confrontation surprise

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Les deux garçons avancèrent en silence le long du couloir, tête baissée, se préparant au pire, essayant de trouver une explication potentielle à donner au chef de l’État. Jordan s’arrêta devant la porte.
- Pourquoi tu t’arrêtes ?
Jordan regarda Gaby avec des yeux brûlants d’espoir et d’amour.
- Je veux que tu saches que quoi qu’ils nous disent, rien ne pourra changer ce que je ressens pour toi et que je maintiens ma proposition d’hier soir.
Gaby le regarda intensément, sa sincérité lui alla droit au cœur.
- Rien ne pourra me faire changer d’avis. Nous formons une équipe, battons-nous ensemble.
Ils arrivèrent devant le bureau du Secrétaire d’État qui les accueillit d’un air glacial. Gabriel fut le premier à être convoqué. Ils se lancèrent un dernier regard complice avant qu’il n’entre dans le bureau d’Emmanuel.
Il eut à peine le temps de fermer la porte que l’homme hurla à travers la pièce.
- Tu te rends compte de la gravité de la situation dans laquelle tu nous as mis ?!
Gabriel fit face à Emmanuel, le dévisageant. Son regard était noir, les traits tirés.
- Tu sais, j’avais de beaux projets pour toi. Je voulais te laisser te présenter à la prochaine présidentielle, tu aurais eu les épaules pour cette fonction, continua-t-il. Le son de sa voix était plus calme, on pouvait percevoir un mélange de tristesse et de colère.
- Et maintenant ? Qui va nous prendre au sérieux ? Je te considérais comme un frère, je me sens tellement trahi. J’hésite sérieusement à te démettre de tes fonctions sur-le-champ.
Emmanuel s’arrêta un instant. Il regarda Gabriel, resté là, à quelques mètres de lui, comme scotché au parquet, le regard vide, les yeux creusés par la fatigue accumulée de ces derniers mois, remarquant que maintenant que cet homme, qui travaillait d’arrache-pied pour lui, se sacrifiant pour lui, n’était plus que l’ombre de lui-même.
- Gabriel, donne-moi une explication, dis quelque chose, dis-moi que Bardella et toi n’êtes que des amis et rien d’autre, malgré les réseaux sociaux qui crient l’inverse.
Gabriel cherchait ses mots, mais rien ne sortit. Tout ce qui s’était passé lui revint en tête :  chaque conversation, chaque mot, chaque sourire, chaque regard.
Emmanuel, voyant que Gabriel ne lui répondait pas, éclata :
- Putain, mais Gabriel, ce n’est pas compliqué ! Sois tu couches avec l’ennemi et je te vire, soit tu romps avec Jordan, ce qui permettrait d’éviter un scandale médiatique et protégerait vos réputations et celles de vos deux partis.
Gabriel prit une grande inspiration, rassemblant toutes ses forces.
- Emmanuel, tu ne peux pas me demander de faire un tel choix. L’amour ne se contrôle pas, ne se choisit pas. Le quitter me déchirerait le cœur, encore une fois. L’histoire avec Stéphane…je l’aimais mais…Des larmes ruisselaient le long de ses joues.
Dans un élan surhumain, Gaby se redressa, se calma un instant avant de reprendre d’une voix étouffée.
- Jordan, lui, est différent. C’est le seul qui m’ait montré ce qu’est le véritable amour, le côté magnifique d’une relation, que chaque instant passé ensemble n’est que pur bonheur, qu’il m’est enfin possible d’aimer pleinement et que l’on puisse m’aimer tel que je suis. À ses derniers mots, il s’écroula à terre. Toute la pression s’échappa, larmes après larmes.
Manu regarda la scène. Une partie de lui voulait le rassurer, le serrer dans ses bras, lui dire que tout allait bien se passer. Mais la colère qu’il avait intériorisée depuis ces quelques heures eut le dessus.
- Très bien, j’ai compris ton choix, tu préfères sacrifier ton poste à cette amourette. Tu ne me laisse pas le choix, tu es vi…
La porte s’ouvrit dans un immense fracas. Jordan se précipita à l’intérieur de la pièce.
- Tu n’auras pas à le virer, s’exclama Jordan.
Gabriel regarda l’homme qui venait de faire irruption dans le bureau. Jordan s’approcha de lui et l’aida à se relever.
- Monsieur Bardella, je vous ai demandé d’attendre dans le coul…, cria Manu.
- Non ! Maintenant tu la fermes ! cria-t-il, fou de rage. Il s’approcha du bureau et posa violement ses mains sur l’imposant meuble en chêne, plongeant son regard dans celui de Manu.
- Vous pensez que notre relation n’est qu’éphémère. Vous pensez réellement que je coucherais avec un homme juste pour le fun, que je me mettrais le RN sur le dos par pur plaisir ? Et qu’en est-il du scandale provoqué par votre relation avec Brigitte ? Si, pour vous, notre relation n’est pas sérieuse, alors il ne me reste plus qu’une seule chose à faire.
Jordan se calma un instant, puis fit face à Gaby.
Il le regarda intensément et il lui fit un grand sourire. Il prit une grande inspiration, ses mains commencèrent à légèrement trembler.
- Je voulais attendre la fin des élections, de prendre le temps de bien faire les choses pour toi, mais j’ai décidé de faire ce choix un peu fou aujourd’hui…
Jordan glissa sa main gauche dans la poche sa veste et posa un genou à terre. Il en sortit une petite boîte bleue.
- Gaby, je sais que tout va très vite entre nous, mais notre discussion d’hier, ma proposition, tes paroles à cet instant. Je veux que tu saches que cette décision, je ne la prends pas à la légère. Tout m’est apparu comme une évidence lorsque tu as disparu cette nuit-là, cette même nuit où j’ai su que tu étais l’homme de ma vie, que nous étions faits l’un pour l’autre, que je veux te rendre heureux et plus fort.
Jordan reprit son souffle, son cœur battait fort et résonnait dans ses tympans.
- Gabriel Nissim Attal, souhaites-tu faire de moi l’homme le plus heureux du monde ? Est-ce que tu veux m’épouser ?
Jordan ouvrit la boîte, où était logée en son centre une magnifique bague en or avec de petits diamants incrustés tout autour. Gaby était sous le choc de cette demande, cachant sa bouche avec ses mains, puis repensa à ces quelques jours passés ensemble, les rires, les pleurs, tous ces petits moments qui ont su forger leur relation. À ces pensées, des larmes de joie coulèrent le long de ses pommettes. Il regarda Jordan, se calma l’espace d’un instant.
- Même si je devais me faire virer, je préférais mille fois cela plutôt que de ne pas pouvoir t’épouser.
Jordan prit la main droite de Gaby, lui glissant délicatement l’anneau à son annulaire. Il se releva et lui fit un tendre baiser, heureux de pouvoir sceller cette union par cette promesse.
Ils se retournèrent, faisant face à Manu, qui avait été rejoint par Brigitte, alertée par les cris de son mari. Ils ne cachèrent pas leurs émotions face aux déclarations des deux hommes.
- Et maintenant ? Vous nous prenez au sérieux ou trouvez-vous quelque chose à redire à propos de notre union ?
- Je n’ai pas de raison à m’opposer à ce mariage. Cependant, afin de taire certaines rumeurs et calmer les journalistes, il vous faudra l’annoncer à la presse. Cela nous empêchera de nous décrédibiliser face aux Français.
Il se tourna vers Gaby, son regard s’était assoupli et devint compatissant à ces quelques mots.
- Gabriel, je tenais à te présenter des excuses, cette histoire avec Stéphane… J’ai été aveuglé par le travail et je ne voyais pas que tu souffrais, si j’avais su, je t’aurais aidé. Je n’aurais jamais dû juger votre relation, je ne suis pas le mieux placé pour critiquer vos choix, hein Brigitte ?
Il regarda son épouse affectueusement. Brigitte acquiesça en lui faisant un large sourire.
- Enfin bref, conclut Manu, je vous félicite tous les deux…
- Non, ce mariage ne se fera pas !
Marine déboula dans le bureau, d’un pas lourd et décidé qui fit trembler le sol.
- Tu me fais honte, Jordan. C’est comme ça que tu nous remercies après qu’on a passé plus de 10 ans ensemble, 10 ans où j’ai passé mon temps à te former, à faire de toi l’homme que tu es devenu aujourd’hui. Tu me brises le cœur, Jordan.
Elle marqua une pause et changea d’expression, un sourire malsain se dessinant sur ses lèvres.
- Et puis, tu ne peux pas te marier, pour une seule et bonne raison.
- Ah oui, laquelle ? Je ne vois pas ce qui pourrait m’empêcher de l’épouser.

Et si on reprenait au début Où les histoires vivent. Découvrez maintenant