Et si on reprenait au début

soulagement

Jordan reprit sa respiration et se calma avant de continuer.
- Quand j’ai voulu t’appeler, mon téléphone n’avait plus de batterie et j’ai commencé à étouffer dans la voiture, alors je suis sorti, et un arbre est venu s’abattre sur le siège conducteur. J’ai failli y rester à quelques secondes près.
Jordan pleura, et Gaby le prit dans ses bras, le réconfortant.
- Puis finalement, je me suis dit que l’univers me donnait un avertissement alors je suis revenu ici en marchant sous la pluie.
- Tu es courageux Jordan. Je suis désolé que tu sois parti, je suis désolé de ce qui t’es arrivé. J’aurais dû te retenir. Je comprendrais que tu veuilles rompre nos fiançailles. Tu as failli y rester deux fois depuis qu’on est ensemble, je te porte la poisse.
- Qu’est-ce que tu racontes ? Bien sûr que non, je ne veux pas rompre avec toi. Je t’aime, Gabriel, et je me battrai pour toi coûte que coûte. D’ailleurs, je dois régler les choses avec ta mère, je ne veux lui prouver que je suis une bonne personne pour toi.
Ils s’embrassèrent tendrement, heureux de pouvoir s’enlacer à nouveau.
Gaby laissa Jordan dormir, il en avait bien besoin. Il alla aider à préparer le petit déjeuner avec ses sœurs. La maison était animée par le bruit des casseroles et le rire des enfants, mais l’esprit de Gaby restait préoccupé.
Jordan se réveilla peu de temps après. Il descendit et alla dans le salon. À sa vue, sa belle-mère baissa son regard, et une expression de malaise s’installa dans la pièce.
- Jordan, je suis désolé pour ce que je t’ai dit hier soir. Tu sais, depuis le décès de mon mari, j’ai pris le rôle de matriarche, je m’inquiète du bonheur de mes enfants. Tu m’as l’air d’être un bon garçon, mais avec tout ce qui s’est passé avec Stéphane…
- Je comprends votre inquiétude. À vrai dire, je voulais discuter un peu avec vous en privé. Je pense que nous avons besoin de nous comprendre et de nous rassurer l’un l’autre.
Ils sortirent dans l’immense Jardin, la rosée du matin était présente, un vent léger soufflait, balayant le reste de pluie. Ils firent le tour de la maison, à l’abri des regards.
- Madame, je…
- Appelle-moi Marie.
- Très bien, Marie. Vous savez, cette nuit, j’ai beaucoup réfléchi et vous aviez raison. Gabriel mérite une demande de mariage à la hauteur de ses espérances. Malheureusement, les derniers évènements ont tous fait capoter, ce n’est pas ce que j’avais prévu. Par contre, rien ne m’empêche d’en refaire une dans de meilleures conditions. Je n’ai encore rien annulé et la demande devait se faire dans la région, demain. Mais j’aimerais juste changer un détail. Je sais à quel point la famille est tout pour Gaby, alors je voudrais vous demander votre bénédiction et vous inviter à assister la vraie demande en mariage.
Marie s’arrêta, touchée par les paroles de Jordan. Elle le regarda avec une nouvelle appréciation.
- Jordan, je vois à quel point tu tiens à mon fils. Tu as ma bénédiction. Et bien sûr, nous serons tous là pour assister à ce moment spécial. Comment vois-tu les choses ? Qu’est-ce que tu veux que nous fassions ?
- Merci infiniment. Je suis heureux qui vous acceptiez. Pour qu’il ne se doute de rien, je vais lui dire que j’ai un rendez-vous très important qui s’est ajouté à mon agenda. De votre côté, il faudra lui dire que vous avez une surprise pour lui et l’emmener à l’adresse que je vous communiquerai, les yeux bandés.
- Ça m’a l’air d’être un bon plan. Attends-moi ici, je veux te donner quelque chose.
Marie entra dans la maison et en ressortit en quelques minutes avec une petite boîte et un album.
- Rien ne t’oblige à l’accepter, mais voici la bague de sa grand-mère. Il la trouvait magnifique.
Marie ouvrit la boîte et Jordan découvrit une bague en argent ornée de gravures délicates et des petits diamants incrustés.
- Ouah, je comprends pourquoi il l’aime autant. Ce serait un honneur de le lui remettre demain. Et le livre, c’est quoi ?
- C’est un livre que Gaby a écrit quand il est devenu majeur. Dedans, il y a toutes les idées qu’ils avaient eu pour son mariage. Il ne l’a jamais montré à Stéphane, pensant que cela ne l’intéresserait sûrement pas, pensant que ces idées étaient celles d’un gamin. Mais vous semblez tellement bien ensemble et sur la même longueur d’onde que je me disais qu’il était important que je te le montre.
Marie prit Jordan dans ses bras et versa quelques larmes.
- Merci… merci vraiment d’être si gentil, si adorable, si parfait avec Gaby. Je n’arrive toujours pas à réaliser que mon petit va se marier.
- C’est moi qui devrais vous remercier. Vous avez élevé un homme magnifique, pleins de cœur et d’humour. Sans lui, je ne serais pas ici et je ne serais pas si heureux dans ma vie. Gaby c’est mon rayon de soleil.
Les deux confidents rentrèrent et rejoignirent les autres. La journée était magnifique, rythmée par des jeux de société. Jordan se montrait plus stratège que Gaby sur certains jeux, tandis que d’autres, demandant plus de réflexion, voyaient Gaby le battait à plate couture. Toute la famille rigolait, assistant en direct à un débat animés entre les deux amoureux ponctués de « Monsieur le professeur » « Tu racontes n’importe quoi » ou encore par « On ne va pas refaire le débat de l’autre soir » mais finissant toujours par des rires.
Le soir venu, l’atmosphère était au beau fixe. Tous dormaient déjà. Gaby avait profité de la tranquillité pour prendre une douche. Il était dans la salle de bain, une serviette autour de la taille, en train de suivre sa skincare pour une peau parfaite. Jordan, allongé sur le lit, lisait quelques documents pour son parti.
- Dis-moi, qu’est-ce que tu as dit à ma mère pour qu’elle change d’attitude si vite ?
- Rien de spécial, je lui ai dit à quel point je t’aime et que tu comptes beaucoup pour moi, mais je pense que de son côté, elle a aussi réfléchi à la situation.
Gaby sentit la présence de son fiancé derrière lui. Jordan glissa doucement ses mains le long de sa peau, le frôlant délicatement avant de l'enlacer tendrement, posant sa tête dans son cou et inhalant l’odeur enivrante de son bien-aimé. Gaby se détendit sous ce contact réconfortant.