Je n'aurais pas dû réciproquer son étreinte et me montrer si émotionnel. J'aurais dû le laisser pleurer contre moi puis lui adresser quelques mots réconfortants avant de repartir sur le canapé jusqu'à prochain levé de soleil. Mais que faire face à une âme aussi déchirée que la sienne.
Ses yeux affaiblis par la lumière et la tristesse, ses lèvres entrouvertes d'où s'échappaient de courtes respirations, ses mains tremblantes. Il paraissait tellement déboussolé, en quête de la moindre once de réconfort possible. Et qui étais-je pour la lui refuser ?
Lorsque ses mains trouvèrent mon haut pour s'y accrocher désespérément, et que sa tête s'enfouit dans mon cou, ce fut comme un électrochoc. Je sentais ses soubresauts contre mon propre torse, sa peine qui ne demandait qu'à être exprimée après tant d'années. C'était comme une liaison directe et pure, un lien puissant avec une autre âme que je n'avais jamais connu auparavant.
Alors, avec un naturel qui me déconcerta, je serrai le monégasque en retour. Mes bras trouvèrent refuge dans son dos, puis le serrèrent avec force jusqu'à sentir sa respiration contre ma peau. Et je compris instantanément mon erreur.
Comme la première cigarette que l'on fume à quinze ans en sortie de lycée, en pensant naïvement qu'une seule clope, c'est pas assez pour tomber dans l'addiction. Ou le premier bonbon que l'on goûte à l'anniversaire d'un copain en maternelle, sans savoir que le sucre ne pourra plus jamais quitter nos veines.
Cette sensation. Cette chaleur, cette adrénaline qui s'empara de mon corps comme si tous mes sens venaient de s'éveiller pour la première fois. Une nouvelle addiction.
- Je suis désolé...
Moi aussi. Désolé d'être si faible face à la bonté d'un homme, désolé de trahir mes propres valeurs.
- Pourquoi donc, votre Altesse ?
- Je me sens... vraiment idiot actuellement et pourtant...
- Pourtant, vous vous sentez mieux ?
- Oui... Chuchota le châtain dans mon cou, me provoquant un million de frissons.
- N'est-ce pas le plus important, dans ce cas ? Se sentir bien, après l'angoisse qui vous a envahie ces dernières heures...
- Peut-être, oui...
Mes mains continuèrent leurs caresses le long de son échine, prenant soin d'apaiser les troubles qui persistaient depuis son cauchemar.
- J'aimerais tellement... tout vous expliquer... mais je m'en trouve incapable...
- Ce n'est rien, Prince... Vous ne me devez aucune vérité.
- Oui mais... j'ai cette intuition... Comme si tout vous expliquer me soulagerait.
- Cela est possible, en effet. Mais forcer ces aveux aggraverait uniquement la situation. Vous me parlerez lorsque vous en serez capable. Je serai là pour vous écouter.
- Merci, Verstappen...
Mes doigts remontèrent jusqu'à sa nuque, s'attardant quelques instants à la base de ses cheveux. De fines bouclettes rebelles. Puis, réalisant ce que j'étais en train de faire, je me ravisai rapidement et mes mains redescendèrent dans son dos.
- Pourquoi vous arrêtez-vous ? Soupira-t-il, et je devinai que ses paupières commençaient à tomber lentement.
- Je me surprends à dépasser certaines limites, votre Altesse.
- Lesquelles ?
- Je ne suis pas censé... vous toucher de la sorte. Le protocole-...
- Je me fiche du protocole. Vous êtes là pour ma sécurité, n'est-ce pas ? Et bien, je me sens en sécurité, ici.
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Royalty (Lestappen)
RomansaDepuis la mort de son père, Charles Leclerc, Prince de Monaco, est devenu absolument ingérable et terrorise le personnel qui assure sa sécurité. Sa mère, qui a récupéré le trône, ne cesse de le réprimander à tout va, jusqu'à ce qu'un ultime garde du...