𝟎𝟓 | 𝐋𝐚 𝐌𝐮𝐬𝐞

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Carl

Miami, 2h00

Elle était là.

Je commençais presque à croire que cette soirée au Black Diamond, il y a deux mois, n'avait été qu'un rêve. Ce n'était pas seulement parce que j'avais dansé avec une parfaite inconnue, mais aussi parce qu'elle m'avait dépouillé avec une telle habileté que je me sentais comme un putain de débutant.

Ezra se fout encore de ma gueule à cause de ça.

La souvenir de cette nuit me hantait, chaque détail revenait en boucle : la musique envoûtante, les lumières tamisées, et surtout, son sourire mystérieux qui m'avait piégé. Je ne pouvais pas croire que je m'étais laissé prendre aussi facilement, moi qui pensais avoir tout vu. La frustration et l'admiration se mélangeaient en moi comme un cocktail amer.

Je me souvenais encore avec une vivacité presque douloureuse du moment où elle avait franchi le seuil de l'hôtel. L'air lui-même semblait s'être figé, comme pour immortaliser cet instant. Tous les regards, sans exception, s'étaient aussitôt braqués sur elle, captivés, envoûtés. Le mien n'avait pas échappé à cette attraction inévitable. Comment aurait-il pu en être autrement ? Sa beauté transcendait l'évidence et m'avait transpercé comme une lame. Elle avait laissé un sillage de murmures étouffés derrière elle. Ces murmures, je les sentais autour de moi, s'infiltrant dans l'atmosphère avec une intensité palpable. Un mélange d'admiration brûlante et de jalousie acide émanait des autres femmes.

Mais ce n'était pas son apparence physique qui m'avait attiré irrésistiblement vers elle. Des belles femmes, j'en avais déjà rencontré et même baisé. Non, ce qui me magnétisait chez elle, c'était cette aura qu'elle dégageait, cette maîtrise absolue de soi qui la rendait unique. Il ne m'avait fallu que quelques instants pour sentir cette confiance en elle, si solide qu'elle semblait indestructible. C'était comme si elle contrôlait le monde autour d'elle, et je n'avais jamais rien trouvé d'aussi enivrant.

Chaque mouvement de sa part paraissait soigneusement orchestré pour séduire quiconque posait les yeux sur elle. Elle ignorait ceux qui l'entouraient, consciente de susciter ainsi la frustration chez les hommes. Je suis presque certain qu'elle prenait un plaisir pervers à devenir l'objet de toutes les convoitises, se délectant de l'agitation qu'elle provoquait autour d'elle.

Bien sûr, je me doutais bien qu'il y avait quelque chose de louche. Cela m'avait  donner une excellente excuse pour aller vers elle. Pour une fois, je ne m'étais pas senti à mon aise. Elle était probablement bien plus forte que moi dans l'art de tromper les autres, et cela m'avait rendu nerveux.

Résultat : elle m'a fait danser pour me voler.

Quand je m'en suis rendu compte dans la voiture sur le chemin du retour, c'était comme si le monde s'était arrêté un instant. J'étais stupéfait, presque abasourdi. Un tourbillon de sentiments contradictoires m'avait submergé, m'assaillant de toutes parts. Était-ce une admiration tordue pour la finesse de sa manipulation, ou bien une honte brûlante de m'être laissé embobiner si facilement, et pire encore, par une femme ? C'était la première fois de ma vie que je me sentais à la fois humilié et étrangement satisfait d'avoir été dupé. Cette satisfaction malsaine se mêlait à une culpabilité sourde, créant en moi un chaos émotionnel qui me laissait perplexe, incapable de démêler ce que je ressentais vraiment.

— Tu te rends compte ? C'est de la folie, mec ! La pickpocket est la ! s'exclamait Ezra en sautillant presque de joie.

Oh oui, je le sais.

— Ouais, répondis-je en espérant qu'il se calme.

— T'as vu la tête qu'elle a fait ? Je crois qu'elle n'était pas ravie de te revoir.

𝐀𝐥𝐥 𝐓𝐡𝐞 𝐋𝐢𝐞𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant