10 - Voyage à Paris.

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Lorsque toutes les bagages du Prince furent prêtes et bouclées, nous partîmes les emmener jusqu'au jet où nous attendaient déjà ses frères et leurs gardes du corps respectifs. Il fallut moins de quelques minutes au pilote pour décoller, et nous étions partis en direction de la capitale française.

Assis sur l'une des riches banquettes qui bordaient le couloir – puisque le monégasque avait insisté pour se mettre du côté du hublot afin d'admirer le paysage – j'étais déjà perdu dans mes pensées. Et Dieu savait qu'elles étaient nombreuses.

Les photos en ma possession depuis mon excursion par le bureau de la Reine ne me rassuraient pas du tout. Pire que cela, ignorer l'identité des personnes au courant de ces informations constituait un réel danger. Je n'avais même pas pu contacter Daniel plus de quelques minutes, puisque le Prince m'avait surpris avant que je ne puisse expliquer la situation à cet abruti d'australien.

Si ce dernier s'était encore impliqué dans des histoires sombres et problématiques sans même me consulter au préalable, j'allais moi-même lui faire la peau.

Je lui avais conseillé de faire attention à lui, putain.

Retrouver son nom inscrit sur des dossiers confidentiels relatifs à une attaque au château était mauvais. Ne pas savoir l'échelle de son implication dans cette histoire l'était tout autant. Et je n'avais aucun moyen de communiquer avec lui sans me mettre moi-même en danger, ou être considéré comme un complice.

Je ne risquais plus seulement un renvoi, mais la prison.

Le regard fixé sur le siège d'en face –  vide depuis que le Prince héritier s'était éclipsé aux toilettes – je peinais à me concentrer. Mon intérêt premier aurait été de laisser Daniel dans ses problèmes. Mais si j'agissais de la sorte, je risquais également d'être catégorisé comme un suspect. Entre autre, je devais réussir à établir une communication sécurisée avec lui, pour l'avertir mais aussi connaître ses raisons.

Il savait pertinemment que j'étais garde du corps au service du Prince cadet, je lui avais également ordonné de se tenir à carreau afin de ne pas attirer l'attention des autorités et de fait, s'attirer lui-même des ennuis. Je ne pouvais passer ma vie à le surveiller.

Après une trentaine de minutes à me retourner le cerveau comme un acharné, ce fut un poids sur mon épaule qui me sortit de mes pensées – et sûrement de ma potentielle future migraine.

En jetant un coup d'œil à ma gauche, je réalisai que la petite tête de mule au teint fatigué à mes côtés s'était endormie, tout contre moi. Des écouteurs dans les oreilles et des notes de piano pour le bercer, et ce dernier sommeillait déjà.

Ce qui me rappela ses paroles de plus tôt. Ce matin, lorsqu'il s'était introduit dans ma chambre, ou même plus tard lorsque nous rangions ses vêtements, il avait eut l'air si distrait, comme plongé dans des réflexions négatives.

"Impossible de trouver le sommeil à cause de votre... attitude ! Et vous m'avez fait peur, plus tôt."

"Vous, vous l'avez fait."

Je l'avais blessé ? Je l'avais blessé. Et je ne savais comment.

Pourtant... À bien y réfléchir, le Prince me portait une bien plus grande attention que ce que je croyais. Après notre pique-nique, il avait remarqué ma fermeté et mon changement de comportement. Aussi imperceptible avait-il été, son regard l'avait attrappé. Assez pour que cela le touche personnellement, assez pour m'en parler et me demander des explications.

Charles tenait à moi.

Quel constat étrange.

Je n'osai plus bouger, par peur de le réveiller. Ses cernes étaient affreuses, il méritait bien de se reposer.

Royalty (Lestappen)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant