𝐇𝐘𝐁𝐑𝐈𝐃𝐄𝐒

40. Montre moi.

HEESEUNG.

Je peux enfin le visualiser entièrement.

Il est gigantesque, majestueux et fier. Durant ces années il n'a cessé de hurler pour sortir, devenir ce qu'il était destiné à être. Et le voilà libre. Est-ce parce que la manifestation est terminée que je me sens plus en équilibre ?

Il n'y a plus cette peur à l'idée qu'il se dérobe à mon contrôle. Quoique, je reste sur mes gardes. Mais je pense avoir une certaine ascendance sur lui. L'Enigma. Nous aurons ce que nous avons toujours souhaité pour Sunoo.

Un monde où il n'aura plus à craindre qui que ce soit. Or je me rend compte de la maladresse dont j'ai fais preuve. Je l'ai blessé et à présent il m'en veut. Mon père avait raison, même si j'ai dû mal à l'admettre. Je me suis laissé envahir par la possessivité de mon loup.

— Il est temps de remettre de l'ordre.

Il y a un espace dans notre esprit qui abrite la part animale. Dès qu'on se transforme complètement, le côté humaine se retrouve projeté ici. Le mien était autrefois plongé dans les flammes, un trône de squelette au dessus d'une mer brûlante.

Il y avait une forme textuelle à moi qui me toisait de haut, un regard nonchalant et un désir profond de tout dominer. Aujourd'hui, tout est si calme et froid. À mes pieds, il n'y a qu'un étendu de noirceur.

L'Enigma est devant moi, une flamme verdâtre brûlant au dessus de sa tête et une marque rouge au front. La marque des ancêtres si je me fis à l'histoire. Je tends la main et la pose sur son museau malgré sa rangée de dents visibles.

Je ferme les yeux, il est temps de retourner à la surface.

***

Je remet ma chemise, n'étant nullement surpris par les résultats.

— Vous êtes en parfaite santé. Tout est en ordre.

Ce n'est qu'aux paroles du médecin que le visage de Sunoo semble enfin se détendre. J'avais pourtant tenté de lui faire comprendre que j'allais bien. J'ai vite saisit que je n'avais pas mon mot à dire.

Mais puisque nous sommes là, autant en profiter.

De nouveau sur pieds, je ferme un à un les boutons de ma chemise. Il n'a pas arrêté de jetter des oeillades au moment où je ne portait rien en haut. J'ai trouvé ça adorable, la façon dont il détournait la tête expressément, dès qu'il se faisait prendre.

— Auscultez le, lui aussi.

Les yeux arrondis de mon renard laissent transparaître sa surprise. Je m'inquiète et j'ai plus de raison de l'être que lui. Il n'a pas beaucoup dormi et je lui ais causé beaucoup de soucis. Il est ravagé par la fatigue, mais se tient debout.

C'est de ma faute. Je ne suis pas censé être la source de son mal-être. Le regarder s'empêcher de s'accorder du repos juste parce qu'il veut s'assurer de mon état me peine. Il me fixe, l'air de chercher à comprendre ce que j'essaie de faire en demandant ça.

Enfin, c'est plus un ordre.

— Venez par ici monsieur Kim.

— Une seconde. Je ne suis pas là pour moi.

J'approche de mon renard et m'empare de son visage. Son teint est pâle. Il n'a pas mangé ce matin. Nous approchons du milieu de la journée.

— Écoute-moi, c'est juste pour vérifier si tout va bien.