Chapitre 8 : Mio

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 Mon téléphone vibre et me tire de mes pensées. Je suis concentré sur les visites à venir, je relis chaque description des biens pour être le plus convaincant possible. Je jette un coup d'œil rapide pour lire le message de Lylia qui me rappelle l'arrivée de l'acheteuse du jour. Elle m'a missionné avant son départ pour m'occuper de ses affaires. Tout est soigneusement rangé dans d'énormes caisses en plastique, étiquetées pour que je puisse m'y retrouver. Lorsque ma sœur m'a annoncé qu'une certaine Gabrielle s'était manifestée pour acheter le tout, je me suis satisfait intérieurement de me débarrasser de cette tâche.

Pourtant, malgré cette sensation de soulagement, une pointe de nostalgie s'insinuait en moi à l'idée de voir partir toutes ces affaires qui faisaient partie de la vie de Lylia.

Le rendez-vous avait été fixé à dix-huit heures trente ce jour-là, à son appartement. Le but étant de le vider un maximum avant de le mettre en location. Il appartenait à sa grand-mère qui le lui a laissé à sa mort. Son père l'a entièrement rénové, avec beaucoup de goût. Je me chargerai personnellement de son bien. J'avais déjà imaginé sous quels angles j'allais prendre les photos pour le mettre en valeur sur notre site internet.

J'arrive à l'appartement à dix-huit heures précises. La pièce est baignée dans une douce lumière orangée, filtrant à travers les rideaux en lin. Les meubles en bois donnent une atmosphère chaleureuse à l'ensemble. Des étagères accueillent une multitude de bibelots, souvenirs de voyages, et photos encadrées, témoins des moments heureux partagés en famille.

Le couloir est peint d'un joli bleu nuit, éclairé par un lustre en verre soufflé, qui diffuse une lumière tamisée. Des cadres de tailles et de matières différentes sont disposés sur le mur, et reflètent plusieurs moments de bonheur en famille. Des photos de Lylia petite avec sa grand-mère, des vacances à la montagne, des anniversaires où je suis à peine reconnaissable tellement mes traits ont changé.

Je passe devant sa chambre. À l'intérieur, tout est resté intact depuis son départ. Le lit parfaitement fait et les coussins soigneusement rangés. Je m'arrête devant le bureau, où sont disposés des crayons de couleur, des cahiers à dessin et des photos encadrées de nos parents. Un sentiment de solitude m'envahit, elle me manque plus que je ne l'imaginais.

J'aime beaucoup l'ambiance de son habitation, elle a toujours eu beaucoup de flair pour dénicher les bonnes décorations, contrairement à moi qui n'aie rien qui s'harmonise dans mon appartement. Elle a tenté plusieurs fois d'en refaire la décoration, m'entraînant de force dans des magasins aux vitrines insipides et sans âme. Chez moi, le bazar règne et c'est comme ça que je me sens bien.

Mon téléphone sonne, interrompant mes pensées. Le visage souriant de Lylia apparaît sur l'écran. Je me précipite pour répondre.

— J'espère que les affaires attendent sagement leur nouvelle propriétaire ?

Son ton enjoué contraste avec la mélancolie qui m'envahit. Elle sait à quel point j'ai dû mal à être à l'aise avec les gens que je ne connais pas. Il est vrai que j'ai hésité à donner toutes ses affaires à des personnes dans le besoin et feinter de ne jamais avoir eu l'information sur le rendez-vous de ce soir. Cependant, une parole est une parole. Chaque centime gagné est nécessaire à la création de son entreprise.

— Oui cheffe ! Je réponds en tapant nerveusement sur le couvercle d'un des contenants en plastique. Ça tombe bien, je ne savais pas quoi faire de mon mardi soir.

— Pas de rendez-vous au bar avec Antoine ? Me demande-t-elle surprise.

— On se voit seulement les vendredis.

— Excusez-moi monsieur le bougon. Vous vous voyez tous les week-ends, c'est vrai que c'est différent .

— Un point pour toi. Tu appelles juste pour me fliquer où tu comptes me dire comment ça se passe pour toi ?

Les roses du destin [Terminée, En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant