Ma maison ne ressemble en rien à celle dans laquelle je vivais en France. Avant, elle était vieille, à moitié en ruine, située en pleine campagne, perdue au milieu de nulle part. Il fallait parcourir trois kilomètres pour trouver le magasin le plus proche, et encore, il ne fournissait que le strict minimum de nourriture et à un prix effroyable !
À présent, j'habite dans une maison moderne qui vient d'être construite. Nous pouvons faire les courses sans avoir besoin de prendre la voiture et nous sommes à dix minutes du lac.
Celui-ci avec son sable doré, les rochers sur lesquels tu peux t'asseoir et tremper tes pieds dans l'eau bleu turquoise et foncée, les quelques poissons qui nagent dedans.
Toutes ces choses sont si banales, mais en même temps si parfaites. Comme si, au bord de ce lac, le malheur n'existait pas. C'est un paradis.
Je m'installe sur un rocher, les pieds dans l'eau. Je sors mon carnet et mon crayon, puis j'écris.
L'écriture est ma passion. Elle a un pouvoir si puissant, si apaisant sur moi que je la pratique tous les jours, matins et soirs.
Mes émotions ne sortent jamais de mon cœur, je ne suis pas une personne qui va crier sur tout le monde, qui va pleurer à tout bout de champ ... Non. Je ne suis pas comme ça.
Je suis renfermée sur moi-même, ma tristesse, je la contiens. Ma colère, je la maîtrise. Mais parfois, il faut que ça sorte, comme me l'a si bien dit ma psychologue, en France.
Mais, ce n'est jamais sorti. C'est toujours resté à l'intérieur, et c'est bien mieux comme ça.
L'écriture m'aide à m'apaiser.
Je suis TDAH. Aussi, c'est pour moi une victoire personnelle lorsque, chaque jour, j'arrive à me poser pour écrire.
Chaque jour que je passe dans ce monde, je triomphe de tout ce qui me pousse à partir. Autant pour moi que pour mes proches, qui tiennent à moi. À tout moment, je pourrais décider de quitter ce monde. À tout moment, je pourrais décider de sauter la tête la première depuis un rocher élevé et m'ouvrir le crâne. Je pourrais nager jusqu'à épuisement, jusqu'à ce que je n'aie plus de force et mourir noyer au fond de l'eau. Je pourrai attendre qu'une voiture arrive et bondir sur la route de sorte que l'impact soit inévitable et que je n'ai aucune chance de survie.
Parfois, ces pensées me traversent l'esprit, mais je ne sais pas pourquoi, je ne les met pas à exécution. Il y a surement quelque chose qui me rattache encore à cette misérable vie. Je ne sais pas ce que c'est, mais je suppose que je devrais la remercier ?
En dépression depuis deux ans à cause de ce qui s'est passé ce jour-là, je ne peux m'empêcher de regarder mes bras et de rêver à ce temps où j'étais insouciante, rêveuse, entourée, ... J'ai tenté de me suicider pas mal de fois à cause de ça.
Je sors de mes pensées en entendant des voix près de moi.
Une femme brune, de taille moyenne et assez corpulente avance dans ma direction. Un moment, je pense que c'est ma mère, mais elle va directement dans l'eau et va chercher un petit, sûrement son enfant.
Ce journal qui contient mes pensées, les non-dits ... Tout ce que je ne peux dire.
Je pose la pointe de mon crayon sur le papier, ferme les yeux et laisse les sensations m'envahir. Les mots se déversent sur la page, inlassablement. Je me libère de tout ce qui me fait trop de mal. J'aligne les mots que je sens venir, qui sortent de mon cœur. Je laisse mon crayon écrire.
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La faute au silence
Teen FictionCe n'est pas de ma faute si je n'ai pas réussi à m'exprimer. Il m'a toujours empêché de parler. J'ai tout fait pour parler, mais à chaque fois, le silence me contraignait à rester muette malgré moi. Je suis Lessy Madidet, une adolescente de quatorze...