fin alternative pour ceux qui veulent pleurer

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Les deux hommes restèrent allongés sur la plage un long moment, contemplant le ciel étoilé. Une légère brise nocturne caressait leur peau, apportant avec elle un souffle de fraîcheur et une sensation de paix profonde. Le murmure des vagues en arrière-plan semblait accompagner leur tranquillité, les berçant dans un bonheur silencieux et partagé. Le lendemain, de retour à Paris, ils profitèrent de leur journée libre avant de reprendre le travail. Ils se précipitèrent vers la maison familiale pour retrouver leurs proches. Gaby appuya sur la sonnette avec impatience et, lorsqu'il entendit la voix familière de sa mère, il s'exclama :
- Coucou maman, c’est nous, nous sommes rentrés !
Il enlaça sa mère avec une tendresse débordante, la serrant contre lui avec une chaleur palpable. Marie, les yeux pétillants d'émotion, le regarda avec amour :
- Ah, mes amours, comment s’est passé votre voyage ? Vous avez l’air de vous être bien amusés, d’après ce que j’ai vu dans les journaux. Vous avez été des petits coquins !
Elle lança un regard malicieux à Jordan, qui rougit légèrement sous le regard espiègle de Marie. Pour éviter d’en dire trop, Gaby tenta de détourner la conversation :
- Niki n’est pas là ?
- Il est chez Raphaël. Venez, installez-vous et racontez-moi tout !
Autour d’une tasse de café fumant, les deux jeunes hommes se mirent à narrer leurs aventures avec enthousiasme, chaque détail de leurs explorations ajoutant à l'excitation du récit.
Après quelques minutes, Gaby se tourna vers sa mère avec un regard sérieux, mais plein d’espoir :
- En fait, nous avons une annonce à te faire. Jordan et moi avons beaucoup discuté et nous aimerions lancer les démarches pour adopter.
Marie, stupéfaite, ouvrit de grands yeux et porta ses mains à sa bouche, émue jusqu’aux larmes. Elle sauta au cou des deux hommes, les larmes de joie roulant sur ses joues.
- Félicitations ! Oh mon dieu, je vais être grand-mère !
Les mois passèrent, la procédure d’adoption s’étirant plus longtemps que prévu. Chaque nouvelle déception était un coup dur, mais ils restaient déterminés. Une année plus tard, Jordan reçut un appel inattendu.
- Monsieur Bardella ?
- Oui ?
- Nous avons une opportunité d’adoption pour vous et votre mari, mais la situation est un peu délicate. Pourriez-vous venir aujourd’hui pour en discuter de vive voix ?
- Bien sûr, nous viendrons vers 16 heures.
L’attente fut nerveuse et angoissante. Ils redoutaient de nouvelles déceptions tout en espérant un signe positif. Lorsqu'ils arrivèrent au bureau de l’assistante, leur anxiété était palpable.
- Merci de vous être déplacés, Messieurs. La situation est délicate. Les parents biologiques des enfants sont décédés dans un accident de voiture. La mère était enceinte, et par chance, les secours ont pu faire naître les bébés à temps. Ce sont des jumeaux, Lyloo et Amadeo, âgés de quelques mois. Ils sont en parfaite santé, mais les médecins déconseillent de les séparer.
Le cœur battant, Jordan demanda :
- Est-ce qu’on peut aller les voir ?
L’assistante les conduisit à travers un couloir lumineux jusqu’à une salle où reposaient les jumeaux. Lyloo et Amadeo, avec leurs petits sourires adorables, attirèrent immédiatement leur attention. La vision des deux bébés, aussi fragiles que précieux, fit fondre leur anxiété en une vague de tendresse. Après une discussion prolongée, ils prirent la décision d’adopter les jumeaux. Le temps sembla filer à une vitesse folle, et en un éclair, les enfants avaient déjà trois ans. Les jumeaux, inséparables et plein de vie, mettaient leurs pères à l’épreuve avec leurs frasques incessantes, transformant chaque jour en une nouvelle aventure.
La famille était constamment sous les projecteurs, saluée pour leur amour et leur dévouement. Le jour de l’anniversaire des jumeaux, alors qu’ils soufflaient leurs bougies avec des sourires radieux, Gaby entendit une voix familière l’appeler.
…papou Gaby…papou Gabyyyy…
Gabriel ouvrit les yeux, attiré par une voix douce et tremblantes. Devant lui se tenait une petite fille avec des cheveux dorées et des yeux pleins d'inquiétude. Ses petites mains agrippaient les draps, le secouant.
- Papou on va être en retard. Maman a dit qu’on devait aller voir papou Jordy.
Les larmes commençaient à briller dans les yeux de Gaby, coulant lentement le long de ses joues, marquant le début d’une douleur poignante.
- Mamannnnn papou Gabyyy, il pleure !
Lyloo, les larmes coulant maintenant sur ses joues, s'approcha de Gaby et l'enlaça tendrement, comme pour lui transmettre un peu de réconfort.
- Ça va aller papa, je sais que c’est dur, Es-tu sûr de vouloir aller à l’enterrement.
Gaby regarda sa fille avec une tendresse infinie. Ses yeux reflétaient la profondeur de ses sentiments, mêlés à une douleur immense.
- Tu sais, chérie, je viens de rêver de notre histoire avec ton père, comme si nous étions revenus au début, revivant chaque moment précieux. Malgré tous les obstacles, tout ce que nous avons traversé, nous n’avons jamais cessé de nous aimer. Je… je ne peux pas le laisser partir sans moi. Je dois lui dire un dernier adieu.
Lyloo, touchée par les mots de son père, se mit à pleurer à son tour, se blottissant contre lui pour partager sa douleur. Tu as raison papa, vos nous avez montré l’exemple parfait de l’amour avec papa.
Une heure plus tard, Gaby se retrouva devant le cercueil de Jordan. Le visage de son mari, reposé et serein, semblait paisible comme s'il était simplement endormi. La vieillesse n’avait pas altéré sa beauté, et dans ce moment de tristesse, Gaby trouva une ultime beauté à contempler.
Gaby se pencha doucement, posant ses lèvres sur celles de Jordan dans un dernier baiser empreint de douceur et de dévotion. Puis, prenant la main froide de son mari dans la sienne, il murmura avec une émotion palpable :
- Je t’ai aimé, je t’aime, et je t’aimerai toujours. Attends-moi, mon amour. Je te rejoindrai, et ensemble, nous resterons ensemble pour l’éternité.
Se redressant, Gaby se dirigea vers le pupitre, ses pas pesant de chagrin mais aussi de détermination. Face à l’assemblée, il parla avec une voix tremblante mais claire :
- Lorsque j'ai rencontré Jordan, j'avais 35 ans et lui en avait 28. Aujourd'hui, j'ai 90 ans et lui 83. Nous avons partagé 55 années d'amour, amoureux comme au premier jour, jamais notre amour n’a faibli. C’est pour cela que je suis convaincu que nous nous retrouverons. Nous avons vécu ensemble des moments merveilleux, tout comme des épreuves tragiques. Nous avons élevé deux enfants magnifiques, nous les avons vus grandir, suivre nos traces. Notre vie a été un voyage de bonheur, de joie et de rires. Merci, Jordan, pour cette vie extraordinaire. Repose en paix, et attends-moi.
Les mots de Gaby résonnèrent dans la salle, une vague d'émotion envahissant l'assemblée. Les larmes coulaient sur les visages, touchés par la profondeur des sentiments exprimés. La cérémonie, diffusée en direct, fit pleurer la France entière, révélant au monde l'histoire d'un amour qui avait redonné espoir en la puissance des sentiments véritables.
Quelques jours plus tard, Gaby s'endormit à son tour, un sourire serein sur les lèvres, prêt à rejoindre son bien-aimé. Il était en paix, convaincu que leurs âmes étaient destinées à être ensemble pour l’éternité. Toute la République pleura leur couple pendant des jours, à la fois triste de leur départ et reconnaissante pour la magnifique histoire d'amour qu'ils avaient vécue.

Et si on reprenait au début Où les histoires vivent. Découvrez maintenant