Chapitre 18 - Je suis à toi pour cette nuit (Gabriel)

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Le message de Jordan me met dans un tel état qu'en l'espace de quelques minutes, j'ai déjà annulé tous mes rendez-vous prévus pour la soirée. Au revoir le dîner avec je-ne-sais-plus-quel-ministre, au revoir l'après-midi avec le ministre de l'intérieur. J'aurais pu conserver mon entretien avec Darmanin, mais je ne suis pas d'humeur. Je suis beaucoup trop excité pour travailler (dans tous les sens du terme). Impossible de me concentrer sur les dossiers en cours. De toute façon, il faut se montrer réaliste. Que l'on gagne, ou que l'on perde, il y aura un remaniement ministériel et de nouvelles mesures à prendre. Emmanuel ne gardera pas la moitié des ministres en poste actuellement, toutes les réformes seront bloquées par le RN ou LFI... Sauf si on gagne... Manu dit que nous ne devons pas perdre espoir, mais même avec toute la force de conviction du monde, j'ai de gros doutes sur le fait que nous obtenions une majorité et...

PUTAIN POURQUOI JE PENSE AU TAFF ?

Quelque chose de beaucoup plus stimulant m'attend. Et de toute façon, vu la façon dont Manu se comporte avec moi ces temps-ci - c'est à dire : zéro réponse à mes SMS, détournement de regard quand il me croise dans un couloir, tête baissée à côté de Brigitte -, je sens que ma place de Premier Ministre est en équilibre précaire.

Sale con d'amant !

Je vais lui donner des raisons de me désirer ! Et pour cela, quoi de mieux que Jordan ? Pour la troisième fois de la journée, je me repasse son message. Au putain, ça me donne tellement envie ! Évidemment, tout cela n'est qu'un pur prétexte pour rendre Manu jaloux. Jordan a beau en avoir une plus grosse que lui et me donner envie de me faire enfiler, je n'ai absolument aucun sentiment à son égard. Aucun. C'est juste du sexe et un besoin, parce que Manu ne m'a pas pris depuis plusieurs semaines.

Je prends mon téléphone et dicte un vocaux que j'envoie à Jordan :

– Je serai là d'ici une demi-heure, Monsieur Lanvois. Préparez vous à m'acceuillir comme il se doit.

J'espère qu'il se branlera en m'attendant. Je la veux chaude et dure.

Pour l'heure, je dois d'abord me préparer. Je cours jusqu'à mon placard et choisis ma plus belle chemise. Celle que je réserve généralement pour nos sorties au Fouquet' avec Emmanuel. J'ai pris soin de me raser, me parfumer. Je parfais mon look avec un petit nœud papillon, me coiffe bien comme il faut, et quitte l'appartement. Ainsi prêt, j'envoie un message à mon chauffeur et lui demande de me conduire au George V, car j'ai un "rendez-vous en urgence". Comme toujours, il ne fait aucun commentaire, et nous voilà parti pour le plus bel hôtel de Paris. Quand j'arrive, on vient m'ouvrir la porte, me saluant d'un "Monsieur le Premier Ministre", et je glisse un billet dans la main du groom.

– J'ai rendez-vous avec Monsieur Charles Lanvois, indiqué-je.

– Ascenseur, troisième étage, Monsieur Attal.

Bien. Je me glisse dans l'ascenseur, les mains tremblantes. Je suis fébrile. Comme un jeune premier qui s'apprête à vivre sa première fois. Je n'ai jamais fait cela : rejoindre quelqu'un dans un hôtel, en secret. Stéphane et moi n'avons jamais eu besoin de nous cacher, et Manu a toujours souhaité faire cela dans son bureau. Là, c'est presque solennel. Intime.

Romantique.

Romantique ? Qu'est-ce que je raconte !

J'arrive devant la chambre, frappe. La porte s'ouvre sur Jordan. Bien peigné, dans son petit costume trois pièces, un sourire aux coins des lèvres. Putain, il est beau le con. Mon cœur se met à battre avec frénésie et mon pantalon, déjà étroit, me serre. J'ai besoin de me retrouver nu, et contre lui de préférence. Je le pousse doucement à l'intérieur et referme la porte. Ses yeux ne lâchent pas les miens, nos lèvres sont proches. Je suis prêt à faire tout ce qu'il exige. M'agenouiller, le sucer, me faire baiser. Tout, tant qu'il me donne satisfaction et me permet de m'oublier dans les bras d'un autre que le président.

– Jordan, chuchoté-je en portant mes lèvres à son oreille.

Ma main glisse sur son torse, descend vers son pantalon, agrippe son paquet, déjà dur et gonflé. Inutile de s'attarder en beaux mots et sentiments, nous savons pourquoi nous sommes là, tous les deux.

– J'ai envie de toi. Tu me rends fou. Je veux que tu me baises, que tu me fasses jouir, que tu...

Les lèvres de Jordan écrasent les miennes. C'est sauvage, violent. Il me plaque contre la porte et ses yeux plongent dans les miens :

– Je n'ai jamais fait ça... avec un homme, je veux dire... jamais...

– Tu t'en sortiras très bien. Fais comme tu en as l'habitude. Imagine moi comme une femme si ça t'aide. Je suis à toi pour cette nuit.

Pour l'instant, en tout cas. Qu'il n'aille pas croire que je pourrai être à lui toute la vie, je ne suis pas comme ça. Je n'embrasse pas le RN pour autre chose que du sexe, moi. 

Gabriel & Jordan - Une romance politique et interdite [Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant