Chapitre 15 - Vendredi 16/04

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Je regarde Andy repartir vers le comptoir en souriant, la joue appuyée contre le creux de ma main. Monsieur a décidé qu’aujourd’hui, je n’avais pas le droit de prendre mon café habituel. Non, apparemment, il faudrait que je commence à bouleverser mes habitudes et à changer mes petites routines. Et ça doit commencer aujourd’hui, avec mon café.

Le seul soucis, comme j’ai essayé de lui expliquer, c’est que devoir dessiner pendant des heures après une semaine entière de cours, c’est dur. Il me faut quelque chose pour tenir, et le café est mon option préférée.

Je regarde Andy s’affairer au comptoir, sans me détacher de mon sourire. Je me demande ce qu’il va me ramener.

Je n’ai pas à attendre longtemps, car il revient rapidement vers moi en arborant un sourire tout fier et victorieux.

- Tenez, s’exclame-t-il en déposant devant moi une bol de chantilly et un cookie, régalez vous !

- Merci, je lui réponds avec un ton plutôt amusé.

Il me regarde fixement, les lèvres toujours relevées. Il attend sûrement que je goûte ce qu’il m’a apporté. Ayant déjà mangé des cookies à quelques reprises, je commence donc par boire une gorgée de ce mystérieux bol de chantilly.

Et je ne peux pas empêcher mon visage de faire une sorte de mélange entre un sourire et une grimace. Je sens un arrière goût de café, mais aussi un soupçon de vanille et de chantilly. Et puis surtout, c’est froid.

- Mouais. J’aime bien, mais je préfère mon café habituel.

- C’est parce qu’il ne laisse pas de chantilly ?

- Hein ?

Andy se penche doucement vers moi, et mes narines sont assaillies par une odeur que je n’avais jamais senti jusque là. Je ne saurais même pas la décrire. Tout ce que je peux dire, c’est que son parfum sent vraiment très bon.

Sa main s’approche de plus en plus de mon visage, et je ne peux que regarder son index essuyer tendrement le bout de mon nez.

- Fais attention, dit Andy en me montrant la chantilly au bout de son doigt, ça laisse des traces.

- M-Merci, je bégaye, en me sentant rougir.

Mes joues deviennent encore plus bouillantes qu’avant, si c’est même possible, quand Andy lèche le bout de son index en me regardant droit dans les yeux.

- Bon, je te laisse dessiner, rajoute-t-il en me faisant un clin d’œil.

Je le regarde de nouveau s’en aller, avant de croquer un bout de cookie en essayant de calmer la chaleur de mes joues. J’ai l’impression d’avoir piqué une tête dans le bassin d’un volcan. Dessiner me fera du bien.

Je ne réfléchis même pas, et laisse seulement mes mains se balader sur la feuille de papier. Je laisse mon inconscient dessiner à ma place. Apparemment, c’est même une technique utilisée par les psys.

Les traits sont d’abord grossiers, mais en quelques secondes à peine, je sais ce que je vais dessiner. Je souris, et laisse le crayon trainer sur la feuille. Je finis par dessiner une main, vu d’un angle où elle serait comme penchée sur le spectateur.

Une main. Juste une main. Une main d’homme, ferme… Comme la main d’Andy, penchée sur moi encore quelques minutes avant à peine.

Une fois l’ébauche de cette main terminée, j’y rajoute tout de même une petite bague aux motifs que j’invente moi-même. Il ne faut pas que je perde de vue le thème de mon porte folio.

- Excusez moi, finit par m’interrompre une serveuse, nous allons bientôt fermer…

- Oh, d’accord, pas de soucis.

Je range mes affaires dans mon sac et me dirige vers le comptoir, où mon serveur attitré m’attend en souriant.

- Non, me dit-il d’emblée, pas aujourd’hui.

- De quoi ?

- Je t’offre ta commande d’aujourd’hui, m’explique-t-il, vu que tu n’as pas eu droit à ton café habituel.

- C’est pas grave, j’ai quand même pris-

- C’est trop tard de toute façon, me coupe-t-il. C’est déjà réglé.

- Bon, merci alors… Mais ce n’est vraiment pas la peine de me faire des cadeaux comme ça, tu sais.

- Pourquoi ? Tu mériterais bien plus qu’un simple café.

Un café, trois sucres et un serveur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant