Chapitre 17 : Gabrielle

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En attendant que le jeune homme daigne rejoindre son bureau, j'ai tenté de joindre Aurore, en vain, pour essayer de me calmer, mais sa voix rassurante manquait à l'appel. Mon ventre gargouille, mais je m'oblige à rassembler mes esprits pour ne pas me dévier de mon objectif. Ces dernières semaines ont été ponctuées d. e décisions difficiles à prendre, de changements multiples. Mon humeur n'a cessé de faire des montagnes russes tout du long, je suis las de devoir tout remettre en question une fois de plus.

Alors que je me morfonds un peu plus chaque seconde, je l'aperçois enfin au loin. Dans un bond que je ne maîtrise pas, à deux doigts de trébucher, je m'élance à sa rencontre. Il ne m'a pas encore vu et s'apprête à ouvrir la porte de l'agence immobilière. Une légère brise vient caresser ses cheveux bruns, et fait virevolter sa petite mèche rebelle.

Je ralentis le pas, l'esprit en ébullition. Que dois-je faire en arrivant devant lui ? Lui hurler dessus pour évacuer la colère qui me ronge depuis ce matin ? Ou simplement lui demander des explications ? Chaque scénario se bouscule dans ma tête, plus violent que le précédent.

Plus je m'approche, plus le doute me gagne. Est-ce vraiment à lui que je dois m'en prendre ? Après tout, Mio ne fait que son travail, tout comme moi. Nous suivons des ordres, exécutons des missions. Rien de personnel. Mais alors pourquoi cette douleur dans ma poitrine ne me quitte-t-elle pas ? Pourquoi chaque pas vers lui semble alourdir mon cœur un peu plus ? Parce que, malgré tout, j'avais envie de croire que c'est une bonne personne. Je ne veux plus le voir comme un agent immobilier foireux, mais comme un homme avec qui partager une boisson chaude est le plus doux des moments.

Nos regards se croisent dans le reflet de la vitre, et mon cœur s'emballe un peu plus. Ses yeux sombres sont ternes et gonflés, marqués par la fatigue ou peut-être par des larmes récentes. Son air sévère laisse place à un doute que je ne lui avais encore jamais vu, une vulnérabilité que je ne savais pas qu'il possédait. Il n'est pas surpris de me voir, comme s'il m'attendait. Il y a une résignation dans ses yeux, comme s'il savait que ce moment était inévitable. Je prends une profonde inspiration, l'air frais remplit mes poumons. Je tente de calmer tant bien que mal la tempête qui gronde en moi, à mesure que je m'approche de lui. Quand enfin je l'atteins, ma voix est pls calme que je ne l'aurais cru possible.

— Il faut qu'on parle.

La brise continue de jouer avec ses cheveux, l'air est doux, le ciel est bleu. Pourtant une tempête fait rage dans nos regards. Nous savons tous les deux que cette conversation n'aura rien d'agréable. Ni pour lui, ni pour moi.

Je le suis à l'intérieur, prenant le temps d'observer l'endroit où il travaille. Un environnement professionnel, presque clinique, où chaque détail semble étudié pour ne laisser aucune place à l'imprévu. L'espace n'est pas bien grand mais fonctionnel. Des annonces d'appartements et de maisons trônent dans la vitrine, leurs couleurs vives contrastent avec la sobriété de la pièce. La lumière naturelle filtre à travers les fenêtres, et éclairent les affiches impeccablement alignées.

La pièce est symétrique, chaque espace étant bien distinct. Les deux bureaux qui se font face sont en bois clair, dépourvu de tout encombrement, sauf un ordinateur portable et quelques dossiers soigneusement empilés. Une plante verte trône dans un coin du bureau de droite, agrémenté de photos de famille qui apportent une touche de vie à cet environnement ordonné. Celui de gauche n'a pas de plante mais la photo d'un bébé plein de vie. Une séparation entre les bureaux est faite par plusieurs plantes en pot, créant une sorte de mur naturel qui ajoute une touche de fraîcheur et de tranquillité. Les plantes apportent une certaine douceur à l'atmosphère formelle de l'agence.

Mio se dirige au fond de la pièce est ouvre une porte en bois. Je le précède dans ce qui semble être une salle de réunion. Une large table en bois s'impose au milieu de la pièce. Aucune chaleur ici, la salle est baignée d'une lumière artificielle, chaque fenêtre est calfeutrée par un store brun. Le jeune homme sort un instant, avant de revenir avec deux gobelets en plastique fumant et m'en tend un.

Les roses du destin [Terminée, En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant