𝐀𝐑𝐂 𝐈/ 01. Satané loup.

1.5K 86 69
                                        






SUNOO.

Une odeur d'orange sature l'atmosphère.

Sous la cheminée fumante, le feu de bois crépite. Agréable pour se rouler en boule sur le tapis coloré. Dès le moment où j'ai posé les pieds hors de ma chambre, j'ai du rencontrer plusieurs personnes. Des voix, des têtes que je reconnais, ou pas. C'est toujours comme ça chaque matin dans l'immeuble familiale.

Et pourtant, nous les renards sommes connus pour ne pas être très famille.

C'est un stéréotype qui est vrai dans le fond. Nous sommes d'une race très répandue, les renards roux. Et parce que le coût de la vie est plutôt chère, nous vivons à plusieurs dans cet immeuble. Chacun garde quand même son espace personnel et n'empiète pas sur celui de l'autre. C'est un règle d'or pour une cohabitation sans drame.

J'ignore les autres en entrant dans la cuisine.

Maman lance des tas d'injures contre Yeonjun, mon frère aîné de deux ans. La vieille radio tourne encore et passe Be Honest de Jorja Smith. J'ai grandis avec la musique, au sein de gens que je considère être les derniers de notre espèce. Car il y a longtemps que la diversité s'efface au profit d'une race.

Celle des singes. Communément appelés les humains simples.

C'est dommage, car d'après ma grand-mère, au dix-neuvième siècle, on en croisait des hybrides de tout type. Des proies aux supers prédateurs. Jaguar, lion, reptiles, castors. Elle conserve de vieilles photos de classe de cette époque.

Je soupire en me servant du café.

— Prends un vrai petit déjeuner mon garçon ! Me lance ma grand-mère.

— Mais ouiiii Sunoo, écoute mamie. Regarde, t'es tout maigre.

Je souris et dès que mamie a le dos tourné, j'affiche mon majeur à cet idiot de Yeonjun.

— Je ne sais pas ce qu'ils vous donnent à manger dans ces écoles de bourges mais mon petit fils ne partira pas sans mes tamales !

Mamie est gentille et j'adore sa nourriture. J'étouffe un léger sourire car elle est un peu de la vieille époque. C'est elle d'ailleurs qui m'a tout apprit sur les différentes espèces et comment c'était avant les deux grandes guerres. La seconde, plus violente, a pris fin après des explosions nucléaires qui ont fait émerger d'étranges maladies affectant non seulement notre enveloppe charnelle humaine mais aussi la part animale en nous. 

La planète a connue un rabais au niveau de la population mondiale.

Alors que les rangs de l'armée étaient gorgés de prédateurs et de supers prédateurs, les singes — considérés comme faibles — se sont répandus sur la surface du globe, ayant échappés à la guerre. C'est une espèce particulière. Leur part animale ne se manifeste jamais, comme bloqué à leur naissance. Ils n'ont aucune connexion avec nos ancêtres, rien. Ils ne perçoivent pas ce que nous ressentons.

— Maman, t'aurais pas vu mes rollers ?

— Là où tu les as rangé la dernière fois Jeongin. Eh, Sunoo.

Je me tourne vers maman qui tient ma veste en main.

Aussitôt qu'elle met le vêtement en évidence, mon père débarque sous sa forme animale, la truffe de sortie et le reniflant. Je me tend en reculant, mon dos rencontrant la surface métallique de la cuisinière.

Et merde. Je savais que j'aurais dû m'occuper de ma lessive moi-même.

Mon cœur tambourine, je bois mon café, faisant semblant de ne rien savoir.

𝐇𝐘𝐁𝐑𝐈𝐃𝐄𝐒 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant