Chapitre 1 - Mise en échec, vraiment? (Jordan)

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Face caméra, je suis resté l'homme confiant et plein d'assurance, n'attaquant pas Gabriel sur des terrains dangereux, répliquant parfaitement. Et puis, à un moment donné, j'ai perdu la main. Je ne sais pas trop quand, je suis bon dans mon domaine, mais au jeu de la politique, je ne fais que débuter. Ce n'est pas la faute de Marine, elle m'a coaché, m'a entraîné et payé des spécialistes afin de renouveler le visage du RN avec moi, malheureusement je dois encore me perfectionner.

Ma frustration est compliquée à gérer, une fois les caméras éteintes, j'ai juste envie de me laisser gagner par la colère et de vociférer plus que de raison. Je vais devoir aller me dépenser au sport pour me défouler. J'en ai besoin.

Sortant du plateau, le visage du premier ministre et son léger sourire en coin hante ma pensée. Il est content de lui et de ce qu'il a fait ce soir, sa côte de popularité, malgré son orientation sexuelle, risque de monter en flèche. Le fait qu'il soit gay aurait été une mine d'or à une autre époque, aujourd'hui je ne dois pas voguer sur cela aux risques de me manger trop de woke dans la gueule. Dans tous les cas, il va falloir que je trouve comment rattraper cette foirade, je me sens médiocre et je hais ce sentiment.

Mes années de gaming m'ont appris qu'il est nécessaire d'avoir un contrôle parfait de sa personne pour éviter de détruire une manette sous un coup de sang quand on foire une partie. Aujourd'hui encore, je ne sais que trop bien combien cela me ferait du mal de me laisser aller. Son dernier petit regard lancé dans ma direction me fait serrer la mâchoire, qu'est-ce qu'il veut? Parader ? Me narguer? Ce gouvernement est composé de gamins teigneux et à mes yeux, il ne vaut pas mieux que son chef, le roquet.

Sortant mon téléphone de ma poche, je lui fais quitter le mode avion. Rapidement des dizaines de messages me tombent dessus, mon assistant vient me prévenir que Marine souhaite discuter rapidement de tout cela.

Fait chier!

Putain, fait chier!

Sans un regard pour la maquilleuse qui souhaite me retirer tout le fond de teint que j'ai sur la gueule pour passer à l'écran, je me dirige vers ma loge en rattrapant mes messages. Je n'ai pas envie d'affronter ma mentor, pourtant dans notre conversation Whatsapp, elle me fait la liste de tout ce qui ne va pas. Ma posture, mes tics, mon timbre de voix, je panique un peu...étais-je si mauvais? Les quelques compliments, ses éclats sur ma manière de gérer une question et ses encouragements calment mon coeur. Ouf, je n'ai pas fait que de la merde.

À la toute fin, elle me stipule que la prochaine fois sera meilleure. Marine croit au fait qu'elle peut me façonner et je pense que je pourrais gravir des échelons que le RN n'a jamais monté...un jour oui, je serai à la tête de la France, je ne vise que la première place.

En refermant la porte derrière moi, je défais ma cravate pour respirer. Je m'affale dans le sofa, seul et je souffle un coup. Malgré les propos de ma mentor, je ne me sens pas plus en forme, je me déçois. Je voulais faire mieux.

Ding ding.

La notification me sort de ma bulle où j'ai passé quelques secondes dans le silence relatif. Nous sommes dans les loges d'un studio, à l'extérieur, le bruit est là et il bourdonne en fond sonore. J'hésite à me redresser, je suis quand même vidé de ma prestation. Il  va bien falloir que je me bouge pourtant, je veux aller à la salle pour me recentrer et m'apaiser.

Passant une main sur mon visage, j'inspire, renifle et cligne plusieurs fois des yeux.

B.M veut vous envoyer un message.

Cela apparaît sur l'écran de mon téléphone via Messenger. Dans le milieu politique tout le monde sait que Brigitte Macron est addicte aux R.S et adore s'y connecter en toute tranquillité. Elle a donc différent profil, son nom de compte est B.M, le plus souvent avec une photo de profil d'un macaron au chocolat. Et là. messenger m'informe que ce profil veut m'envoyer un message.

Sans attendre, curieux, j'ouvre et accepte ainsi la conversation.

B.M :

Vous voulez mieux gérer votre prochain débat mon petit Jordan?

J'ai de quoi faire pour déstabiliser notre Gaby.

Faites-en bon usage. Je vous fais confiance pour ne viser que le ministre, nos intérêts d'élimination sont communs. Ne me décevez pas.

Une vidéo  accompagne le tout, je la lance.

Sous mes yeux, dans le bureau présidentiel, pris à la sauvette, j'admire deux silhouettes masculines en train de se lécher la face. Ce cher Gabriel embrasse quelqu'un...il me cache son profil jusqu'à ce que je parvienne à distinguer  notre président. Si ce n'était pas deux hommes, j'en serais probablement un peu plus excité, leurs langues s'entremêlent avec fièvre, leurs yeux clos, leurs mains baladeuses...ils se cherchent comme des amants, leur souffle bruyant et haletant couronné de ci, de là, par des petits soupirs plaintifs, je crois que Manuel lui touche le paquet.

Me redressant soudainement, je pousse un cri silencieux, un yes de victoire qui me rend dingue sur le coup. J'oublie le reste, je ne pense qu'à ça, j'en bande! J'en bande de joie! Pour quelle autre raison ma queue serait au garde à vous de toute façon ?  En politique c'est ce qu'on appelle un dossier et ce putain de dossier va me permettre de gérer le petit Gaby et de lui faire faire ce que je veux !

Gabriel & Jordan - Une romance politique et interdite [Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant