Chapitre 9 - Concours et Tuilerie (Apolline)

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J'entame mon deuxième jour de concours. Le vrai cette fois-ci.

Les épreuves se sont enchaînées sans que je n'aie le temps de respirer. Alors que je stressais encore lundi, n'arrivant pas à dormir tant je craignais le blanc total devant ma feuille d'examen, me voilà déjà sortie de ma dernière épreuve.

Cette année scolaire est passée tellement vite.

Léon arrive dans quelques jours à peine, et je vais profiter de l'après-midi pour me poser aux Tuileries. J'ai prévu de rejoindre Sophie, mon amie bénévole, et Zoé a accepté de m'accompagner. On avait invité Olivia, mais elle n'a pas répondu, et Pierre ressemblait tellement à un zombie en sortant de la dernière épreuve qu'on l'a obligé à rentrer se coucher.

         En entrant dans la station de métro avec Zoé, j'ai le cœur léger. J'ai passé quelques mauvais jours ces dernières semaines à cause de cette histoire de vidéo (encore et toujours une histoire de vidéo, à croire que ça ne s'arrêtera jamais), et après avoir retourné cent fois cette histoire dans mon esprit (en me demandant si Leon m'avait menti), j'ai pris la décision d'arrêter de me prendre la tête.

Léon est mon petit ami. J'ai confiance en lui.

Surtout qu'il était vraiment mal au téléphone. C'est un amour Léon, et il cache son hypersensibilité derrière le masque de tranquillité qu'il s'est construit. Et puis, il y a cette fille - Axana - qui m'a écrit pour s'excuser.

« Mais si ça se trouve, ils sortent ensemble, et elle s'excuse pour brouiller les pistes. Si ça se trouve, c'est Léon qui le lui a demandé. Si ça se trouve, il mène une double vie, avec toi à distance, et elle en présentiel ».

ARGH ! Je déteste mon cerveau !

Je dois à tout prix repousser ces pensées parasites qui ne mènent nulle part.

— Ça va Apolline ?

— Hein quoi ?

Perdue dans mes élucubrations, je n'ai pas vu que nous étions arrivés. Nous devons changer de ligne de métro pour rejoindre la 1 et les tuileries. C'est la ligne la plus bondée de Paris, celle empruntée par des milliers de touristes. Du temps des JO, et en l'absence des parisiens, les gens étaient à peu près disciplinés. Les jeux ont redoré le blason de Paris. Les français se sont retrouvés unis autour d'une même cause, dans la fraternité et la solidarité, à soutenir leurs sportifs préférés.

J'ai adoré cette période durant laquelle j'ai rencontré Léon, mais surtout ces semaines durant lesquels Paris était synonyme de magie. Les rues étaient propres, les gens heureux.

         — Faites attention ou vous marchez !

         Soudain, un type nous bouscule, faisant éclater cette bulle de souvenirs idylliques.

— Hé ! s'exclame Zoe.

— Vous ne pouvez pas accélérer ! s'énerve le parisien. Je vais rater le métro.

— Vous n'aurez qu'à prendre le prochain, réplique Zoé.

Je souris malgré moi. Finalement, Paris est revenue ce qu'elle était. Une ville pleine de français râleurs qui courent après le temps. Une fois dans le métro, nous nous frayons un chemin entre les travailleurs et les touristes prêts à tout pour admirer la Tour Eiffel.

Nous descendons au Louvres. Quand nous arrivons devant la pyramide, face aux Tuileries, je ne peux m'empêcher de me souvenir de Léon, habillé de son smoking, remontant le jardin jusqu'à grimper dans le taxi le menant au stade de France. Il était si beau, j'étais si fier de lui.

J'ai tellement hâte de le retrouver.

— C'est elle ta pote ?

Je relève la tête. Zoé tend son doigt devant elle et me désigne Sophie. Elle n'a pas changé, excepté qu'elle ne porte plus son t shirt de bénévole, avec les anneaux olympiques. Le comité nous a d'ailleurs autorisé à le garder, j'en ai fait un pyjama. Je rejoins mon amie et la serre dans mes bras. Comme Léon, ça fait bientôt huit mois que je ne l'avais pas vu.

— On va prendre une crêpe ? propose-t-elle.

Heureusement, il fait beau aujourd'hui. C'est rare pour une fin de mois de mars et nous comptons bien en profiter. On s'achète chacune une crêpe : nutella pour Sophie, sucré pour Zoé et sirop d'érable pour moi. Puis on va s'asseoir sur les chaises allongées du jardin des tuileries.

— Alors, qu'est-ce que tu deviens ? demande Sophie. Tes épreuves se sont bien passées ?

— Ça va, répond-je. On verra avec les résultats.

Je n'aime pas parler de mes copies après un examen, j'ai l'impression que ça me porte la poisse.

— Tu passes le concours de prof toi aussi ? demande Sophie à Zoé en croquant dans sa crêpe.

— Oui.

— C'est quand les résultats ?

— D'ici un mois, répond Zoé. Et toi, t'étudies quoi ?

— Je fais un master dans la com' pour devenir Community manager et gérer les réseaux des maisons d'édition. Enfin, ça, ce serait mon rêve. Dans la réalité, je risque plutôt de me retrouver à faire des power point pour des entreprises publicitaires.

Je réponds par une grimace. Tout le monde est attiré par la com' aujourd'hui, alors que le métier de prof ne fait clairement plus rêver. Je peux le comprendre. Lors de mon stage, si certains élèves étaient curieux et motivés, j'en ai vu beaucoup dormir sur leurs sièges et se demander ce qu'ils faisaient là.

Mais j'ai quand même envie de faire ça. Je rêve d'être prof depuis toujours.

Comme ma mère.

Une façon de perpétuer son souvenir.

Qu'est-ce qu'elle me manque.

Un jour, il faudra que je parle d'elle à Léon.

Et en parlant de lui :

— T'as des nouvelles de Léon ? me demande Sophie.

Aussitôt, je panique et tourne la tête vers Zoé.

— Qui est Léon ? demande justement mon amie.

Eh merde ! J'aurais dû prévenir Sophie que je n'avais pas parlé de Léon à mes amis de la fac.

L'océan qui nous sépare : Léon Marchand et Apolline, la bénévoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant