Charles n'avait pas tardé à s'endormir à la suite de notre discussion, sûrement trop embarrassé par la tournure des événements, et trop affaiblis par l'alcool qui s'était mélangé à son sang.
Quant à moi, je me trouvai sérieusement confus.
Il ne m'avait fallu que quelques minutes lors du repas pour comprendre que le Prince buvait - de manière conséquente - pour l'une des premières fois de sa vie. En conséquences logiques, l'influence s'était rapidement manifestée par des pupilles dilatées, des rires idiots ou encore une incapacité admirable à marcher droit.
Cependant, si les premières dizaines de minutes de cet état d'ébriété m'avaient relativement amusé, la suite ne m'avait pas moins dérouté.
Évidemment, je me permettais régulièrement de jouer avec le Prince ainsi que de le taquiner sur certaines de ses insécurités, histoire de provoquer des réactions chez lui qui dépassaient l'insolence ou le sarcasme. J'aurais dû m'en passer cette soirée-là.
Car faire face aux aveux d'un monégasque saoul qui expliquait à demi-mot vouloir palier son manque d'expérience par un baiser avec son garde du corps, ce n'était ni prévisible ni croyable, me laissant toujours déstabilisé en cet instant. Évidemment, je n'avais pu réciproquer ses avances, par professionnalisme mais aussi intelligence. Si je me laissais aller à des futilités pareil, j'allais définitivement échouer.
Accoudé à la rambarde du petit balcon, une cigarette roulait entre mes doigts tandis qus la fumée créait un voile opaque qui obstruait les faibles rayons de la lune. Mon regard demeurait braqué sur la silhouette endormi de Charles, qui semblait enfin paisible et en proie à un sommeil calme et apaisant.
Je n'avais pas manqué son absence, quelques heures auparavant. Alors que j'avais justifié mon refus par mon travail, le monégasque avait semblé absorbé quelques minutes par un rêve éveillé. Son imagination s'était sûrement jouée de lui, soulevant cependant quelques questions dans mon esprit.
Jusqu'à ce qu'un message n'attire mon attention, étonnement immédiatement supprimé après ma lecture.
Sors de l'hôtel. Remonte le boulevard, tourne à gauche puis à droite. Rue d'Angiviller. Rejoins-moi. Important.
Un courant d'air éteignit la faible flamme qui consumait jusqu'à présent ma cigarette, la cendre accumulée au bout de cette dernière tombant dramatiquement au sol. Je me frottai le visage un instant, me demandant sérieusement si accepter cette offre n'allait pas me conduire à des ennuis sans nom.
Je n'avais pas le choix, de toute façon.
Sans un bruit, je refermai la porte-fenêtre après mon passage et me dirigeai au chevet du Prince, chuchotant près de son oreille que j'allais m'abstenter quelques temps. Ce dernier émit un petit son de mécontentement dans son sommeil sans pour autant s'en extirper, et j'en profitai pour quitter la suite de l'hôtel.
La nuit était calme et déserte à cette heure, ce qui était peu étonnant. Seul le grand axe qui bordait l'hôtel accueillait quelques voitures de temps à autres. Je suivis les directives laissées précédemment et après quelques coins de rue, je tombai face à celui que j'attendais, vétu de noir et presque invisible dans l'obscurité.
- T'es vraiment un malade ! Tu réalises que si nous sommes aperçus ensemble, c'est finis pour nous deux ! M'exclamai-je en surveillant le ton de ma voix pour ne pas attirer l'attention malgré ma colère qui refaisait surface. Mais non, suis-je bête, tu t'es pointé à Disneyland comme un putain de touriste !
- C'est important-...
- Je me fiche de le savoir ! Tu t'es présenté à Charles !! Est-ce que tu te rends compte de ce qui arrivera s'il te mentionne devant sa mère ?! Ton nom est écrit noir sur blanc sur leurs dossiers !!
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Royalty (Lestappen)
RomanceDepuis la mort de son père, Charles Leclerc, Prince de Monaco, est devenu absolument ingérable et terrorise le personnel qui assure sa sécurité. Sa mère, qui a récupéré le trône, ne cesse de le réprimander à tout va, jusqu'à ce qu'un ultime garde du...