Beaucoup trop d'imprévus s'accumulaient depuis quelques jours, ce qui plongeait ma mission dans un profond gouffre d'incertitudes.
Pour des raisons bien trop absurdes, je m'étais adouci et placé dans des situations plus qu'embarassantes. Aussi étonnant soit-il, le Prince lui-même – qui avait prétendu jusqu'à ce jour ne pas apprécier ma compagnie – m'avait sorti de biens des troubles sans le savoir. Car si mon renvoi avait été définitif, tout mon plan se serait effondré.
À partir d'aujourd'hui, je me devais de mettre un point d'honneur à remplir mon rôle correctement. Protéger le Prince sans céder à ses demandes, aussi tragiques soient-elles. Pourtant, et malgré moi, cela me peinait d'en faire autant.
Le monégasque me provoquait des réactions binaires, tant aggressives et strictes que douces et compréhensives. Comme une pièce dont on ne pouvait prévoir la face sur laquelle elle allait tomber.
Pourtant, ce n'était pas volontaire. Je pouvais le comprendre par la seule rencontre de ses yeux verts, aucune once de malice ne les avait jamais entachés. Il transpirait l'honnêteté et la sensibilité, la naïveté et l'espoir, ce qui visiblement n'entraînait pas de réactions durables de mon côté.
Alors que mes pas résonnaient dans ma chambre en ce premier jour de congé depuis quelques semaines, trop d'informations embrumaient mon cerveau. L'attaque au soir du banquet, la course poursuite dont les conséquences auraient pu être dramatiques, hier. Comme si des hommes nous traquaient, ou plus précisément, comme si des criminels renseignés savaient exactement où et quand nous trouver.
Ce type de situation était loin d'être inhabituel, en particulier lorsque la cible fasait partie de la Couronne. Demande de rançon, affaiblissement du pays, emprisonnement politique. Nombreuses étaient les possibles raisons derrière ces actions, qui n'avaient pourtant pas encore été revendiquées.
Lorsque faire les cents pas me fit tourner la tête et voir trouble, je décidai enfin de m'asseoir sur mon lit. Ma main passa maladroitement sur mon visage pendant que je m'efforçais de faire le tri dans mon flot de pensées désordonnées. Des attaques précises et stratégiques. Des hommes organisés et pourtant aucune revendication...
À la suite du banquet, il m'avait été impossible de demander quelque renseignement quant aux assaillants ou leurs profils. Impossible de trouver les dossiers également, m'enfonçant dans un brouillard opaque sans issue évidente.
Pourtant, il fallait impérativement que je mette la main sur ces informations.
D'un pas décidé, je sortis de ma chambre et arpentai les couloirs du château dans un silence des plus complets, n'attirant aucun regard curieux. J'évitai habilement les gardes et leurs rondes ainsi que les domestiques, les caméras ou les imprévus, comme Gasly qui sortit soudainement d'une pièce à quelques mètres de moi, me forçant à m'abriter dans une salle vide.
Pas à pas, j'atteignis l'aile sud du château et vérifiai l'heure à mon poignet. Presque l'heure du déjeuner. Parfait.
Après un mois, je connaissais chaque ronde, chaque habitude et chaque horaire des repas. Entre autre, sauf situation exceptionnelle, je savais où se trouvait chaque membre du château et à la seconde près, les évitant donc facilement.
Sauf situation exceptionnelle...
- Verstappen ! S'exclama une voix dans mon dos, me faisant sursauter.
- Mon Dieu... Prince, vous m'avez pris au dépourvu.
- Vraiment ? S'amusa-t-il, un large sourire aux lèvres. Moi qui vous croyais imperturbable et toujours sur le qui-vive.

VOUS LISEZ
Royalty (Lestappen)
RomanceDepuis la mort de son père, Charles Leclerc, Prince de Monaco, est devenu absolument ingérable et terrorise le personnel qui assure sa sécurité. Sa mère, qui a récupéré le trône, ne cesse de le réprimander à tout va, jusqu'à ce qu'un ultime garde du...