Après de brèves présentations, ma mère nous avait congédiés pour retourner à ses obligations, me laissant seul avec ce nouvel inconnu.
Un inconnu au regard horriblement déroutant.Sa présence ne m'inspirait pas confiance, sa démarche robotique et son silence me semblaient comme un masque de glace, de simples artifices pour couvrir une nature plus sombre. Et alors que je regagnais mes appartements, un détail attira mon attention. Un mètre. C'était l'écart qu'il maintenant entre nous, ni plus, ni moins, le forçant à s'adapter à mon rythme de marche alors même qu'il ne me portait aucune attention. Un simple détail, peut-être. Mais j'étais doué pour remarquer les détails.
Ma main prête à saisir la poignée de ma porte, mes doigts effleurèrent la froideur du métal lorsqu'un second détail me provoqua un frisson d'angoisse. Verstappen ne faisait aucun bruit. Respiration inaudible et pas léger, on aurait pu entendre une mouche voler. Comme un félin qui tentait de se cammoufler avant de se jeter sur sa proie. Comme un prédateur. Cette conclusion n'était pas pour me déplaire si l'on considérait ces caractéristiques comme nécessaires à un garde du corps, mais elles ne contribuaient pas à me rassurer pour autant.
Le bruit de ma porte qui se referma lourdement derrière mon passage me tira hors de mes pensées, et je trouvai Verstappen déjà entré et contre le mur adjacent. Je n'avais toujours pas entendu le son de sa voix. Je le savais néerlandais, et du même âge que moi malgré son visage marqué qui témoignait d'une expérience de vie bien plus complète que la mienne. Une certaine profondeur à son regard dont les couches paraissaient impénétrables.
Auparavant, j'avais fait face à plusieurs types de gardes du corps, et il me suffisait généralement d'un regard ou d'une journée pour les catégoriser. Mon instinct et ma logique ne me trahissaient jamais. Entre autre, soit j'étais pris pour un enfant pourri gâté et traité comme tel, avec un couvre-feu et interdiction de tenir un couteau en main, soit l'on me considérait comme une menace dont il fallait se méfier. S'en suivait alors tout un jeu du chat et de la souris qui se terminait souvent par une démission sur le bureau de ma mère, comme le précédent.
Verstappen ne rentrait dans aucune des cases.
Et c'était plus que frustrant. L'inattendu ne faisait pas parti de mon quotidien qui se composait de routines et vieilles traditions. Au château, je connaissais tout le monde jusqu'aux femmes de chambre, je connaissais mon emploi du temps un mois à l'avance, et je connaissais également la composition exacte de chaque repas avant même l'heure du souper. Or, j'avais l'étrange sentiment que mes connaissances allaient prendre fin face à la carapace de ce nouveau garde du corps.
- Votre Altesse, vous devriez vous habiller pour votre séance équestre. Celle-ci commence dans moins d'une heure, interrompit alors mes pensées une voix sombre et pourtant parfaitement claire.
- Tiens, vous parlez vous ?
- Mon dossier ne mentionne pas la notion de mutisme, votre Altesse.
Du sarcasme. En tant que Prince, cet outil m'était rarement réservé, outre ma famille proche. Les gardes du corps n'en faisaient évidemment pas partie, ils ne se risquaient jamais à de tels écarts de comportement sous peine d'être lourdement réprimandés en seule guise d'avertissement. Si Verstappen s'aventurait sur un terrain aussi glissant sans sourciller et des ses premières minutes au château, alors les prochains jours s'annonçaient déjà particulièrement musclés.
- Bien sûr, suis-je bête, rétorquai-je en le regardant droit dans les yeux.
- Je ne me permettrai pas de seconder cette déclaration.
- Vous vous permettez déjà bien plus, pourtant.
- Excusez mon comportement grossier votre Altesse, je n'ai pas l'habitude de travailler avec des gens de votre condition, souffla Verstappen avec un sourire glacial.
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Royalty (Lestappen)
RomantikDepuis la mort de son père, Charles Leclerc, Prince de Monaco, est devenu absolument ingérable et terrorise le personnel qui assure sa sécurité. Sa mère, qui a récupéré le trône, ne cesse de le réprimander à tout va, jusqu'à ce qu'un ultime garde du...