la nuit porte conseil

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Il fondit en larme dans les bras de sa sœur. Noémie le serra contre elle, lui caressant les cheveux pour le réconforter.
- Ça va aller, Gaby. Jordan t’aime aussi, ça se voit. Il a juste besoin de temps pour digérer tout ça. Je suis sûre qu’il ne t’abandonnera pas, je te le promets.
Fanny et Iris, qui avait observés la scène depuis la salle à manger, s’approchèrent également et posèrent une main réconfortante sur l’épaule de Gaby. Marie, restée à l’écart, réalisa l’impact de ses paroles. Elle se leva et s’approcha de son fils.
- Ça va mon chéri ?
- Tu me demandes réellement si je vais bien ? Mon fiancé vient de partir, je ne sais pas s’il va revenir et tout ça à cause de toi et tu me demandes si je vais bien ?
Gabriel fit face à sa mère, les larmes coulant violemment sur ses joues rouges de colère.
- Écoute Gaby, je ne veux que le meilleur pour toi, tu as déjà tellement souffert…
- Mais je souffre, maman ! Je souffre que tu t’en prennes à lui. J’étais pleinement heureux, on avait besoin de rien de plus et tu es venue tout gâché. S’il ne revient pas, je ne sais pas si je te le pardonnerai.
Gabriel se détacha de l’étreinte de ses sœurs et partit s’enfermer dans sa chambre. Des heures passèrent et il n’avait toujours pas reçu de message de Jordan. « Et s’il lui était arrivé quelque chose, » pensa Gaby. La pluie tombait de plus en plus fort et le vent venait s’écraser violemment sur la bâtisse, créant des courants d’air. Au loin, les arbres tentaient de résister, des branches se cassaient sous la pression. Inquiet, Gaby composa le numéro de Jordan.
- Allez, Jordan, réponds.
- Bonjour, vous êtes bien sur la boîte vocale de « J.B. » veuillez laisser un message après le bip…
Jordan, de son côté, roulait sans réelle destination. Il arrêta finalement la voiture près d’une plage. La pluie était devenue trop forte pour reprendre la route. Il repensa à ce dîner « Je me suis peut-être un peu trop emporter, j’ai quand même crié sur sa mère »
Jordan se pencha sur son volant, regardant les gouttes déferler sur le pare-brise.
- Elle n’avait pas totalement tort. J’ai été nul, je n’ai pas été à la hauteur avec Gaby.
Jordan desserra sa cravate, espérant soulager la pression sur son cou, mais la chaleur étouffante qui envahissait la voiture restait oppressante, rendant l'air de plus en plus irrespirable.
- Est-ce que Gaby me pardonnera d’avoir haussé le ton envers sa mère ? Est-ce qu’il m’en veut de ne pas avoir fait une vraie demande en mariage ?
Jordan n’en pouvait plus, il craqua. Des larmes, retenues depuis trop longtemps, coulèrent sur ses joues. La pression de ces derniers jours s’évaporait peu à peu. Il se calma et prit son téléphone. « Plus de batterie ». Il avait de plus en plus de peine à respirer.
- Il me faut de l’air, il faut que je sorte de cette voiture.
Il ouvrit difficilement la portière puis sortit précipitamment de la voiture à la recherche d’air. Ne se souciant pas de la pluie qui tombait, il regardait au large de la mer qui lui faisait face. Il resta là, ses larmes se mélangeant aux gouttes qui fouettaient son visage.
Soudain, un énorme fracas se fit entendre.
Gaby tournait en rond dans sa chambre, son anxiété grandissant de minutes en minutes. Cela faisait 5 heures que Jordan n’avait pas donné signe de vie. Le jeune Premier ministre appela une dernière fois, sans succès, tombant directement sur la messagerie.
- Je n’en peux plus, je suis sûr qu’il lui est arrivé quelque chose. Ce n’est pas son genre de ne pas laisser de nouvelles.
Le garçon attrapa sa veste et se précipita vers la porte d’entrée. Iris l’arrêta de justesse.
- Gab, où vas-tu ? Tu as vu le temps qu’il fait dehors.
- Il faut que j’y aille, ce n’est pas normal qu’il ne réponde pas. Je suis sûr qu’il lui est arrivé quelque chose.
- Ressaisis-toi, tu ne peux pas y aller, et puis Jordan est intelligeant, il s’est surement abrité de la pluie  quelque part. La tempête est si forte que le réseau a peut-être été coupé ou il n’a plus de batterie.
Il regarda sa sœur tendrement et lui posa un bisou sur le front.
- Tu as peut-être raison, désolé. Je suis tellement préoccupé que j’en oublie d’être raisonnable. Mais si demain, je n’ai pas de nouvelles, je pars à sa recherche.
Jordan était à terre, entouré de verre. Il ouvrit les yeux et regarda ses mains ensanglantées par les bris de verre. Son corps refusait de bouger, encore sous le choc de la scène qui se jouait devant ses yeux. Un arbre s’était écrasé sur la voiture, les fenêtres avaient éclaté sous l’effet du choc. La voiture était bonne pour la casse, comme si on lui avait envoyer un signe qu’il ne devait pas rentrer chez lui. Il marcha durant des heures sous la pluie, le vent manquant de le faire vacillé à tout moment.
Au petit matin, on sonna à la porte. Gaby se précipita pour ouvrir et sauta au cou de Jordan en le voyant. L’embrassant de tout son être, oubliant l’allure qu’il avait et le sang qui était sur ses habits.
- Tu étais où, je me suis fait un sang d’encre. Pourquoi tu es trempé ? Où est ta voiture.
- Vas-y doucement s’il te plaît, j’ai encore un peu mal aux épaules et aux mains.
Gaby recula et réalisa dans quel état était son fiancé.
- Mon dieu, mais qu’est ce qui t’es arrivé ? Rentre, je vais te soigner et tu vas tout m’expliquer
Jordan entra, Gaby l’emmena dans leur chambre. Jordan se débarrassa de ses habits et alla prendre une bonne douche chaude. Gaby pensa les petites blessures que Jordan avait aux mains. Puis ils s’installèrent sur le lit. Jordan regarda Gaby avec une mine triste.
- Je suis désolé d’être parti comme ça, j’avais besoin de réfléchir, alors j’ai roulé sans vraiment savoir où j'allait. Je me suis retrouvé sur cette plage et j’ai commencé à faire une crise d’angoisse. J’ai voulu t’appeler, mais…
Jordan haletait, des gouttes de sueur perlant sur son front.
- Calme-toi, reprends-toi, tout va bien, tu es en sécurité ici.

Et si on reprenait au début Où les histoires vivent. Découvrez maintenant