Carl
16 Novembre.
Villa des Lawson, 10h06.Un vif élancement traversa ma main, me ramenant brutalement à la réalité. Je baissai les yeux et constatai que ma tasse de café venait de se briser dans ma poigne. Des éclats de porcelaine jonchaient le sol, tandis qu'un filet de sang s'échappait de ma paume, entremêlant la douleur physique à celle qui oppressait déjà mon esprit. L'odeur métallique du sang se mélangeait à celle du café renversé, un rappel cruel de l'urgence de la situation.
— Allo ? Vous êtes encore là ? s'impatientait l'homme que j'avais au téléphone.
— Oui... oui je suis encore là, répondis-je d'une voix presque tremblante, tentant de maîtriser les battements frénétiques de mon cœur. Je saisis un chiffon pour contenir le saignement, mais une nausée montait en moi, menaçant de faire éjecter mes organes un à un. Je vais tout faire pour comprendre ce qu'il s'est passé et régler ce problème.
C'est faux,
je n'ai aucune idée de comment régler ça.Je suis un homme mort.
— Tant mieux pour vous, sinon je m'assurerai que votre famille voie chaque goutte de votre sang se vider, répliqua le chef de la mafia canadienne avec une voix, glaciale.
— Je sais, lâchai-je sèchement avant de raccrocher si violemment que j'eus presque l'impression d'enfoncer mon doigt dans l'appareil.
Le silence retomba sur la pièce. Un silence assourdissant, oppressant, pire que le cri de la mort elle-même. J'avais eu l'envie fugace de me coller une balle entre les deux yeux. Mais la réalité me rattrapa, m'enfermant dans un tourbillon de frustration et de panique.
Comment cela a-t-il bien pu arriver ?Il y a quelques jours encore, tout semblait sous contrôle. J'avais donné mon feu vert pour le départ du convoi d'armes vers le réseau canadien. C'était l'opération la plus sensible que j'avais jamais orchestrée, et la seule à ne surtout pas échouer. J'avais élaboré le plan dans le plus grand secret, évitant même d'en parler à mon père, qui me voyait encore comme un gamin irresponsable. Je voulais lui prouver qu'il avait tort, montrer que j'étais prêt à assumer de grandes responsabilités. Mais maintenant, tout était en ruines.
Je n'arrivais pas à comprendre où j'avais échoué. Chaque détail avait été minutieusement planifié, chaque étape soigneusement calculée. Pourtant, devant l'écran de mon ordinateur, les informations que je découvrais sur l'accident du convoi ne faisaient qu'amplifier ma rage. Les chauffeurs avaient été victimes d'une attaque d'une brutalité inouïe : un laser d'une puissance extraordinaire leur avait brûlé les yeux, les plongeant dans une agonie inimaginable avant de les laisser sombrer dans l'inconscience. Et comme si cela ne suffisait pas, l'un d'eux, miraculeusement encore en vie après l'accident, avait été froidement exécuté. Aucun témoin, aucune trace, le néant total.
Je revérifiais alors mes dossiers sur la transaction et lorsque je compris mon erreur, ma seule putain d'erreur, j'avais l'impression d'être immergé violemment dans un lac d'eau glaciale. J'avais oublié un code sécurité. Alors que la panique commençait à m'envahir, Rachel entra dans la cuisine, l'air léger, presque dansant, son sourire rayonnant illuminant la pièce. Elle ignorait tout de la catastrophe imminente qui menaçait de m'engloutir, de nous engloutir. En l'espace de quelques heures, tout pouvait basculer, tout pouvait être perdu.
— Sors immédiatement de cette cuisine ! lui hurlai-je, incapable de réprimer la rage qui grondait en moi, mes mains tremblant d'une fureur incontrôlable.
Elle s'immobilisa, les yeux écarquillés, son sourire s'effaçant brusquement. Mon cri l'avait pétrifiée, et je regrettai instantanément ma réaction. Rachel n'avait rien à voir avec ma négligence, elle n'était en rien responsable de la situation. Pourtant, elle se retrouvait à en subir les conséquences. Son regard, mélange d'incompréhension et de reproche, me poignarda le cœur avant qu'elle ne tourne les talons, sortant de la pièce d'un pas brusque. La porte claqua derrière elle, résonnant dans la cuisine désormais vide.
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𝐀𝐥𝐥 𝐓𝐡𝐞 𝐋𝐢𝐞𝐬
Romance𝙳𝚎́𝚌𝚎𝚖𝚋𝚛𝚎 𝟸𝟶𝟸𝟶, 𝚁𝚞𝚜𝚜𝚒𝚎. 𝙇𝙖 𝙛𝙪𝙞𝙩𝙚 𝙣'𝙚𝙨𝙩 𝙥𝙖𝙨 𝙩𝙤𝙪𝙟𝙤𝙪𝙧𝙨 𝙪𝙣 𝙖𝙘𝙩𝙚 𝙙𝙚 𝙡𝙖̂𝙘𝙝𝙚𝙩𝙚́ ; 𝙥𝙖𝙧𝙛𝙤𝙞𝙨, 𝙘'𝙚𝙨𝙩 𝙪𝙣 𝙘𝙧𝙞 𝙙'𝙚𝙨𝙥𝙤𝙞𝙧. Tandis que j'errai dans les ruelles de Kazan, la neige gelée tom...