Dans deux jours, j'ai école.
Dans deux jours, il faudra que je me mêle aux autres, que j'arrive à m'intégrer.
Aujourd'hui, on a rendez-vous avec le directeur pour « qu'on discute de mon intégration », m'a dit ma mère. Mais je sais qu'on va surtout parler de mon handicap.
En arrivant devant l'école, je reste figée. Elle est immense ! Comment est-ce que je vais me repérer dedans ?
Immédiatement, la panique remonte en moi comme les bulles à ébullition, mais se calme en sentant la main de ma mère se poser dans mon dos. Je lève la tête vers elle et elle me sourit faiblement. Elle aussi doit avoir peur de cet établissement et de comment je le vivrai.
Plus on avance, plus une silhouette se distingue au bout de l'allée. Ce doit être lui le directeur. Faisant environ ma taille, les cheveux grisonnant, il doit avoir une dizaine voire une vingtaine d'année de plus que maman et papa. En nous voyant arriver, il réajuste sa cravate et s'avance à notre rencontre.
- Bonjour, je suis le directeur, suivez-moi, je vous en prie.
On lui obéit et il nous conduit dans ce qui doit être son bureau.
- Lessy rentre donc cette année en deuxième secondaire cette année. Elle a toutes les capacités et les notes pour réussir son année, même si certaines matières comme l'anglais et les sciences seront sans doute plus difficiles étant donné que nous sommes plus en avance qu'en France, dit-il à mes parents.
Puis, il se tourne vers moi.
— Lessy, je ne veux rien te reprocher ni te déstabiliser. Ce ne sont que des questions pour nous aider, les professeurs et moi, à faire en sorte que ton apprentissage soit facile, que tu n'aies pas trop de misère en cours.
Je hoche la tête, stressée.
— Pour commencer, depuis combien de temps tu es au Canada ?
Il fait abstraction de mes parents, comme s'ils n'étaient pas là. Sans doute est-ce pour évaluer mes compétences à m'exprimer.
Je lève deux doigts, lui signifiant deux ans.
J'espère qu'il ne va pas le prendre pour deux mois, deux semaines ou même deux jours !
— deux ans ? Très bien. Tu es donc allé dans une autre école, l'année dernière ?
Je tourne la tête de gauche à droite.
Je ne trouve aucun moyen pour lui dire que je faisais école à la maison jusqu'à présent.
— Donc, tu n'étais pas scolarisée en arrivant ici. Mais, en France, tu allais à l'école, n'est-ce pas ?
À mon hochement de tête positif, il note quelques mots sur la feuille posée devant lui. Puis, il coche quelques cases, tout en continuant à m'interroger sur mon handicap.
Après plusieurs minutes de « discussion », il signe en bas de la feuille et m'explique comment se déroulera mon année.
— Bien. À cause de ton handicap, ce en quoi je ne te reproche rien, car tu as tes raisons et tu n'as pas besoin de t'expliquer, je vais demander à tes professeurs que tu aies quelques aménagements pendant les cours. Tu auras notamment droit à une ardoise où tu pourras écrire dessus si tu souhaites répondre à une question qui nécessite plus qu'un mouvement de tête.
Je hoche la tête, rassurée de voir que je pourrais tout de même suivre les cours, même dans des conditions un peu différentes de celles des autres élèves.
« Est-ce que les professeurs le savent ?»
— Que tu as un handicap ? Non, pas encore, mais bien sûr je les avertirai.
La rencontre se passe plutôt bien et au fur et à mesure que le temps avance, je prends confiance.
En rentrant à la maison, je suis moins inquiète, même si la peur est toujours là et reste tout de même présente. Je ne pourrais pas la faire disparaitre totalement, pas avant d'avoir était totalement rassurée par l'école, avant d'avoir fait ma rentrée et découvert mes camarades.
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La faute au silence
Teen FictionCe n'est pas de ma faute si je n'ai pas réussi à m'exprimer. Il m'a toujours empêché de parler. J'ai tout fait pour parler, mais à chaque fois, le silence me contraignait à rester muette malgré moi. Je suis Lessy Madidet, une adolescente de quatorze...