Chapitre 3 - Codage entre deux entraînements (Léon)

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Coucou à toutes 🥰
Ce soir, c'est la cérémonie d'ouverture des jeux paralympiques . J'espère que ce sera aussi chouette que les JO des valides !!!! J'ai trop hâte.
J'espère que le chapitre d'aujourd'hui vous plaira.
Bonne lecture.

*

Lorsque j'arrive en cours, mes cheveux sont mouillés. Je suis toujours trempé de toute façon, ils ont rarement le temps de sécher. Heureusement ici, tout le monde sait que je suis un cursus mêlant à la fois programmation informatique et sport. Aux Etats-Unis, il n'est pas rare de mélanger plusieurs matières n'ayant rien en commun. C'est ce que j'aime avec ce pays : ils se prennent moins la tête que les français.

         Si j'ai commencé des études en informatique, après mon bac scientifique, mention très bien, c'était pour pouvoir me vider la tête. J'aurais pu suivre des études dans le sport, mais la natation prenait déjà beaucoup de mon temps et de mon espace mental. Quand je rentrais chez moi, je n'avais pas envie de penser à la piscine, aux compétitions, à mes performances. Je voulais pouvoir me vider la tête. Au moins, quand j'ai cours après l'entraînement, ça me permet de penser à autre chose et quand je retourne nager ensuite, je suis plus serein.

         — Hello boy !

         Assis au dernier rang, une jeune fille aux cheveux blonds noués en un chignon négligé, me fait de grands signes. Je remonte vers elle et me laisse tomber sur la chaise qu'elle m'a gardé.

         — Ça va ? demande-t-elle.

         — Yes. Et toi ? répond-je.

         — Très bien, à part que tu gouttes sur mon cahier.

         Du doigt, elle désigne son carnet plein d'eau. Amusé, je secoue la tête, envoyant promener plein de gouttelettes qui s'écrasent sur le bureau. Outrée, elle pousse un cri et me donne un coup dans l'épaule.

         — Stop !

         J'éclate de rire, puis extirpe une serviette de mon sac de sport pour essuyer. Axana Merckx est arrivée de Belgique l'année où je suis arrivée de France. Nous nous sommes très vites entendus, car nous partageons deux choses en commun : la natation et l'informatique. Comme moi, elle a quitté son pays pour suivre un double cursus dans l'espoir d'améliorer ses performances sportives. L'Université d'Arizona State est réputée pour accueillir de futurs athlètes. Axana a remporté de nombreuses compétitions locales, mais elle a finalement décidé de mettre un terme à sa carrière de nageuse.

         Elle me l'a annoncé au début de l'année, quand je suis revenu des JO. J'ai d'abord été étonné de sa décision – elle était vraiment douée – mais quand elle m'a dit avoir été effrayé par l'élan médiatique que j'ai subi à Paris, j'ai compris ce qu'elle voulait dire. Moi aussi, j'aurais préféré demeurer anonyme. Enchaîner les victoires, oui. Battre des records, oui, oui et encore oui. Mais je me serai bien passé de me retrouver sous le feu des projecteurs.

         — Des nouvelles de la France, today ? demande-t-il.

         Au même moment, le prof – qui ressemble à s'y méprendre à Rogue dans Harry Potter, la cape en moins – entre dans la pièce. D'un même mouvement, tous les élèves extirpent cahier et ordinateur, moi de même. Personne n'a envie d'être réprimandé par le très sévère Mister Cooper.

         — Reprenez-là où nous nous sommes arrêtés hier. Codage numéro...

         J'écoute à moitié, sachant déjà ce qu'il va dire. L'informatique est une langue à part entière et j'ai appris à la décrypter. En ce moment, on travaille sur la création d'une application. Je me suis mise en tête de créer un prototype destiné à collecter des fonds pour l'inclusion dans le sport. En regardant des vidéos de Tom Daley sur Tiktok – le plongeur britannique -, je me suis rendu compte que les sportifs avaient le pouvoir de faire changer les choses et d'œuvrer pour le bien. Comme lui, j'ai voulu m'investir. Quitte à être célèbre, autant profiter de ma notoriété pour faire quelque chose d'utile.

N'étant pas doué en tricot, je n'ai pas pu me mettre à fabriquer des pulls ou bonnets pour les vendre aux enchères, donc j'ai décidé de créer une application où les sportifs pourront monnayer des autographes et photos d'eux. En échange, l'argent ira à des associations pour l'inclusion dans le sport : aide à l'achat de matériels pour les athlètes en situation de handicap, lutte contre les violences sexistes, sexuelles ou LGBTphobies. J'aimerais vraiment pouvoir aider, et marquer l'Histoire autrement qu'avec mes performances en natation.

Qui sait, peut-être que cette application verra le jour plus tard. Pour de vrai.

— Hé, boy ! Je t'ai posé une question.

Je sors de mes pensées et me rappelle soudain ce qu'Axana m'a demandé :

— Ah oui, pardon. J'ai eu vite fait un message de ma mère ce matin, Oscar a loupé son dernier examen' de philo, et ça la stress'.

— Oh ! Shit ! Et ta petite copine ?

— Apolline va bien, mais elle passe ses épreuves blanches de concours à la fac, et ça la stress aussi.

— En résumé : tout le monde est stressé ?

— C'est ça.

         Heureusement que moi non, sinon, on ne s'en sortirait pas.

         — Et toi ? demandé-je.

         — Moi, ça va, rit-elle. Enfin, si on excepte Jordan qui m'a largué.

         — Encore ?

         Elle continue de rire. Jordan est son petit ami depuis deux ans et demi. Ils passent leur temps à séparer, se disputer, puis se remettre ensemble. Leur relation est très étrange, un peu comme dans une Dark Romance. Elle est très toxique aussi, puisqu'ils se font toujours du mal l'un à l'autre, avant de se demander pardon. Si ma romance avec Apolline est un long fleuve tranquille, sans aucune vague, excepté celle que les autres créent, celle d'Axana et Jordan serait parfaite pour une série télé ou un enemies to lovers pimenté. Ils s'aiment autant qu'ils se détestent tous les deux.

         — T'inquiète, il va revenir, me rassure-t-elle.

         J'affiche une moue sceptique.

         — Tu ne penses pas que c'est l'occasion de vraiment le quitter ? l'interrogé-je.

         — Bien sûr que non. J'attends qu'il rampe et vienne me supplier de le reprendre.

         Je lève les yeux au plafond.

         — Qu'est-ce que tu lui trouves ?

         — Il a un beau cul. Comme toi.

         Je me mets à rougir. Le souvenir d'Apolline entrant dans le vestiaire, alors que je me changeais après ma première médaille d'or, au 400m 4 nages, fait battre mon cœur à cent à l'heure. Nous n'avons jamais été au-delà de quelques baisers, quelques caresses, quelques mots échangés sur l'oreiller, elle et moi, mais j'espère bien qu'il y aura plus la prochaine fois que nous nous verrons, en avril. En tout cas, elle aussi semble en avoir envie.

         Le problème, c'est que nous sommes aussi timides l'un que l'autre.

         Ce n'est pas le cas d'Axana qui parle de sexe sans sourciller, et qui est capable de me détailler dans les moindres détails ce qu'elle et Jordan ont fait. Ça me met toujours mal à l'aise, mais disons qu'avec elle, j'apprends des trucs au moins... (surtout sur ce que je ne veux surtout pas essayer).

         — OK, boy ! On se remet à cette appli ou on passe la matinée à fixer l'écran sans rien faire ?

         — On s'y remet.

         — Nice ! Parce que j'ai aucune envie que Rogue vienne nous sermonner.

         Et justement, les yeux de M. Cooper sont rivés vers nous. Je me dépêche donc de me reconcentrer sur mon écran et reprend le codage là où je l'ai laissé.

L'océan qui nous sépare : Léon Marchand et Apolline, la bénévoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant