30. Sans Heeseung.

570 49 81
                                        








SUNOO.





Deuxième jour, nous sommes mardi. Il neige toujours, Jake n'est pas là.

J'ai fais un drôle de rêve cette nuit. Le même genre dans cet endroit mystique aux feuilles bordeaux, kaki, en forme de cœur. Décor mirifique où les branches se lovent entre elles. Lieu de plénitude où à chaque seconde, je me sens de plus en plus complet.

Ce rêve est devenu un refuge. Je pense souvent à en parler à ma grand-mère, la mieux placée pour expliquer ce type de songes. Mais à chaque fois, l'idée m'échappe. Peut-être pourrait-elle m'éclairer sur le pourquoi j'y ai croisé un loup.

Heeseung ? Puisque son pelage était aussi blanc que la queue touffue de mon toutou.

Pense pas à lui, c'est qu'un idiot.

Allongé de dos, mon regard rencontre le vide. Je fixe le plafond sans grand intérêt, je me sens seul. Mon humeur maussade m'accompagne dans mon réveil. À chaque fois que j'émerge du sommeil, il me faut de longues minutes pour un bon redémarrage du cerveau.

Tu sais, il arrête pas vraiment de travailler.

Je m'en fous. Je disais, j'ai besoin de temps avant de me lever. Après, pourquoi je devrais me lever ?

T'as cours dans quarante minutes Sunoo.

Ouais mais, les cours c'est quoi ? On s'en fous, n'est-ce pas ? C'est quoi la vie ? Il n'y a pas de raison à se torturer sur les bancs universitaires à mourir dans le gel, devant un vieux prof qui n'en a rien à faire de notre avenir ; quand on peut sagement rester au lit, sous la couette chaude.

Ce n'est pas comme si quelqu'un viendrait me tirer de là, qu'on me signalerait au proviseur comme c'était le cas au lycée. Encore, là bas on séchait comme on voulait.

Ce n'est pas responsable, et tu as promis à Hee

— Va te faire foutre !

Je marmonne rageusement dans ma barbe en me redresse avec fugacité. Je tape du poing dans mon oreiller plusieurs fois.

— Espèce de crétin ! Crétin, crétin, crétin ! T'es qu'un idiot !

Disparaître sans explications en jouant au Sasuke mystérieux. Je le déteste. Ça lui coûtait quoi d'être plus clair ? Me voilà prisonnier d'un brouillard épais, l'incertitude me rend fou.

Et s'il était en danger hein ? Il y a pensé à ça ? Il a des problèmes c'est ça ? Je ne suis pas assez important pour qu'on m'en parle ? Pas assez pour lui ?

— Casse-toi le tibia !

Je m'arrête, essoufflé, devant les plumes de l'oreiller qui virevoltent autour de moi. Le tissu déchiré sous mes griffes qui se rétractent après le carnage. Je suis dépité. Ça me saoule. Je n'arrête pas de penser à hier, c'est coincé dans ma tête, m'empêche de réfléchir.

Comment il peut juste se volatiliser comme ça ? En me remettant ses clés comme si ça changerait quelque chose. Une seconde. Pour me venger, je pourrais m'installer chez lui et foutre un désordre pas possible. C'est un cadre assez luxueux. J'irai me prélasser en vidant son frigo.

Un étrange sourire déforme mes lèvres. Je passe plusieurs secondes à ricaner comme un antagoniste de Disney. Ensuite, je me calme. Mon sourire meurt. Je n'arrive pas à être heureux, son manque est cruel. Au plus profond de moi, je le sens si loin que cette constante gêne dans mes tripes m'est insupportable.

Je m'allonge sur le côté en serrant le coussin tailladé entre mes mains. J'ai même pas de veste à lui en plus. Ouh là on se reprend chef. Depuis quand tu as besoin de ça pour vivre ? Je me donne une tape sur la joue pour secouer mes neurones malades, et ainsi les inviter à mieux faire leur boulot.

𝐇𝐘𝐁𝐑𝐈𝐃𝐄𝐒 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant