𝟎𝟐 | 𝐋𝐚 𝐂𝐚𝐟𝐞́𝐭𝐞́𝐫𝐢𝐚

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Victoria

18 Août 2022
Miami, 11h45.

J'étais affalée sur ma table, le regard perdu dans le vide. Bien loin de ma posture droite habituelle que je m'obligeais à adopter. J'ignorais si mon état végétatif était dû à la fatigue ou à l'ennui que j'éprouvais. Pour aggraver les choses, Sofía n'était pas là. C'était elle qui me poussait à ne pas procrastiner pendant ce cours les autres jours.

Ce maudit rendez-vous médical.

— Et c'est ainsi que nous concluons notre exploration de l'art moderne aujourd'hui. Je vous rappelle les thèmes abordés a cette séance : les mouvements audacieux, les artistes visionnaires qui ont repoussé les limites et une redéfinition de notre perception de l'art, acheva le professeur Whitman.

Enfin.

Je ramassai les quelques feuilles que j'avais sorties, espérant me donner bonne conscience et oublier que je ressemblais plus à un cadavre qu'à une jeune étudiante. Je les fourrai dans mon sac à main avant de quitter la salle.

Cela faisait maintenant presque une semaine que j'avais commencé mes cours à la faculté d'histoire de l'art de Miami. Bien que je ne sois pas une passionnée, j'appréciais cette dernière de manière modérée. J'avais choisi cette voie non par amour, mais en vue de mon futur business.

Je pris la direction de la cafétéria pour me prendre un cappuccino en attendant le retour de ma meilleure amie. La salle était étonnamment vide, seulement occupée par quelques étudiants trop absorbés par leurs travaux pour me prêter attention.

Je m'approchai de la machine et commandai ma boisson. Soudain, une main tapota mon épaule. Une fille de mon âge, avec un air gêné, se tenait devant moi.

— Excuse-moi, est-ce que tu pourrais me donner quelques pièces pour un café ? J'ai oublié mon porte-monnaie ce matin et si je n'en bois pas un maintenant, je vais devenir folle, demanda-t-elle en passant sa main dans ses cheveux.

Je laissai échapper un petit rire et lui tendis quelques pièces. C'est vrai que sans ces machines, nous aurions bien du mal à survivre aux cours de certains profs dotés d'une tension inférieure à celle d'une grand-mère en phase terminale.

Pardon monsieur Whitman, mais c'est vrai.

Je m'installais à une table et la fille au café vint s'asseoir en face de moi. J'en profita pour admirer sa beauté. Elle avait de magnifiques yeux gris clairs qui semblaient capturer la lumière ambiante. Ses cheveux châtains fins et lisses encadraient doucement son visage, tombant en vagues le long de ses épaules. Son teint clair était éclatant, mettant en valeur ses traits délicats et sa peau lisse et lumineuse.

— Merci beaucoup, je te revaudrais ça ! Au fait, je m'appelle Rachel et je suis en classe d'administration des affaires. Et toi ?

— C'est rien pour le café, répondis-je, surprise par sa vivacité naturelle. Je m'appelle Victoria et je suis en histoire de l'art.

— Oh, c'est génial l'art je trouve ça passionnant mais je n'ai pas vraiment eu le choix pour mes études, disait-elle d'un air triste.

— Tu peux toujours l'étudier en dehors, tu sais. Si tu veux, je pourrais t'emmener dans un super musée pas très loin.

Le musée où tu as volé une statue aztèques ?
Oui, effectivement.

— Vraiment ? demanda-t-elle, ses magnifiques yeux s'illuminant d'étonnement et de joie.

Cette fille a l'air incroyable, bon sang.

J'acquiesçai tout en réalisant à quel point elle et Sofía s'entendraient à merveille. Elles partageaient toutes les deux une joie de vivre naturelle qui illuminait leur entourage, et j'étais fascinée par cette énergie et leur capacité à trouver du bonheur dans les petites choses de la vie. Parfois, j'enviais cette insouciance et ce bonheur simple.

𝐀𝐥𝐥 𝐓𝐡𝐞 𝐋𝐢𝐞𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant