Chapitre 21 - La vérité (Jordan)

77 6 0
                                    


Je somnole, quand en bas de chez moi, Gabriel sonne. L'esprit vaseux, le corps endoloris, je n'ai pas idée de lui refuser de venir sur mon territoire. Ce matin, quand je me suis reveillé dans ce lit seul, à réfléchir au "parti", je me suis dis que je m'en foutais. La vérité, c'est que je n'avais jamais été aussi important pour qui que ce soit, pas même une compagne et l'évidence était posée sous mes yeux en une nuit.

J'ai abandonné l'idée de me dire que je n'étais pas gay, pas ceci, pas cela. C'est sans importance, un peu comme une évidence qu'on vous colle soudainement sous le nez et qui fait tout le chemin jusqu'à vous. En l'occurence, cela a fait son chemin en moi. Je suis heureux. Et si je me force à y penser, je refuse catégoriquement tous les détails inutiles et subalterne de la morale, de mon éducation. Putain, je m'en fou ! Et j'emmerde le monde.

Je me sens libre et ... amoureux.

Fatigué, je reçois Gabriel qui rentre en furie dans mon appartement, il est si nerveux qu'il me donne le tournis. Perdu, paumé, agacé, son humeur est au pire du pire, je saisis rapidement qu'il ne s'en veut pas pour cette nuit, mais plutôt à cause de notre cher président. Je le laisse faire, parler, jacter dans tous les sens et alors que je m'effondre dans mon canapé, il va de long en large partout.

Comment peut-il avoir encore de l'énergie après ce que nous avons fait. C'est avec une gravité solennelle qu'il m'annonce que cette nuit, il se sacrifiait pour la France et ma seule réponse est de hocher la tête. Il me parle de Brigitte, de ses coups tordus, de ce qu'elle a manigancé et moi, serein, je soupire et je le trouve adorable, craquant même.

Attrapant son poignet quand il arrive à ma hauteur, je l'attire et le fait tomber sur le canapé, le prenant dans mes bras, l'air de rien. Son palpitant va vite, je le sens sous ma main et j'aime ce petit effet que je lui fais.

– Donc, tu t'es sacrifié pour me manipuler.

– Oui !

– Elle est belle la Macronie, ricané-je.

Ma légèreté le fait suer, mais je l'adore. J'avais oublié ce que cela faisait cette sensation d'être sans sentiment négatif, à la pointe d'une émotion paisible. Pourtant, aujourd'hui, je ne veux que rire et ne me soucier de rien.

– Et tout cela pour le rendre jaloux, c'était "ton projeeeeet".

Imitant d'une voix douce la fameuse réplique présidentielle, je le sens s'agacer et se tendre, il s'insurge même.

– Malheureusement E.T te l'a mis bien profond, moins bien que moi.

Il quitte mes bras, je n'arrête pas.

– Et le pire dans tout ça, c'est que tu as fais craquer le gros con du R.N. Un mec homophobe de base qui accepte bien mieux qu'on ne l'aurait cru d'avoir passé la nuit à aimer un autre homme.

Paisible, je le laisse prendre mesure de mes propos.

– Bon après faut reconnaître que tu n'as pas choisi de t'amouracher du plus moche des hommes politiques.

Je me vante en ricanant et me reçois un coussin dans la tronche, ce qui me fait encore plus rire!

– Quoi, tu ne m'aimes pas ? demandé-je.

– Je n'en sais rien ! s'exclame Gabriel.

– Ah c'est dommage parce que je pense que je suis tombé étrangement amoureux de toi, Gabriel. Et que j'ai envie de te dire que le reste du monde politique peut aller se faire foutre désormais, toi et moi on va devenir invincible...

L'attrapant pour l'attirer vers moi, je le dévore du regard, scellant ma bouche sur la sienne, comme une promesse que je ne l'utiliserais jamais, jamais comme l'a fait le président. 

Gabriel & Jordan - Une romance politique et interdite [Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant