La vérité éclate

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- Je ne comprends pas très bien. Vous me dites que je ne suis pas stérile ?
- Non, Monsieur Bardella. Les tests que vous avez passés la dernière fois ont été faussés par une machine défectueuse, et nous sommes terriblement désolés pour ce quiproquo. En résumé, vous avez une faible chance d’avoir des enfants, mais je vous assure que vous n’êtes pas le père de l’enfant.
- Très bien, merci beaucoup.
Jordan se retourna, un sourire soulagé sur les lèvres. Il fit face à Marine d’un air satisfait.
- Tu vois, Marine, tu n’avais aucune raison de m’empêcher d’épouser l’homme que j’aime et qui me respecte.
À ces mots, il jeta un regard noir à Nolwenn et fusilla Marine du regard. Encore sous le choc des révélations, elle se retourna vers sa nièce.
- Comment as-tu osé ? Je te présente, sur un plateau d’argent, l’homme parfait : beau, charismatique, intelligent, riche et surtout qui a du pouvoir. Et toi, tu gâches tout en allant voir ailleurs et en te faisant engrosser par un autre. Tu me déçois énormément, Nolwenn, je t’ai élevée comme ma propre fille, grogna-t-elle. Et je peux savoir où il est, ce type ?
Nolwenn fondit en larmes, se cachant le visage avec les mains.
- Je suis désolée, je vous ai énormément déçus, tous les deux. Le père… eh bien, je ne sais pas où il est. Il m’a quittée dès je lui ai annoncé que j’étais enceinte. J’ai paniqué et j’ai pensé que Jordan était le père.
Marine ignora sa nièce. Elle se retourna vers Jordan et prit un ton désemparé.
- Quant à toi, je ne cautionne pas ta trahison envers moi, envers nous tous. Tu te rends compte de l’embarras dans lequel tu me mets ? Coucher avec l’ennemi principal, avec un homme, avec le Premier ministre. Tu devrais avoir honte. J’hésite sérieusement à te renvoyer.
Jordan attendait, les bras croisés sur sa poitrine, impassible, la fin de son laïus. Marin cru voir une forme de faiblesse et explosa.
- Tu pensais réellement qu’il n’y aurait pas de conséquences à tes actes ? Tu n’as donc rien à dire ?
- Non, je n’ai rien à dire. Parce que tu n’as aucun droit d’intervenir dans ma vie privée. Tu ne peux pas me virer parce que j’aime un homme ; ce serait du licenciement abusif. De plus, dois-je te rappeler que sans moi, ce parti n’est plus rien ? Tu perdras les législatives tout comme tu n’accèdera jamais à la présidentielle sans moi. Alors vire-moi si cela te chante. Actuellement, je suis un homme comblé. J’ai trouvé quelqu’un sur qui compter, nous nous soutenons mutuellement. Partis différents ou pas, ce n’est pas cela qui fait notre force, mais juste l’amour que nous nous portons et notre vision du couple.
Jordan se retourna vers Gaby, qui le regardait plus amoureux que jamais. Toutes les pensées intrusives et les doutes envers Jordan s’évaporèrent.
- Tu ne m’empêcheras d’épouser l’homme que j’aime.
Marine resta bouche bée. Son visage était marqué par un mélange de tristesse, de rage et d’embarras. Elle prit violemment le bras de sa nièce et sortirent du bâtiment en silence.
Jordan se sentit vaseux et s’assit un instant.
- Je ne me sens pas très bien…
- Jordan ! Ta blessure ! Tu saignes !
Gaby appela immédiatement à l’aide à travers les couloirs de l’hôpital. Jordan fut rapidement emmené aux urgences. Gaby resta dans le couloir. Rongé par le stress, il finit par appeler Manu, qui avait toujours été son confident et un soutien indéfectible malgré les hauts et les bas. Il lui expliqua en quelques mots ce qui s’était passé et exprima son inquiétude quant à l’état de Jordan et sa peur de le perdre. Inconsolable au téléphone, Manu décida de venir le rejoindre pour qu’il ne reste pas seul en attendant les nouvelles des médecins.
Les deux hommes attendirent quelques heures. Puis le médecin vint les voir. Gaby se leva d’un bond, cherchant dans son regard une lueur d’espoir. Le médecin, sensible, lui fit un sourire réconfortant.
- Ne vous inquiétez pas, il s’agit juste de quelques points de suture qui ont sautés à cause des événements éprouvants de la journée. J’aimerais que vous veniez avec moi ; j’ai quelques instructions à vous donner pendant que je le recouds, votre ami n’est pas des plus compréhensifs.
Gaby se tourna vers Manu, qui lui fit un sourire bienveillant et encourageant. Il suivit le médecin à l’écart.
- La blessure de Monsieur Bardella reste importante. Le stress d’aujourd’hui a, par chance, seulement rouvert sa plaie. Mais la cicatrisation doit se faire dans les meilleures conditions possibles. Je le mets donc en arrête pour une semaine. Si ce n’est pas possible, un minimum 3 jours, mais il ne doit faire aucun effort, c’est-à-dire : pas de sport, pas de relations sexuelles.
- Ah…je comprends mieux pourquoi il ne voulait pas vous écouter, ricana-t-il, mal à l’aise, en rougissant.
Jordan sortie de la salle quelques minutes plus tard. Surpris de voir Manu, il eut un mouvement de colère. Gaby le regarda sévèrement.
- J’étais inquiet et il est venu m’apporter son soutien, calme-toi s’il te plaît.
Jordan lui serra la main de manière sympathique et le remercia, laissant un instant leur rancune derrière eux. Manu regarda le couple.
- Je vais vous laisser, la journée a été longue pour tout le monde. Je tiens juste à vous rappeler qu’il va falloir officialiser votre relation dès demain matin. Gaby, prends quelques jours pour te repose ; tu es exténué. Valérie prendra le relais pour les élections.
Les deux jeunes acquiescèrent. Manu sortit, suivi des deux tourtereaux.
Ils prirent un taxi jusqu’au domicile de Gaby. Une foule de journalistes les attendait, prêts à connaître le fin mot de l’histoire rocambolesque de la journée.
- Messieurs, quelle est votre relation ?
Gaby poussa Jordan à l’intérieur pour le protéger des bousculades. Il fit face aux journalistes.
- Nous tiendrons une conférence demain matin à Matignon afin de vous tenir au courant de la situation. D’ici là, nous ne répondrons à aucune question. Veuillez nous laisser tranquilles et ne plus venir à notre domicile privé.

Et si on reprenait au début Où les histoires vivent. Découvrez maintenant