Chapitre 11 - Il faut que ça s'arrête (Jordan)

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Me faire pomper le dard par Marion m'a permis de me soulager. Mes frustrations se sont envolées, convolant avec l'oubli des détails. Mes œillères bien ajustées, il n'est pas question que je pense au moment où...où...non, je ne le dirais et vous ne pourrez me forcer.

Travaillant d'arrache pied, j'ai concédé à aller dîner au Fouquet's, territoire du président pour le dîner d'anniversaire d'une personnalité publique dont je ne sais rien. Marine m'a expliqué que Charlotte François est une mécène de l'ombre, une femme qui fournit le parti politique qui la séduit le plus. Je ne pige pas trop le concept, ma mentor m'a simplement fait remarquer qu'il n'y a rien à piger. Elle a de l'argent, elle s'amuse avec et son kiffe c'est de se payer celui qui lui lèchera le mieux le cul. Un instant, j'ai cru qu'il fallait que je la séduise, mais non. Une vieille riche veut voir ramper des gens importants pour leur filer de la thune...

Je suis donc au restaurant à converser allègrement avec d'autres quand j'ai la sensation d'être dévisagé. Il me faut peu de temps pour réaliser l'arrivée de Gabriel Attal. Putain...

Dans son costume brun, il est tellement anecdotique, un premier de la classe qui n'intéresse personne et dont on ne se souvient que grâce à la photo de classe. Et encore, il sera désigné comme "le type, là". Je ne peux pas m'empêcher de me raidir, des souvenirs me remontent, aucune envie Dieu merci ! Mais je préfère ne pas m'intéresser à lui, si je l'ignore, il me foutra la paix...

Ses yeux accrochent les miens, je le toise un court instant, il me sourit, me salue de la main. Le niveau de génance est ce qu'il est. Croit-il que nous sommes amis ? Ou ... plus ? Il espère quoi de moi ? Une réponse, un sourire ? Je le méprise d'une œillade et m'excuse pour aller aux toilettes. J'ai besoin de me rafraîchir et surtout de ne pas le saluer alors qu'il a amorcé le tour des salutations.

Ce type est un gland infini, probablement poussé par son parti à me foutre dans son lit pour retourner la situation. Si les macronistes s'imaginent que je vais devenir un putain d'idéologiste woke qui s'enfile des mecs, ils se mettent une poutre dans l'oeil. La mienne ne sortira pas de mon pantalon.

Tu as jouis en pensant à lui...

La culpabilité est une toute petite voix dans mon crâne que j'ai envie de buter, je ne l'écoute pas alors que je m'asperge le visage d'eau et que je reprends mes esprits. Je n'ai pas giclé en pensant à Attal, j'ai eu une pensée parasite pendant que je baisais la belle gueule d'ange de Marion...NUANCE!

Quand je me retourne, il est là.

- Putain...

Dévisageant le reflet du brun à travers le miroir, je secoue la tête.

- T'as pas mieux à foutre que de me suivre jusqu' ici ?

- Je me dis que je te laisse tranquille, tu vas te mentir encore un long moment.

- Va te faire foutre ? lâché-je avec incompréhension.

Que voulait-il insinuer ... non, je savais exactement ce qu'il désirait dire, mais je n'étais pas très chaud sur le sujet.

- Par toi ? Volontiers ?

Ok ce mec est devenu taré, il me dévore du regard et je peine à me contenir. Cela fait grandir une colère brutale en moi, une fureur même. Puis-je la contrôler ou vais-je me faire submerger ? Je n'en sais rien. Il croit quoi ? Que je vais me mettre à lui rouler des patins en sautillant sur place comme une fiotte soudain agitée par l'illumination de l'arc-en-ciel ?

Désireux de ne plus lui laisser la main, je m'avance jusqu'à ce qu'il me fasse barrage. Faire barrage au RN, une mode qui me casse un peu les couilles à l'instant T. Je le toise de toute ma hauteur, m'imposant sur sa petite personne. Cela m'électrise quelque peu de le dévisager ainsi, lui qui continue de me bouffer des yeux comme si j'étais sa terre promise.

- Tu veux vraiment que je t'en mette une Attal ? T'es maso en plus d'être PD ?

Le mouvement qu'il initie déclenche mon impulsivité, je le vois fendre toute barrière et, tétanisé, je le chope par le col pour le plaquer contre le mur immaculé. Ma silhouette pressée contre la sienne par la hargne, je n'ai jamais été regardé comme cela, jamais. Il me désire, il me sourit, il a envie de m'apaiser j'ai l'impression et c'est ce qui fait grandir et grossir cette hargne ! Je veux qu'il arrête, je veux que ça cesse...

Je refuse d'entendre mon cœur palpiter si vite, je refuse de discerner mon corps s'ébranler, je...je pourrais...

Son visage s'approche, je resserre ma prise, le poing menaçant, il ne faiblit pas, je...je tremble et...

Gabriel & Jordan - Une romance politique et interdite [Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant