folie machiavélique

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Nolwenn les avait conduits dans une zone d’anciens bureaux connus pour ses parcours d’urbex. L’endroit, désert et délabré, offrait un terrain de jeu macabre pour ses sombres intentions. Toujours en colère, elle tentait de la passer ses nerfs sur Marine en la fouettant, tandis que Jordan, attaché à une chaise, observait impuissant.
- Pourquoi on est venu ici ? demanda Jordan, tentant de garder une voix calme malgré la terreur qui le rongeait.
- C’est grand, si la police débarque, j’aurais le temps de m’enfuir après d’avoir descendus, répondit Nolwenn avec un sourire sadique.
- C’est quoi ton plan ? continua-t-il, essayant de gagner du temps.
- Ah, tu veux savoir ? Je vais te jouer la scène. Ton petit ami va débarquer, je vais le faire se prosterner devant moi, avant de le torturé un peu sous tes yeux. Et puis, enfin, je vais lui offrir en spectacle ta mort juste avant la sienne. On va bien rigoler.
- Pourquoi tu veux t’en prendre à lui ? C’est moi qui t’ai abandonnée.
- Pour que tu ressentes la même douleur que lorsque j’ai perdu mon enfant. Je veux que tu ressentes la douleur de perdre l’être que tu aimes plus que tout, la douleur de se retrouver seul.
Jordan voulut rétorquer, mais Nolwenn, fatiguée de l’entendre, le bâillonna. Au loin on entendit une portière se refermer. Quelques instants plus tard, Gabriel arriva dans la pièce, son visage déterminé malgré la peur visible sans ses yeux. Jordan voulut hurler à Gaby se s’enfuir, mais seuls des larmes qui coulèrent sur ses joues.
- Te voilà enfin, tu en as mis du temps, lança Nolwenn d’un ton moqueur.
- Je suis là, c’est moi que tu voulais. Alors relâche-les immédiatement.
La jeune femme éclata de rire, pointant son arme sur Gaby
- Tu as cru que ce serait aussi facile ? Vu que tu as suivis mes instructions comme un gentil petit toutou, tu vas devenir ma chienne ! Alors maintenant, à genou et prosterne-toi et excuse-toi pour la perte de mon enfant.
Gaby s’exécuta sans un mot, ses yeux fixées sur Jordan, essayant de lui envoyer du courage à travers son regard.
- Voilà, c’est bien, tu comprends rapidement, se moqua Nolwenn. Elle s’approcha et lui marcha sur les mains. Gaby serra les dents, la douleur intense lui arrachant des larmes. Elle attrapa son visage et le gifla encore en encore. Jordan, sous les cris incessants de Gabriel, rassembla toutes ses forces pour tenter de se lever, mais retomba immédiatement, ses liens le lacérant.
Nolwenn, alertée par le vacarme de Jordan, se retourna brusquement, le pistolet pointé sur lui. Gabriel, pris de panique, fit un geste brusque. Elle tourna l’arme vers lui et une détonation retentit. La balle passa par la tête, le corps sans vie étaient allongée au sol, se vidant de son sang.
Gabriel, à terre, les oreilles sifflant encore par l’impact de la balle, n’osait pas regarder le spectacle qui se jouait en face de lui. Il était couvert de sang et de fragments de cervelle. Peu à peu, il reprit ses esprits. Les forces de l’ordre lui parlaient, mais il ne comprenait pas comme s’il était dans un autre monde. Ses sens revinrent lentement, et il vit à ses cotés le corps de Nolwenn. Les policiers constatèrent sa mort et lui fermèrent les yeux. D’autres se chargèrent se libérer Jordan et Marine. Quand Gabriel vit Jordan, toute la pression retomba. Son corps ne le supporta pas et il tomba dans les pommes.
Ils sortirent du bâtiment sous une pluie de flashs, des journalistes les filmant et prenant des photos, tentant de savoir ce qu’il s’était passé. Ils furent amenés à l’hôpital, Marine était déshydraté avec une légère commotion et des blessures non vitales ; elle put sortir rapidement pour retourner chez elle.
Les blessures de Jordan étaient plus profondes. Ses liens lui avaient entaillé les mains et les chevilles, et une de ses pommettes avait été largement ouverte dû à un coup de crosse. Il dut se faire recoudre. Quant à Gabriel, une de ses mains était cassée et il avait une légère blessure à l’épaule causée par un éclat de balle. Tous deux purent rentrer chez eux dans la soirée. Gabriel n’avait toujours rien dit depuis leur départ de l’hôpital. Les médecins avaient assuré à Jordan qu’il était encore sous le choc et que cela pouvait prendre quelques heures voir quelques jours avant qu’il ne reparle.
Ils furent la une des journaux du soir avec des gros titres affichants « Le baiser de la Mort ». On y voyait des images de Gabriel sur une civière recouvert du sang de Nolwenn.
- Gaby, écoute, il faut que tu parles. Tu ne vas pas bien et je ne vais pas bien non plus. Ce que nous avons vécu est atroce, mais on doit en parler.
Gabriel avait le regard vide, n’entendant rien, comme s’il était seul face à ces images qui le hantaient. Jordan s’avança vers lui et l’embrassa tendrement, puis le prit dans ses bras, en le serrant fort. Comme un déclic, Gabriel relâcha la pression et se mit à pleurer.
- J’ai eu…tellement peur, Jordan… tellement peur de te perdre encore une fois…
- Je sais, je sais, mais je suis là. Nous sommes là ensemble.
Jordan caressait frénétiquement ses cheveux.
- C’est fini. Elle n’est plus là, elle ne pourra plus nous faire de mal. C’est fini.
Pendant les jours qui suivirent, Gabriel n’arrêtait pas de faire des cauchemars, se réveillant en plein nuit en hurlant, fiévreux, en nage, et pleurant. Le seul moyen de le rassurer était que Jordan le prenne dans ces bras. Jordan avait décider de travailler depuis la maison, annulant tous ces rendez-vous extérieurs. Il lui était impossible de laisser Gaby seul, encore trop fragilisé.

Et si on reprenait au début Où les histoires vivent. Découvrez maintenant