« Notre » ?!

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- Lève-toi.

J'entendis mes volets s'ouvrir et je cachais mes yeux dans mon oreiller pour éviter d'être éblouie par la lumière. Me tournant sur le ventre, je comptais me rendormir. Une main secoua mon épaule et enleva ma couverture. Je murmurais, ma voix remplie de sommeil étouffé par mon matelas.

- Mais qu'est-ce que tu fais...

Il avait l'air d'être très tôt, je me sentais peu reposé, j'avais l'impression d'être à un jour d'école alors que l'on était dimanche.

- Douche, tu t'habilles en vêtement de sport, des habits chauds, je veux te voir dans dix minutes dans la cuisine.

La voix de mon père résonnait dans la chambre, il n'avait pas l'air de rire. Une pointe de mécontentement dans son ton. Je l'entendis descendre au rez-de-chaussée, laissant ma porte ouverte.

Après ce qu'il s'était passé hier, je n'avais pas l'intention cette fois-ci de lui désobéir. Il avait l'air encore assez en colère pour me réveiller si brusquement. Dans un gémissement de plainte, je posai mes pieds au sol et regardai mon réveil d'une vue brouillée encore par la fatigue.

7 h 30 du matin. Je posa mes mains sur mon visage, dépité. Il avait fait fort. Je levai et allai me doucher. J'enfilais un jogging de course ainsi qu'un sous-pull thermique. Je pris dans mon armoire un gros pull à capuche.

Douze minutes plus tard, j'arrivais dans la cuisine. Mon père était attablé sur l'îlot central, une tasse de café devant lui ainsi qu'un dossier qu'il lisait. Il était également habillé en tenue de sport.

Il avait préparé des morceaux de pain grillé beurré. Une tasse de chocolat chaud m'attendait en face de lui. Je pris place et commençai à manger une tartine dans le silence. Mon père n'avait toujours pas levé les yeux vers moi. Je décidai de ne rien dire, sentant la tempête approcher. Un bâillement me prit, j'ouvris grand la bouche sans m'en cacher. La tête baissée, mon paternel leva enfin les yeux vers moi. Je voyais qu'il cachait sa colère. Il reposa son regard sur son dossier, mais brisa le silence.

- Je pense qu'il est nécessaire de te réapprendre les bases de l'éducation, de l'obéissance et du respect.

J'avalais mon chocolat chaud de travers, je reposais celui-ci. Je n'avais plus faim tout d'un coup. J'attendis la suite, les mains sur la tasse, les yeux dans mon lait.

- Je ne vais pas te faire de longs discours. Je pense que tu sais très bien quel comportement tu as eu hier. Aucune excuse n'est valable. Aucune.

Il referma son dossier et se redressa sur son tabouret, me regardant fixement.

- Devenir un adolescent, être triste, être en colère, ce ne sont pas des excuses valables. Tu as des adultes autour de toi qui peuvent t'écouter et t'aider, j'entends bien que tu t'appuies sur ce soutien. Et non, renier tout ce que je t'ai enseigné.

Il croisa les bras. Son ton était dur, strict et froid. Il continua.

- C'est pourquoi j'ai pris la décision à partir d'aujourd'hui que tu allais me suivre partout et que tu allais me montrer un meilleur comportement à l'avenir.

Je levais la tête pour ancrer mon regard dans le sien, étonné. Le suivre partout ?

- J'ai entendu dire que tu étais en colère, que je ne sois pas assez disponible pour toi. Alors, mon garçon, tu iras là où j'irai et tu suivras absolument à la lettre tout ce que je te demanderai, avec un comportement exemplaire.

C'était... Étonnant. Même si je devais prendre ça comme une punition, je sentais un léger contentement s'emparer de mon cœur. J'allais enfin pour voir être avec mon père.

- Après les cours, tu prendras directement la direction de mon bureau. Tu y feras tes devoirs et des travaux supplémentaires que tes professeurs particuliers te donneront. Tu m'aideras éventuellement à classer certaines choses, à rédiger des discours, à te renseigner sur les différents partis de ce pays.

En fait, je retire ce que j'ai dit, ça ressemblait à de l'esclavage sa punition. Dans un sens, j'avais ce que je voulais, passer plus de temps avec lui, mais j'avais comme l'impression que j'allais passer plus de temps à travailler. Avec mon père, ça avait toujours été comme ça. Le moindre écart de comportement et je me souvenais de la punition pendant des semaines.

Dans les yeux d'un fils.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant