Chapitre 18

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Cher journal,

Il est 21 heures et je ne trouve pas le sommeil. Comment le pourrais-je de toute façon, avec ce que je viens d'apprendre ? Comment est-ce que je pourrais réussir à mettre de côté ses pensées qui tournent en boucle dans mon esprit, qui me hantent, qui me laisse sans repos ?

Si tu étais vivant, tu me demanderai probablement : Comment as-tu fait pour ne pas le savoir avant ? Il devait bien y avoir des indices !

Oui, c'est vrai, mais je n'y ai pas prêté attention. J'ai oublié son visage. Mais je le vois partout. Leur corps sportif, leur peau métis. Le père de Yan avait les yeux verts. Nathan doit les tenir de lui. Et ses cheveux doivent venir de sa mère. Maintenant que j'ai fait le lien, tout est évident, tout aurais dû l'être il y a longtemps. Comment ai-je fait pour ne pas le remarquer avant ? Pour remarquer tous ces petits détails avant ?

Dois-je encore faire confiance à Nathan ? Si ça se trouve, il sais ce qu'il s'est passé... Peut-être a-t-il fait exprès de se rapprocher de moi ? Pour me faire du mal, pour me reprocher ce qu'il s'est passé, comme mes amis ont fait ?

« Oui, mais il n'était pas au courant parce que tu ne lui a jamais dit ». 1 point pour toi, journal...

« Pourquoi alors avoir peur de lui ? ». Je sais pas. Il y a tellement de scénario possibles qui défilent devant mes yeux, je ne sais plus quoi faire. J'ai tellement peur qu'il se repasse la même chose qu'avec Yan.

C'est pour ça que je refuse que ça devienne autre chose qu'une amitié. Une amitié forte, oui, mais pas plus. Jamais davantage. A cause de Yan. A cause moi.

C'est ma faute ce qu'il s'était passé. Je ne peux pas imaginer qu'il arrive quelque chose à Nathan par ma faute.

On a beau me dire que c'est la faute de Yan, je reste persuadée que c'est la mienne.

Si j'avais pas accepté son invitation.

Si j'avais pas accepté de dormir chez lui.

Si je m'étais assurée que ces parents soient là.

Si j'avais fait attention à ma sécurité. Et à la sienne. A la nôtre.

Tout ça ne se serait pas passé. On serait encore ensemble. Encore en France.

Non, je peux pas me replonger dedans. Je peux pas penser à des futurs qui, de toute façon, ne se passeront pas. C'est fini. Ce rêve bleu est noir. C'est terminé. Et ça le sera toujours.

Et maintenant, Nathan oscille entre la vie et la mort.

Chose sûre, il faut quej'en apprenne plus. Je pourrais questionner Jules et Noah. Et ses parents.

La faute au silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant