35. Morsure.

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SUNOO.




Putain j'deteste la saint Valentin.

Y'a rien de plus con sur terre. Ces petits cœurs qui volent partout, les baisers enflammés de ces couples aux hormones qui débordent; c'est pour m'asphyxier. Tout ce mielleux m'écoeure. Les gens sont chiants avec leurs regards emplis d'amour.

J'avais pourtant décidé de finir mes jours sur mon lit à toiser mon plafond et me perdre dans des questions existentielles. J'aurais fait passé le temps jusqu'à ma vieillesse. Et puis un jour, j'me serai réveillé en remarquant que tout le monde a crevé, j'aurai finit dans une maison à retraite à discuter avec des oiseaux et des grenouilles.

Il a fallut que Jake s'en mêle. Me tire de mon lit pour aller respirer l'air frais des derniers jours d'hiver. Bientôt le printemps, l'éveil, les bêtes du jardin qui fanfaronnent, c'est affreux. Je suis devenu plus aigris. J'en sais trop rien. J'crois que je suis plongé dans un état demi dépressif. Si ça existe comme terme.

« Je ne comprends pas, tu passes ton temps à l'éviter alors qu'il te manque », m'avait lancé Jake avec ses yeux perçants cachés derrière ses lunettes aux allures moralisatrice.

— Comme s'il y avait quelque chose à comprendre.

Je soupire et me rapproche de madame chenille qui grimpe sur sa tige d'aloe Vera depuis deux heures. Il vient de sonner quinze heures et elle n'en est encore qu'à la moitié. Courage futur papillon, un avenir radieux t'attends. Le mien ressemble à... à rien.

— Écoute, entre Heeseung et moi, c'est compliqué. Alors oui, je le fuis comme la peste, mais !

Je me redresse, laissant mes bras retomber.

— S'il est désolé ou qu'il a des excuses à confesser, qu'il vienne me voir. En plus il traine avec l'autre là. Une fille qui m'énerve. Elle porte toujours son odeur. Tu t'en rend compte toi ?!

Je braque mes yeux sur l'animal qui laisse une traînée de bave sur son chemin.

— Ah ouais désolé tu ne peux pas me répondre. Bon, j'en étais où ? Jake dit que c'est ridicule. Je dis juste que j'ai pas à faire de premier pas pour briser la glace. Tu vois ? Et puis, je n'ai pas besoin de lui pour survivre.

Je le dis mais la nuit je tremble de froid parce qu'il est trop loin de moi. J'ai les dents qui claquent et je l'appelle dans un murmure. Sauf qu'il ne répond pas, il ne vient pas. Normal, il se trouve à plusieurs kilomètres de la fac, me direz vous.

C'est pourquoi je dis que l'amour c'est stupide. Je suis même pas sûr d'en ressentir pour lui. Parce que, ok, il me plaît —encore plus depuis qu'il a dévoilé ses talents cachés— mais ce n'est pas une raison pour s'emballer.

Sérieusement Sunoo, tu crois que c'est un connard ?

Ce que je dis c'est que, je, oh ça m'énerve de réfléchir. J'enfonce les pas dans la neige. Il y en a de moins en moins. Ça me met hors de moi. C'est vrai quoi, pourquoi ça ne pourrait pas être l'hiver toute l'année ? Ok il fera tout le temps froid; et j'y pense, ça donne une raison de plus pour se lover contre quelqu'un devant un feu de cheminée.

Rien qu'à l'idée, je grimace. On avait dit quoi Sunoo ? On déteste la saint Valentin. Heeseung n'a rien changé à sa routine. Oui, ça fait des jours qu'il respire et passe du temps avec ses potes sans se soucier de moi. Il n'a même pas essayé une seule fois de m'approcher et coupe le plus souvent nos brefs contacts visuels en premier.

Je n'arrête pas de me répéter que je m'en fiche mais ça devient pesant. À force de m'éloigner, je finis par le vivre mal. Et là, je peux plus retourner vers lui. J'aurais l'air d'un con. Ce qui fait que c'est finit. C'est du passé, c'est juste un mec à qui j'ai donné mon cul.

𝐇𝐘𝐁𝐑𝐈𝐃𝐄𝐒 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant