je sors de mon université et me dirige directement vers mon café habituel, vu que c’est là que nous nous sommes donnés rendez vous avec Andy. C’est un peu stressant, parce qu’on dirait qu’on a un vrai rendez vous, même si ce n’est pas vraiment le cas.

Mais je ne sais pas… Vu qu’il agit souvent bizarrement, comme s’il me dragouillait, j’ai du mal à savoir sur quel pied danser avec lui.

De toute façon, là, je dois surtout me concentrer sur mon porte folio. Mes études doivent primer sur tout le reste. Et puis, je ne connais pas assez ce serveur pour m’imaginer quoique ce soit avec lui. Et puis pourquoi est-ce que je m’imaginerais quoique ce soit, même ?

Je secoue la tête pour en finir avec ces pensées, et je finis par arriver devant le café. Le seul bémol, c’est qu’Andy n’est pas encore là.

Je fais la moue et m’adosse contre le mur du bâtiment d’à côté, puis sors mon téléphone. Je lui envoie un message pour le prévenir que je suis arrivé et que je l’attends, puis me dandine d’un pied sur l’autre en attendant qu’il arrive.

Comme quoi, Andy avait raison de vouloir qu’on échange nos numéros. Moi, je n’avais pas pensé à le faire. En même temps, vu que j’ai dû supporter toutes les vidéos qu’Andrea a passé la soirée à m’envoyer, je me demande si le jeu en valait la chandelle.

Heureusement, je n’ai pas à attendre longtemps sa réponse, car ce dernier sort du café quelques secondes après que j’ai envoyé mon message.

Je dois faire attention à garder la bouche fermée. Il était plutôt mignon à la base, mais là, il est beau. La nuance entre les deux est importante.

Il a une très jolie tenue. Il a mis un pantalon noir ainsi qu’une veste de costume de la même couleur, qui surplombe un t-shirt blanc. Il a des baskets blanches récentes, une paire sortie il y a quelques mois. Et sa tenue lui va comme un gant.

- J’ai pris notre petit goûté, me dit-il avec un clin d’œil, en me montrant fièrement le petit sac qu’il tient.

Je lui réponds par un sourire, et il passe sa main dans ses cheveux. On dirait que c’est un tic récurrent chez lui.

- Bon, je pense qu’on peut se tutoyer ?, me demande-t-il.

- Ça me va. Ça sera plus simple.

- T’es déjà allé dans le parc Saint Victorien ? 

- Non, ça ne me dit rien.

- Ah ouais ? C’est étonnant qu’un artiste ne connaisse pas tous les parcs qui l’entourent.

- J’en suis pas encore un.

- Vu le talent que t’as, si, tu l’es. Bon, suis moi, rajoute-t-il avant de me laisser le contredire.

Il se met à marcher, comme pour clore ce débat, et je le suis en souriant. Andrea fait la conversation pendant tout le trajet, il me pose des questions sur ma journée, me raconte un peu la sienne… Et je dois avouer que c’est plutôt agréable de discuter avec lui.

Au bout d’une quinzaine de minutes, on finit par arriver dans un parc qui ne m’a pas l’air bien grand, en tout cas plus petit que je ne l’imaginais.

Il y a seulement quelques allées qui passent au milieu de parterres d’herbes et de fleurs, décorés par quelques statues, le tout menant à une jolie petite fontaine. Même si c’est petit, ça reste un très joli cadre.

- C’est vrai que ça ferait un joli dessin.

- Je le savais !, s’exclame Andy, tout content. Mais il ne faut pas oublier le mannequin, l’objet le plus important du dessin.

- La fontaine ?

- Mais non, pas un objet au sens propre. Je parle de la personne au centre du dessin. Le modèle, la muse.

Je cligne plusieurs fois des yeux, comme si je ne comprenais pas de quoi, ou plutôt de qui il parlait, ce qui le fait froncer les sourcils.

- Je parle de moi, là.

- Ah… J’avais pas prévu de te dessiner, en fait. Je voulais faire un beau dessin.

Il ouvre grand la bouche et fait un pas en arrière en mettant la main sur son cœur, faisant mine d’être offusqué, ce qui me fait éclater de rire. Il a raté sa vocation, il aurait dû finir comédien plutôt que cafetier.

- Je suis outré !, s’écrie-t-il. Pour la peine, je vais manger ton pain au chocolat.

- Eh ! On n’est pas censé plaisanter avec la nourriture, je me défends.

Il me tire la langue, et on se chamaille gentiment pendant un petit moment, avant qu’il ne laisse tomber dans l’herbe.

- Ça te va qu’on prenne notre goûter ici ?, me demande-t-il. Comme ça, tu pourras t’imprégner de l’énergie du parc.

Je hoche la tête et m’assoit par terre à côté de lui, tandis qu’il sort de son petit sachet notre goûter. En plus des viennoiseries, il s’est pris un chocolat chaud et m’a ramené un café.

- Je te l’ai déjà sucré, me dit-il en souriant. Toujours trois sucres.

- Toujours trois sucres, je répète, en en buvant une gorgée.

Effectivement, il l’a encore une fois très bien sucré. Je ne sais pas quoi en penser, c’est quand même un peu étrange qu’il m’ait observé et ait compté le nombre de sucres que je mets dans mon café, mais c’est… Mignon.

On mange en discutant tous les deux, et je dois avouer que j’oublie vite que je suis là pour mes dessins. Andy a vraiment beaucoup de discussion, beaucoup plus que je ne l’aurais imaginé. Et c’est vraiment très agréable.

Et puis, en plus d’avoir de la conversation, il faut dire qu’il est vraiment très beau. J’adore me perdre dans l’obscurité de ses yeux tout en me laissant bercer par le son de sa voix.

Un café, trois sucres et un serveur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant