Six mois après les jeux olympiques de Paris – Février 2025
Une demi année s'est écoulée depuis la fin des jeux olympiques. Six mois, cela paraît court et long à la fois. Assis sur ma chaise de bureau, la main resserrée autour de mon stylo, et les yeux rivés sur mon écran d'ordinateur, je tente de décrypter les lignes de code qui s'affichent. Je suis retourné aux Etats-Unis pour terminer mes études et reprendre les entraînements avec Bob. Il ne me reste qu'une année pour arriver à obtenir mon diplôme d'informatique, et c'était aussi l'occasion pour échapper à toute cette médiatisation.
Après une fin d'été à enchaîner les interviews et à accepter les campagnes publicitaires (avec lesquelles je ne suis pas du tout à l'aise), j'ai fini par prendre quelques jours de vacances en famille pour me ressourcer. Apolline m'a rejoint la dernière semaine d'août, nous avons regardé les épreuves des jeux paralympiques ensemble, à la télévision, puis elle est remontée à Paris tandis que je m'envolais pour Phoenix, la ville où je vis, en Arizona, depuis 2021.
Je craignais que la distance ne distende les liens entre nous, mais au contraire, elle nous a rapproché. Je ne sais pas si nous sommes devenus accroc l'un à l'autre (à notre téléphone, oui en tout cas) ou si le manque induit par les milliers de kilomètres à renforcer notre détermination à nous accrocher, mais il faut bien avouer que je ne me suis jamais senti aussi proche de quelqu'un.
Ni aussi bien.
Entre mes cours, mes entraînements de natation, mes compétitions, mes révisions ; elle qui prépare son concours pour devenir enseignante de lettres, nous aurions pu croire que les obstacles nous sépareraient. Et que la distance signerait la fin de cette idylle au bord des bassins, entre un quintuple médaillé d'or au JO de Paris et une bénévole qui s'est révélée être la fille de Tony Estanguet.
Mais au contraire, tout cela nous a renforcé.
À chaque fois que l'un ou l'autre appel, c'est comme une bouffée d'oxygène dans la journée.
Apolline et moi nous appelons et nous écrivons tous les jours.
Quelques SMS le matin, des audios au petit déjeuner, de nouveaux SMS au déjeuner, des cœurs l'après-midi (toujours miser sur les smileys), une visio le soir. Nous avons mis en place un petit rituel qui nous convient, et nous nous soutenons à distance.
Et justement, il est 19h, je ne vais pas tarder à arrêter mes exercices pour l'appeler (de toute façon, mes yeux piquent à cause d'un mélange de chlore et d'écran) et mon ventre commence à gargouiller. Je vais sûrement me préparer des pâtes (repas parfait d'étudiant ET de sportif), ainsi que quelques protéines (Bob répète que c'est important, comme mon préparateur sportif spécialisé en nutrition).
Je ferme mon écran d'ordinateur, me lève et fais quelques étirements pour mes muscles. À force d'être assis, je suis tout ankylosé. En attendant l'appel d'Apolline, je fais bouillir l'eau dans la casserole, les yeux rivés sur mon placard. Je me demande quelle pâte je vais bien pouvoir manger : farfalle, penne, fusilli, spaghettis. Le choix est vaste. Je les ai trouvés dans un magasin spécialisé en produits européens, au bas de la rue.
Oui, je sais ce que vous vous dites. Avec 5 médailles olympiques, les primes que j'ai gagnés, mon salaire de sportif, je pourrai largement manger autre chose que des pâtes et vivre autre part que dans cet appartement de deux pièces.
C'est prévu, ne vous en faites pas, j'attends seulement d'obtenir mon diplôme, puis de rentrer à Toulouse. J'ai prévu de m'offrir un appartement, ou une maison. J'ignore seulement où. J'ignore aussi si Apolline voudra vivre avec moi ou pas. Je sais que c'est encore trop tôt pour lui demander, d'autant qu'elle vit à Paris, mais je me fais des plans sur la comète. C'est toujours ainsi avec moi. Je ne peux m'empêcher de trop penser et de surtout, de penser à l'avenir.
Je me décide finalement pour des spaghettis au moment où mon portable se met à vibrer. Le numéro d'Apolline s'affiche sur l'écran et un grand sourire étire mes lèvres. C'est un appel en visio.
Je passe rapidement ma main dans mes cheveux blonds, jette un regard dans le miroir pour vérifier que je n'ai pas trop de cernes sous mes yeux bleus, puis décroche, bras tendu.
— Hé ! Salut toi !
De l'autre côté du monde, à 8h d'écart et 5000 km, se trouve Apolline Estanguet, ma petite amie, dans sa chambre qu'elle occupe toujours chez son père.
— Salut, champion, me répond-elle. Comment tu vas ce soir ?
Ses yeux océans brillent comme l'Atlantique qui nous sépare. Je m'y noie une seconde, avant de répondre, le cœur battant :
— Je vais bien, mais tu me manques.
*
Et une photo de Léon en cadeau <3 (Je l'ai trouvé trop beau!)
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L'océan qui nous sépare : Léon Marchand et Apolline, la bénévole
FanfictionRésumé : Les jeux olympiques de Paris sont terminés. Six mois sont passés, et malgré la distance, Apolline Estanguet et Léon Marchand sont bien décidés à poursuivre leur relation amoureuse. Loin des paparazzis et des journalistes, ils s'écrivent...