C'etait si

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Hellooooo ! Voici le nouveau chapitre. Un seul conseil: Sortez les mouchoirs. Ne m'en voulait pas ! Ça faisait longtemps qu'on ne les avait pas sortis !

Je ne peux que vous conseiller de lire ce chapitre avec la musique: Good things come to those who Wait de Isaac Danielson.

En boucle ! Vous serez un peu plus transportés

Bonne lecture !

Des bisouuuuus ! 😘

Les paroles insultantes percutèrent Jordan comme un pique glacial qu'on enfonçait avec une telle sauvagerie dans sa poitrine que tout son corps se mit à hurler de douleur. Tous ses muscles se crispèrent si intensément qu'il crut un instant que tout allait sauter, ne laissant que son squelette désarticulé sur le sol. Ses dents hurlèrent de mécontentement lorsqu'elles s'entrechoquèrent les unes contre les autres, refermant sa mâchoire dans un étaux que rien ne pourrait faire céder.

« Tafiole... »
« Famille de PD »
« Pauvre gosse ».

Les mots résonnaient dans sa tête en litanie, telle une balle de ping-pong percutant sa boîte crânienne. L'écho d'une angoisse profondément enfouie en lui depuis le début de sa relation avec Gabriel lui éclata en plein cœur et en plein visage.

Jordan savait que ça allait arriver. Un moment ou un autre. Il n'y avait jamais de meilleure situation dans laquelle vivre les premiers moments de l'homophobie. Mais il avait prié le ciel que cela n'arrive pas en présence de son gamin. Déjà si touché par ce phénomène. Et pourtant, il sentit Siloé se crisper devant lui. Lui aussi avait entendu.

Putain.

Sa respiration se fit d'un seul coup plus rapide, ses poings se fermant avec force. Il voulait leur éclater la gueule, là tout de suite. Leur faire bouffer leur langue et voir l'effroi dans leurs pupilles. Démolir leur si gentil sourire de façade contre le mur. Écraser leur crâne et leurs idées entre ses mains.

Pourquoi avait-il fallu que ses deux collègues en parlent, là, librement dans le couloir. Comment n'avait-il pas vu et compris leurs idéaux plus tôt ?

Une nouvelle fois... Il savait pourquoi.

Parce qu'il n'avait jamais été gay, parce qu'il n'avait jamais pris le temps de comprendre ce qu'ils pouvaient vivre vraiment, parce qu'il n'avait jamais eu personne à protéger. Il se préoccupait seulement des brebis galeuses pour le blason de son parti. Pour l'image.

C'était bien connu, on faisait l'autruche jusqu'à ce que cela nous atteigne.

Mais ce qui l'enfonçait dans une insidieuse furie n'était pas seulement les insultes à son encontre. Parce qu'il ne se sentait toujours pas gay. Il ne l'était pas. Jordan aimait toujours la vue d'une taille fine et féminine, les courbes rebondies de seins ronds et de lèvres pulpeuses et douces. Il est peut-être bisexuel. Il ne s'était pas vraiment posé la question jusque là. Mais même de ça, il en doutait. Parce qu'il ne s'était absolument jamais retourné sur les fesses d'un homme, ou ne s'était jamais senti attiré par des abdominaux masculins.

Mais les yeux bruns et chauds, la tignasse bouclante, les lèvres fines et douces, le corps masculin et affreusement hypnotisant de Gabriel lui avaient retourné les entrailles à l'instant où il avait posé les yeux sur lui. Sa douceur de caractère, son esprit vif et captivant, lui avait retourné le cœur.

Gabriel était un homme.

Il n'était pas gay.

Mais il était tombé fou amoureux de lui.

Juste de lui.

Toujours.

Son cœur ne pourrait plus battre aussi follement pour quelqu'un d'autre. Il en était persuadé au plus profond de son âme. Il lui appartenait complètement.

Et d'entendre des paroles si abjectes à l'encontre de ce qu'ils vivaient ensemble, parce que c'était tellement beau, le tétanisait de fureur. D'entendre que leur amour pouvait rendre leur fils détraqué et malheureux alors que Siloé s'épanouissait quand ils étaient seulement tous les trois le rendait complètement dingue.

Bon sang, c'était eux, avec leurs insinuations qui rendaient la situation difficile. Pas la situation elle-même. Siloé avait un père et un autre homme qu'il aimait comme son propre sang. Rien de plus, rien de moins. Et eux, se permettaient d'insinuer que le garçon vivrait un enfer et qu'il deviendrait lui-même homosexuel. Même pas à l'âge de savoir ce qu'il y aimait, Siloé était rangé dans une case « gay ». Et ça, Jordan ne pouvait le supporter.

Prenant une grande respiration et la libérant lentement à travers ses lèvres, les yeux fermés, Jordan se retourna vers ses collègues. Bien conscient de son fils à ses côtés, il n'avait pas l'intention de perdre son sang froid devant lui. Il les regarda froidement, les yeux leur lançant des éclairs.

- Je vous demande pardon ?

Dans les yeux d'un fils.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant