Pour Siloé

1.6K 75 97
                                    

Ps: Ne pleurez pas ❤️ Merci à tous ❤️


Lorsque Gabriel se réveilla ce matin-là, il avait un paquet doux et chaud entre ses bras. Siloé dormait encore profondément contre lui. Il respira l'odeur de son fils doucement. Une vieille habitude qu'il avait prise dès sa naissance. Il ne se serait jamais douté que l'on pouvait devenir totalement accro à une odeur. Mais lorsque l'on lui avait mis son fils de cinq jours dans les bras, que, d'émotion il l'avait embrassé sur le front, il n'avait jamais senti quelque chose d'aussi doux et réconfortant. Alors même si son tout petit n'était plus si petit, il avait toujours l'impression de revenir à ce moment fatidique où le coup de foudre avait surgi en lui en respirant ses cheveux. Cela lui rappelait que rien n'était impossible, et qu'avec amour, persévérance et dévotion, on pouvait gravir les plus grandes montagnes. Jamais il n'aurait cru possible qu'à trente-trois ans, il serait porte-parole du gouvernement et père d'un fils. Quand il avait appris sa paternité, il était tombé d'infinis étages. Lui qui venait de se trouver, de comprendre qui il était vraiment, s'était vu acculé d'un nourrisson de la plus difficile des manières. Mais le premier regard sur ce si petit être lui avait fait fondre tellement de peur et grandir tellement d'amour qu'il s'était cru invincible, Siloé à ses côtés.

C'est ce qu'il ressentait à chaque fois qu'il respirait l'odeur de son fils. Et aujourd'hui, il avait besoin d'être invincible. Hier soir avait été catastrophique. Quand Stéphane était parti de chez lui, il avait perdu pied, sombrant dans des angoisses horribles, des remords si lourds. Mais en voyant une photo de son fils sur le mur, il s'était calmé et avait été retrouvé Siloé chez sa mère. Après que son fils soit allé se coucher, il avait discuté des heures avec sa maternelle. Elle avait toujours eu le don de calmer ses tempêtes intérieures. Mais le sommeil ensuite n'était jamais venu. Alors il avait décidé d'aller rejoindre Siloé et de s'entourer de son innocence pour enfin trouver la paix qui lui manquait. Ce n'était pas arrivé depuis longtemps. Son fils commençait à grandir et il avait besoin de son espace privé. Mais ce soir, il était redevenu l'enfant soleil. Celui sur qui il osait parfois reposer ses idées noires parce qu'elles devenaient si belles ces idées, quand son fils était proche de lui.

Gabriel décida de se lever sans faire de bruit pour ne pas le réveiller. Il était quatre heures du matin. C'était tôt, très tôt. Mais il avait besoin de travailler et de préparer son débat de ce soir. Et de se préparer mentalement à faire face à Jordan. C'était pour lui la partie la plus compliquée.

Quand Siloé était né, il lui avait fait la promesse de sacrifier sa vie à son bonheur. Il n'avait pas demandé à rentrer dans ce monde, et l'avait fait de la plus difficile des manières. Alors, pour éviter la culpabilité, il avait voué sa vie à son fils. Et Gabriel n'était pas du genre à oublier les promesses.

Sacrifier ses sentiments naissants avec le Président du rassemblement national pour le bonheur de son fils était une décision difficile. Presque viscéralement douloureuse. Parce qu'il avait vu en Jordan un futur possible. Il se rendit compte que finalement, ses sentiments dataient depuis cet avion en 2019. Il les avait enfouies, culpabilisant d'être attiré par une autre personne que Stéphane. Et les oubliant presque. Mais ils avaient réapparu de façon décuplée quand il l'avait vu interagir avec Siloé. Jordan avait accepté son fils en une fraction de seconde et leur relation s'était développée comme s'ils se connaissaient depuis toujours.

Mais c'était trop dangereux, pour lui, pour Siloé, pour Jordan. Il suffisait d'une seule photo, d'une seule parole, d'une seule rumeur et tous les remparts qu'avait construit Gabriel s'effondreraient en un clignement d'œil. Et il n'était pas prêt à affronter ça.

Gabriel se prépara et débuta sa journée, la mort dans l'âme.

Le soir arriva vite, et il fut rapidement sur le plateau de BFMTV face à Jordan et Clementine Autain. Gabriel avait essayé par tous les moyens d'éviter le brun avant le débat. Il n'était pas prêt à lui faire face. Pendant toute la soirée, il avait bien vu le comportement de Jordan qui essayait d'ancrer son regard dans le sien, de le titiller, de lui sourire. Mais Gabriel n'y arrivait pas. Il n'arrêtait pas de penser à la suite des événements et il passa à côté de son débat. Au fur et à mesure, il vit dans les iris de Jordan de l'incompréhension, de l'inquiétude et de la colère. Le plus grand avait certainement dû comprendre son manège. C'est vrai qu'il n'avait pas répondu à son message. C'était un indice assez clair sur la suite de leur échange.

Dans les yeux d'un fils.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant