Chapitre 20 - Tu as trahi LRM ! (Gabriel)

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Lorsque je quitte l'hôtel, épuisé de fatigue, le corps courbaturé, le parfum de Jordan flotte encore sur moi. Dans mes oreilles, j'entends encore ses râles de plaisir. Sur ma peau, je sens toujours ses mains, me frappant, me caressant, comme ses lèvres dévorant les miennes. Je me souviens de ses ordres, de ses insultes, de ses mots doux aussi.

J'ai baisé avec Jordan Bardella cette nuit.

Et je crois même qu'à partir d'un certain moment, on a fait l'amour. Alors que le soleil était en train de se lever, et que nos corps, couverts de spermes, de fluide, de sueur, et épuisés d'avoir trop hurlé, menaçait de nous emporter dans les bras de Morphée, Jordan m'a encore une fois pris, plus lentement cette fois-ci, en me fixant dans les yeux. Quelque chose s'est passé entre nous à ce moment-là. Une chose qui a fait battre mon cœur avec frénésie, et qui m'a rappelé la première fois que je suis tombé amoureux d'un homme.

Sauf que là, il s'agit de Jordan Bardella, le chef du RN, le petit chien de Marine Le Pen. Et ce n'était pas prévu.

Tout en quittant l'hôtel, j'envoie rapidement un SMS à Joyce.

Gaby :

J'ai couché avec Jordan.

Et ça m'a plu.

Je suis encore plus paumé.

Sa réponse ne tarde pas.

Joyce :

J'en étais sûre.

Sympa ma pote, elle ne m'aide pas là. Elle me demande si je veux en discuter. Je serai bien tenté de dire oui, sauf qu'au même moment, je reçois un appel du cabinet du président. Je décroche, le cœur battant, un peu stressé aussi. C'est la voix de sa secrétaire qui me somme de venir le plus vite possible à l'Élysée. Étonné par l'urgence de son ton, je hèle un taxi. Je n'ai quasiment pas dormi, mes yeux piquent, j'aurais besoin de prendre une douche, de me changer et de boire plusieurs cafés, mais je n'ai malheureusement pas le temps. Je me glisse dans le taxi quand il arrive et donne l'adresse du président. Heureusement, ce n'est pas très difficile à trouver.

Vingt minutes plus tard (merci les bouchons parisiens) me voilà qui salue la garde républicaine et qui entre dans la cour de l'Élysée. En quelques enjambées, j'ai grimpé les escaliers menant au bureau du président qui m'attend. J'ai à peine refermé la porte que je vois que quelque chose ne va pas. Emmanuel a les lèvres pincées et tient son portable entre les mains. Il a l'air agacé. Il a ce regard qu'il prend toujours quand il s'exprime à la télé, celui que je déteste et qui lui donne un petit air de premier de la classe, condescendant, sûr de lui.

– Quelque chose ne va pas ? demandé-je.

Je m'attends à une affaire grave, genre Poutine qui déclare la guerre à la France, les parisiens qui se révoltent ou encore les profs qui ont attaqué le Ministère de l'Education Nationale. Mais au lieu de ça, mon amant braque son téléphone vers moi :

– C'est quoi, ça ?

Je prends le portable et fais défiler les photos. Sur les images, j'aperçois deux silhouettes, l'une contre l'autre (je dirai même l'une dans l'autre pour certaines) et nous reconnais, Jordan et moi, cette nuit.

Putain le con, il a pas osé ?!

– Je rêve ou tu m'as fait suivre ? m'exclamé-je.

– Tu m'as trompé.

Oh ! Alors il est jaloux ! Genre pour de vrai ? Ça devrait me faire quelque chose. Je devrais m'en réjouir. C'était le but recherché : qu'il s'intéresse à moi. Qu'il se rappelle combien il m'aimait et qu'il accepte de voir enfin la réalité sur nous deux. Qu'il ait mal, qu'il pleure, et me supplie de le reprendre. Sauf que maintenant que je le regarde, avec son air agacé et sûr de lui, je me rends compte que sa crise de jalousie me met juste en colère qu'autre chose. Emmanuel ne me fait plus envie. Je ne sais même plus pourquoi j'étais amoureux, hier encore. Après avoir passé la nuit dans les bras de Jordan, mes sentiments ont évolué. Il a été à la fois doux et brutal, bestial et sauvage.

Cette nuit, j'étais avec un homme. Un vrai.

Pas comme Manu.

– Ce n'est pas comme si on était en couple, rappelé-je. Tu es marié, et je ne suis qu'un passe-temps pour toi, non ? Je suis libre d'aller voir qui je veux.

– Mais pas Jordan Bardella !

Je reconnais que j'y suis allé un peu fort. Je m'attends à une petite leçon de morale, mais là, Manu me sort :

– C'est fini, Gabriel. Tu peux faire tes affaires.

– Pardon ?

Je rêve ou il me vire ?

– J'attends ta démission sur mon bureau, demain, au plus tard.Tu as trahi le parti en couchant avec le RN !

J'éclate de rire. Non mais il se fout de ma gueule là ?! La colère enfle.

– Comment tu as eu ces photos, au fait ? Tu m'as fait suivre ?

– C'est Brigitte qui me les a donné.

– Brigitte !?

Mais quelle pétasse !

C'est alors que la porte arrière du bureau s'ouvre, révélant le visage botoxé de Brigitte Macron. Tirée à quatre épingles dans son tailleur, elle s'avance, un sourire victorieux sur les lèvres.

– Tu ferais mieux de partir, Gabriel, ou je balance tout à la presse ! Toi, comme ton amant, allez tomber.

Sa main se glisse dans celle de Manu. Un grand sourire étire ces traits. Bravo Madame la Professeure, je dois reconnaître le génie. Emmanuel baisse la tête. Brigitte a gagné. C'est elle qui tient les rênes du couple. Elle a eu ce qu'elle voulait : je quitte son amant, LRM, et Bardella n'est plus un obstacle. La France est sauvée grâce à Brigitte Macron.

– Connasse !

Je donne un coup contre le bureau et fait tomber les dossiers sur le sol. C'est puéril, je sais ! Mais ça fait un bien fou.

– Allez vous faire foutre tous les deux.

Je me casse de l'Élysée.

Mais un jour, je reviendrai, je m'en fais la promesse. Sauf que je serai à la tête de ce foutu pays ! 

Gabriel & Jordan - Une romance politique et interdite [Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant