27. Les chaleurs.

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SUNOO.


J'ai toujours trouvé du plaisir à m'allonger sur mon lit, dans le noir qui chante le silence, accompagné de la brise mélodieuse et ses magnifiques flocons de glace.

Ça y est, décembre tend déjà à sa fin. Les maisons enluminés ce soir ressemblent à des lanternes. Ceux là qu'on jette dans le ciel sous forme de vœux aux étoiles. Je leur trouve quelque chose de poétique.

J'ai froid. À l'extérieur, comme à l'intérieur.

Les chamailleries et tapages en fond viennent parfois briser mon moment de sérénité. Une douce odeur de bougie parfumée à l'orange se répand dans ma chambre.

Cette dernière est bordélique d'ailleurs, des vêtements éparpillés un peu partout depuis que je suis de retour.

Et dire que maman avait fait un sacré boulot pour la maintenir au propre. Je ne suis plus de l'âge où elle devrait me forcer à faire le ménage.

C'est juste, je n'aime pas ça. En plus, j'ai la flemme. Passer le temps sur ce matelas au vieux ressort qui me détruit le dos est plus satisfaisant.

Le poster de mon rappeur préféré se décolle. À côté, j'ai accroché son vinyle; il est suivi par un sac en maille payé lors d'un black friday.

Je me souviens que maman avait écrasé les doigts de la voisine de la rue d'en bas — son ennemie jurée — juste pour me l'avoir.

Qui est-ce qu'elle n'aurait pas battu pour nous offrir à mes frères, sœurs et moi ceux dont nous rêvions. Je l'aime cette femme.

J'aime aussi mes coussins posés un peu partout, leur odeur, leur texture. Je me suis entiché de l'orange depuis tout petit. Je baigne dedans. 

En ce vingt-quatre décembre, la plus part des hybrides du monde doivent célébrer le père Forrest. Sa légende diffère de celle des primates.

Pour nous, ce vieil homme qu'on habille d'une tenue rouge et une barbe imposante est un esprit de la forêt, protecteur et bienveillant qui distribue des cadeaux à ceux qui respectent la nature.

Autrefois, on l'appelait la fête de la récolte. C'est aussi lié à la nature, aux dieux, ancêtres qui ont évolués et qui sont devenus nos protecteurs du monde spirituel.

Nous les renards, ne croyons rien de cela. Nous utilisons cette occasion juste pour se réunir sous un sapin. C'est l'arbre symbolique du père Forrest.

On sort les guirlandes, les étoiles en carton, les boules décoratives aux multiples couleurs. Une tarte à l'orange, une dinde géante, le dessert en forme de bûche.

D'habitude ça me met de bonne humeur. Pas ce soir.

— Je sais pas je, je me sens comme incomplet. Et j'arrête pas de le voir partout. Il revient sans cesse, et je l'entends comme s'il était toujours avec moi.

En effet, c'est très grave.

— Te fous pas de moi, Jake.

Jake plaisante rarement. Mais lorsque ça arrive, son effet est toujours... ouais. Ça provoque ce ding comme une barre métallique qui heurte les cloches dorées du père Forrest.

Ça va faire une demi heure que nous sommes en appel. Mon meilleur ami se trouve à plusieurs kilomètres du Connecticut, quelque part en Irlande.

Comme à chaque célébration, il rejoint ses proches au château.

Et je ne parle même pas d'à quel point ce fossile en pierre en jette. J'ai pris conscience de la fortune que détient les Sim le jour où il m'en a parlé.

𝐇𝐘𝐁𝐑𝐈𝐃𝐄𝐒 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant