Prologue 1.8

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Cela fait presque un an que Yan et moi sommes ensemble. Pour être exact, onze mois et vingt-huit jours. Notre amour ne tarit pas, je l'aime encore plus qu'hier, encore plus qu'avant-hier, encore plus que le premier jour.

Mes amies sont persuadées que ce sera le premier et le dernier amour de ma vie. Le seul et le vrai. Moi, ça me fait sourire. Oui, j'y crois. C'est ça ma vie, aux côtés de mon amour.

Aujourd'hui, je vais encore une fois chez Yan. Cela fait deux semaines qu'on ne s'est pas vu, car j'ai été malade et je n'ai pas voulu les contaminer. Ça a été long, mon TDAH m'a fait vivre un enfer : impossibilité de bouger, coucher toute la journée dans mon lit, j'ai failli devenir folle.

- Lessy ! Allez, dépêche-toi, Yan ne va pas t'attendre éternellement !

Yan m'a invité à dormir chez lui ce soir. Bien sûr, ma mère, étant tellement protectrice envers moi, a insisté pour que je lui demande si ses parents seront là. Il a répondu par l'affirmative donc ma mère a accepté.

Ça promet d'être une super soirée !

D'autant que je lui ai annoncé, il y a un mois, que je déménageais à l'autre bout du monde.

Il a été content, plus que ce à quoi je m'attendais, sûrement parce qu'il sait que c'est pour moi une occasion en or de découvrir le monde.

En arrivant chez mon copain, ses parents m'accueillent à bras ouverts. Yan est là, lui aussi, comme d'habitude avec sa cigarette dans la main. Je fronce les sourcils, mais intérieurement, je suis amusée. Il ne changera jamais, toujours en train de se pourrir la santé.

Toute la soirée, nous discutons de nous, de nos amis, de ce que je ferai sans lui.

Vers vingt et une heure, son père toque à la porte de la chambre.

- Nous allons à la soirée de Mathilda. Restez sages, le repas est dans le frigo, il y a juste à le faire chauffer. Nous rentrerons vers minuit, je pense.

Pendant deux minutes, je suis restée figée.

Il m'avais dit que ses parents seraient là. C'est la première fois qu'il me ment, ou du moins, la première fois que je m'en aperçoit.

Je me suis tournée vers lui, avec un sourire sur le visage, espérant ne pas avoir l'air trop contrariée :

- Tu m'avais dit qu'ils restaient à la maison, non ? C'est ce que j'ai dit à ma mère.

- Si je te disais qu'ils sortaient ce soir, ta mère n'aurait jamais voulu que tu viennes dormir à la maison.

- C'est sûr. Tu as seize ans, et moi quatorze.

- Ne t'inquiètes pas, ma chérie. Tout ira bien.

J'ai souri en me répétant mentalement ses paroles.

Ce n'est pas que je ne le crois pas, mais nous avons tout de même deux ans d'écart, et dans un couple, dans une relation, nous n'avons pas les mêmes attentes.

Pour moi, dans une relation amoureuse, je veux des câlins, des baisers, mais aussi de l'attention et qu'il me comprenne, que je puisse me confier à lui dès que j'en ressens le besoin, sans avoir peur qu'il répète tous mes secrets à tout le monde.

Pour lui, qui est plus âgé, c'est différent. Je ne sais pas ce qu'il attends de nous, mais je sais qu'avec sa précédente copine, d'après les rumeurs, ils sont allés loin. Je n'ai aucune idée de ce qu'il faut entendre par là. Mais moi, je ne suis pas comme son ancienne petite amie.

J'espère qu'il le sait.

Nous continuons la soirée dans le calme et j'oublie peu à peu mes inquiétudes et mes doutes.

- Ça te dit un film ?

J'accepte, ravie qu'il me le propose. Nous nous installons dans sa chambre et nous nous blottissons l'un contre l'autre, ma tête reposant sur son torse, sentant ses battements de cœur.

Durant le film, je le sens s'agiter et son pouls s'accélère. Je n'y prête pas attention.

Mais au fur et à mesure, je sens sa main remonter le long de ma cuisse et je le repousse.

- Yan, je te l'ai dit, je ne me sens pas prête pour ça.

- Oui, désolé. Et si on allait se coucher ? Laissons tomber le film, de toute façon, il n'y a pas trop d'actions.

Je me couche à ses côtés et je ne tarde pas àm'endormir, contente d'être auprès de lui, peut-être pour la dernière fois.

La faute au silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant