Les roses du destin [Terminée, En Réécriture]

Chapitre 28 : Gabrielle

  Mio se trouve avec les paysagistes, occupé à transporter les rosiers de Renée vers leur nouvel environnement. Il a troqué sa tenue de travail habituelle pour un look beaucoup plus rural. Il porte un t-shirt noir délavé qui épouse discrètement les contours de son torse, surmontant un pantalon de la même couleur, rentré soigneusement dans des bottes en caoutchouc. Pour la première fois, je remarque véritablement sa carrure. Ses bras, puissants et musclés, éveillent en moi un désir irrésistible de m'y lover.

Ses cheveux bruns, habituellement si bien coiffés, sont cette fois laissés libres et virevoltent légèrement au gré de la petite brise du matin. Le contraste entre son allure si soignée et son apparence actuelle, plus décontractée et naturelle, me fascine. Les rosiers, avec leurs fleurs délicates et leurs épines acérées, semblent à la fois fragiles et robustes entre ses mains.

Je me perds dans sa contemplation durant de longues minutes, laissant le soleil réchauffer doucement ma peau. La lumière matinale, douce et dorée, danse sur les feuilles des rosiers, créant des ombres mouvantes sur le sol. Mio, concentré sur sa tâche, dégage une énergie tranquille et rassurante. Chaque geste qu'il fait, chaque regard qu'il jette sur les plantes, témoigne de son engagement et de sa passion pour ce qu'il fait.

Renée m'apporte une tasse de thé et une part de quatre-quarts, me sortant de ma douce rêverie. La chaleur de la porcelaine contre mes doigts contraste agréablement avec la fraîcheur matinale. Elle disparaît à nouveau et revient avec une carafe d'eau où flottent des tranches de citron et d'orange, des feuilles de menthe et une multitude de glaçons.

Tandis que je savoure la douceur du quatre-quarts, je continue d'observer Mio, absorbé par son travail. Sa présence, robuste et sereine, s'harmonise parfaitement avec la beauté intemporelle des rosiers.

Chaque instant passé à le regarder renforce mon admiration pour lui. La manière dont il manipule les plantes, avec une délicatesse surprenante pour quelqu'un de sa carrure, montre une sensibilité cachée sous sa force apparente. Le souvenir de notre premier baiser revient avec une intensité que je n'arrive pas à contrôler. La douceur de son geste, la délicatesse de sa main dans le creux de mon dos. Tout était parfait dans cette soirée, jusqu'à ce baiser. Je lui ai raconté notre épisode dans le grenier, la photo et tout ce qui s'en est suivi. Face à sa surprise, j'ai résumé mon enfance, l'abandon de ma mère, la photo que j'avais découverte un jour en cassant le cadre de mon père. Il m'a écouté avec attention tout du long. Il ne m'interrompait seulement pour me demander comment j'avais vécu toute cette situation. Il s'intéressait réellement à moi, pour ce que je suis et non pour ce que je pourrais lui apporter.

Nous nous sommes revus plusieurs fois depuis, pour manger un morceau le midi ou partager un verre chez Jeanne avec Antoine et Léa. J'attends avec impatience notre prochaine soirée en tête à tête.

Renée, remarque mon intérêt pour Mio, et me taquine gentiment :

— Il a l'air de bien s'y connaître en jardinage, n'est-ce pas ?

Je rougis légèrement. Je tente de cacher mon embarras dans une gorgée de thé.

— Oui, il est vraiment doué.

— Je m'étais trompée sur son compte. C'est un jeune homme adorable, me souffle ma grand-mère dans un murmure, comme si c'était un secret inavouable.

J'ai encore du mal à me dire qu'elle est un membre de ma famille, même si cela semble être une évidence tant notre complicité est forte. Deux semaines s'étaient écoulées depuis cette révélation. L'onde de choc qu'elle a créée a mis du temps à se dissiper. Mes nuits ont été courtes, mais une partie de mon être est plus apaisée.

Le week-end dernier, je suis rentrée en région parisienne pour affronter mon père. Mon trajet en train avait été une torture, je m'imaginais une infinité de possibilités sur ses réactions. Pourtant, il avait parfaitement accueilli cette révélation.