For The Love Of Death T1 et T2

Cybèle

Écoutez - Ruelle - War of Heart
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- Tu sais où tu vas ?

Le loup sous moi grogne, ses crocs effleurant l'air comme s'il cherchait à m'avertir de quelque chose. Ses pattes puissantes martèlent le sol, chaque pas résonant dans cette étendue désolée. Le vent porte l'odeur de la mort, de la décomposition, mais aussi une vague empreinte de magie ancienne, quelque chose d'insaisissable. Eldiade... Le nom m'avait été murmuré par un ancien esprit, un être évanescent croisé dans les ombres de mon royaume. Ce n'était pas Death qui m'avait guidée ici, mais cette voix, ce murmure venu de l'autre côté du voile.

Je ne m'étais pas attendue à cela. Eldiade, ce lieu autrefois légendaire, n'est plus qu'un désert de cendres, une terre ravagée par une puissance que je peine à concevoir. Rien ne pousse ici, rien ne respire, à part ce silence lourd, écrasant, comme si la terre elle-même était en deuil. J'avais entendu les légendes, les histoires de cette contrée, mais voir de mes propres yeux cet enfer désertique... cela dépasse tout ce que j'avais pu imaginer.

Mon esprit vagabonde, cherchant à comprendre ce qui a bien pu se passer. Le murmure de l'esprit me revient en mémoire, une voix teintée de tristesse et de désespoir, me parlant de la chute de ce royaume, de la trahison d'une divinité ancienne, du Néant qui l'a englouti. Cette voix avait résonné en moi, une plainte que je n'avais pas pu ignorer. Pourtant, je ne m'attendais pas à une telle destruction.

Le froid s'insinue sous ma peau, plus que le simple froid de la nuit. C'est comme si le Néant lui-même s'étendait pour me toucher, pour me faire ressentir sa faim insatiable, son désir de tout dévorer. Je resserre mon emprise sur les rênes de Fenrir, qui continue de courir avec une détermination féroce. Il sent, lui aussi, le danger qui rôde. Je ne suis pas la bienvenue ici, et lui non plus. Mais nous n'avons pas le choix. Nous devons continuer.

Mes pensées s'attardent sur Death, même si ce n'est pas lui qui m'a menée ici. Je pense à tout ce qu'il a fait pour moi, à ce lien étrange qui nous unit malgré tout. Il n'a jamais compris pourquoi j'étais si insensible, pourquoi je me refusais à lui accorder une quelconque attention. Pourtant, il a continué, toujours présent, toujours à mes côtés. Mais cette fois, c'est différent. Ce n'est pas lui que je cherche. C'est Ephemery, cette entité oubliée dont l'esprit m'avait parlé.

La terre sous les pattes de Fenrir commence à changer. Le sol, autrefois craquelé et stérile, laisse peu à peu place à une herbe tendre et verte. Une étrange lueur apparaît à l'horizon, comme un mirage dans ce monde de désolation. Une vallée s'étend devant nous, une oasis de vie au milieu du Néant. C'est comme si la nature elle-même s'accrochait désespérément à ce dernier bastion, refusant de céder à la destruction.

Fenrir ralentit, sa respiration lourde dans l'air soudain plus doux, plus accueillant. Je descends de son dos, mes pieds s'enfonçant dans la terre moelleuse, et une sensation de calme m'envahit, mais elle est vite éclipsée par une tension sous-jacente, comme si cet endroit, malgré sa beauté, cachait quelque chose de terrible.

Je m'avance prudemment, mes yeux captant chaque détail de cet endroit improbable. La lumière, ici, est différente, plus douce, presque dorée. Les arbres, immenses, ont des feuilles d'un vert éclatant, comme une promesse de renaissance. Mais il y a aussi une fragilité dans cette beauté, comme si elle ne tenait qu'à un fil. C'est là que je le trouve.

Ephemery. Il se tient là, au centre de la clairière, mais il n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Pas une divinité millénaire, ni une créature d'une sagesse infinie, mais un enfant. Un simple enfant, avec des yeux aussi vastes que l'univers, mais dépourvus de toute reconnaissance. Il est jeune, si jeune, et il semble aussi perdu que moi.