Chapitre 26 : Gabrielle

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 Un mois s'est écoulé depuis la réunion chez Jeanne. Tout s'est accéléré après cette soirée. Chaque habitant s'est rendu au nouveau lotissement pour visiter et peaufiner les aménagements de leur future maison. Les rendez-vous chez le notaire se sont enchaînés, et une date a été convenue pour tous : nous devions quitter nos logements au début du mois de juin.

Nous avons visité la future maison de Renée, et je dois dire que Mio a fait un travail remarquable. Le bien qu'il lui a trouvé est d'une beauté sans pareille. Nous y sommes allés en fin de journée, et nous avons été émerveillés par le coucher de soleil qui se reflétait à travers la baie vitrée du salon. Comme celle qu'elle habite actuellement, ses murs en pierre lui confèrent un charme rustique et intemporel. Le jardin est à peine plus grand que celui qu'elle a actuellement, mais il est parfaitement entretenu. Les propriétaires précédents n'y ont planté aucune fleur ni arbuste, à l'exception d'un majestueux saule pleureur, tout aussi magnifique que celui de Renée. C'est ce détail particulier qui a poussé Mio à lui présenter cette maison, parmi tant d'autres.

Pour ma part, la dépendance, bien que plus petite que celle où je vis actuellement, est parfaite en tout point.

De mon côté, les choses ont également évolué au travail. Mon directeur a enfin accepté que je m'occupe de la publicité pour les vêtements pour bébé bio. Parallèlement, j'ai créé une page publicitaire pour Lylia et Alice. Grâce au succès de notre communication pour ces deux marques, mon patron a donné son feu vert pour des projets plus ambitieux. J'ai mis plus de temps que prévu à prendre mes marques, mais mes efforts ont fini par payer.

Ma relation avec Mio n'avait pas vraiment évolué, du moins en apparence. Pourtant, à chaque échange, une ambiguïté persistante se fait de plus en plus ressentir. Ses regards ou bien la manière dont il se penche légèrement vers moi lorsque nous parlons, créent une tension palpable.

Nous nous sommes revus plusieurs fois, d'abord pour discuter du projet immobilier mais aussi pour partager un verre chez Jeanne. Il m'a mise en relation avec sa sœur pour notre future collaboration. Même nos échanges téléphoniques avec Lylia et Alice autour de leur marque prenaient une teinte différente quand il était là. Il m'a invité à dîner pour me remercier de l'aide précieuse que je leur apporte. Nous nous étions fixés un rendez-vous mardi soir, et depuis, je ne cesse d'imaginer toutes les fins possibles à ce dîner.

Pour l'instant, en ce dimanche pluvieux, j'aide Renée à faire du tri dans sa maison. De grosses gouttes tambourinent contre les fenêtres de la maison malgré un printemps bien installé. Depuis la validation de la vente de la maison, nous nous affairons à dresser la liste des affaires à vendre, à donner ou à jeter. Sa vie entière est dans cette demeure. Chaque pièce renferme un souvenir précieux avec Georges ou sa fille. Bien que n'avons encore jamais abordé ce point, je ne peux m'empêcher d'imaginer la douleur qu'elle peut ressentir.

Nous nous retrouvons dans le grenier poussiéreux, où nous explorons les souvenirs et les trésors oubliés. L'air est chargé de l'odeur des vieux papiers et du bois ancien. Renée s'active à trier des cartons, tandis que je m'attarde sur une vieille malle au fond de la pièce. J'ouvre lentement le couvercle et découvre une multitude de documents jaunis par le temps, de vieilles lettres et quelques bibelots. J'examine les objets : des lettres attachées avec des rubans fanés, des carnets de notes remplis d'écrits précieux. Je commence à parcourir les vieilles lettres, je m'arrête de temps en temps pour lire des passages et imaginer les moments qu'elles évoquent.

Puis, je découvre une petite boîte en bois ornée de motifs délicats. Sous cette dernière, enfouie sous une pile de journaux, une légère lueur attire mon attention. Je soulève soigneusement les papiers, je sens sous mes doigts une surface différente, lisse et froide. Lentement, je retire les journaux pour révéler une photo poussiéreuse. Elle semble avoir été oubliée ici depuis des années, cachée parmi les souvenirs d'une vie entière. Je souffle délicatement pour en révéler l'image. Je la prends et la nettoie avec précaution.

Les roses du destin [Terminée, En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant