Chapitre 5 - Jouons 🌶️ (Jordan)

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Lorsque mon chauffeur me dépose à Matignon dans la fraîcheur relative du matin, je n'ai absolument aucun doute sur ce qu'il va se passer. Gabriel Attal va avoir à faire à un véritable mâle Alpha et il pliera en beauté. Je n'ai aucun doute sur cette évidence. Pas après la vidéo que j'ai vu, pas après ces petits râles de plaisir qu'il faisait en appelant Emmanuel, pas après son obéissance évidente. Il va ployer face à moi.

Et la vision de sa domination est pour le moins parfaite !

Mener la danse, je suis fait pour cela. Je crois en moi et mon entrée sur la scène politique va se poursuivre. L'air n'est plus au vieux, mais aux jeunes têtes d'affiches qui ressemblent à la nouvelle génération d'électeurs. C'est eux qu'il faut séduire...mon petit plus est évident : je suis un gamer, je parle à la jeunesse et j'ai en prime tout du gendre idéal hétérosexuel. Je suis l'avenir politique et de ce pays, Gabriel n'est qu'une blague wokiste. C'est fort de toutes ces convictions que j'arrive chez lui.

Quand je passe la porte, habillé de mon costume bleu marine, j'ai la certitude que je vais le tenir dans la paume de ma main. Comment cela pourrait-il être différent ? Son expression inquiète, ses yeux fuyant, son attitude nerveuse... tout cela m'incite à prendre mes aises et m'imposer.

Je m'avance, comme si j'étais chez moi et accepte le café qu'il me propose. Être le maître de la situation me rend dur. J'inspire et alors qu'il fuit mon regard, se concentrant sur la machine à expresso...

Il a mal boutonné sa chemise, le col de sa cravate n'est pas impeccable, je suppose qu'il est nerveux, mal à l'aise. Putain, c'est grisant! Cette sensation est une dinguerie. Je comprends quand Marine me disait que je ne connaîtrais jamais de meilleur instant que celui  d'avoir la main dans le jeu de la politique.

C'est peut-être aussi bon que de s'envoyer en l'air.

Il dépose sa tasse devant moi et s'installe à mon flanc. Son ongle accroche un autre, il a visiblement maltraité sa manucure, je remarque qu'une cuticule saigne.

Bichon...

Bien observer son adversaire est la clé de la réussite. Savoir discerner le non verbal, deviner ce qui n'est pas comme d'habitude, c'est un art.

– Qui t'a envoyé la vidéo ?

Alors qu'il ne me regardait pas, ses yeux se posent enfin sur moi. Ses iris sombres me scrutent, il y a tellement de soucis dans ce regard réservé. Dans un flash, je les revois pleins de désirs, fiévreux et impatients... c'est un cochon ce petit Gabriel. Je fais une moue, reste muet, hausse les épaules et ne dit rien.

– Je vois.

Il s'énerve tout seul, c'est déstabilisant pour lui d'être à ma merci. Moi, cela me fait sourire, j'adore cette emprise, je pourrais tout lui demander qu'il accepterait et il doit attendre la sentence. Est-ce que je l'impressionne ?

–  On s'en fout, qui, non ? Toi et moi, nous savons que l' important c'est surtout qui tu suces avec autant d'avidité. Je me doutais que tu étais un passif soumis, mais pas à ce point.

Je ricane, grossier, un peu vulgairement beauf et lui demeure impassible. Il soupire, comme las. Déjà ? Je ne fais que commencer pourtant. Je prends même mes aises, saisissant la tasse de café pour siroter le nectar. En cet instant, rien ne pourrait me faire croire que je ne vais pas faire ce que je désire. Rien ne pourrait me faire imaginer que je ne suis pas le maestro.

– Tu m'imaginais autrement ?

Sans avoir remarqué qu'il s'est légèrement tourné vers moi, je me contente de faire une moue. Comment je l'imaginais dans l'intimité ? Je ne me suis jamais posé la question car je n'en ai jamais rien eu à foutre de ses prouesses privées.

– Je ne t'imaginais pas surtout, ricanné-je.

– Et ça t'a plu de me voir comme ça ?

Je hausse un sourcil et le dévisage, l'intonation de sa voix a changé, il semble chercher un truc. Putain, me dites pas que c'est une sorte d'exhib en plus du reste ? Remarquez, il peut adorer l'humiliation ... petite salope...

– Tu peux me le dire, si ça t'a plu à ce point, on est entre nous, Jordan...

– Quoi ?

Mon manque d'éloquence se pose là. En une fraction de seconde, il retourne la situation et sous-entend que j'aime les hommes ? Je rêve ? Son ascendance me paraît une évidence, alors qu'il était tout en bas de la colline, il remonte la pente à une telle vitesse que je perds pieds. Qu'est-ce que je dois faire ? Marine ne m'a pas du tout briefé sur une telle possibilité ! Putain!

L'amant du président me sourit, paisible, il défait sa cravate.  J'observe le début de son cou avec son torse, imagine son poitrail et déglutit tandis qu'il se rapproche. Il me fait quoi ? Je ne suis pas PD comme lui! Je...

– Je sais reconnaître un mec qui joue les durs pour cacher ce qu'il aime vraiment...

Je ricane, la chique un peu coupée, je le reconnais. Dans mon esprit, en une fraction de seconde, c'est l'évidence : il reprend la main et me provoque, cela fonctionne. L'enfoiré. Dans les jeux politiques, beaucoup de coups bas sont permis et celui-là n'est qu'un des plus classiques.

Reprenant contenance, j'éclaircis ma voix et bombe le torse, nous sommes trop proche, le parfum hors de prix dont il se badigeonne me vient au nez, c'est agréable.

– Et j'aime quoi selon toi ? Les petites salopes soumises dans ton genre ?

– Bien évidemment, tu es un mâle, un Alpha, toi tu aimes qu'on te dise qu'on te veut...ou qu'on te le fasse comprendre.

Je me raidis, sa main est sur mon chibre.

Gabriel & Jordan - Une romance politique et interdite [Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant