Chapitre 3 : Gabrielle

16 2 0
                                    

   La ville s'étend devant moi, animée par une symphonie urbaine. Les rues pavées serpentent entre des bâtiments aux façades colorées. Des enseignes lumineuses clignotent au rythme des pas des passants, tandis que le bruit incessant des voitures et des conversations forme une toile de fond sonore. L'odeur alléchante des plats cuisinés émane des restaurants qui bordent les rues, mêlée aux effluves sucrés des pâtisseries artisanales. Les parcs et les places invitent au repos, leurs bancs de bois offrent une pause bienvenue dans l'agitation de la ville. Sous mes doigts, je sens la texture rugueuse des murs de pierre, témoins du temps qui passe. Et lorsque je ferme les yeux, je peux presque goûter les saveurs uniques de cette ville.

Mais à trop flâner, à trop m'imprégner de cette atmosphère envoûtante, j'ai perdu la notion du temps. Et me voilà, perdue dans cette ville qui m'était pourtant si familière il y a à peine une heure.

Je viens ici pour la troisième fois, mais, absorbée par tout ce que je vois, je ne pense plus à me repérer. Les rares passants que je croise me regardent d'un air indifférent, voire agacé, chaque tentative de demander mon chemin se heurte à un mur de désintérêt. La chaleur monte en moi, un mélange de frustration et de panique qui commence à me submerger. Ma queue de cheval, autrefois bien coiffée, est à moitié défaite, et je me sens de plus en plus désemparée.

Mon cœur s'emballe lorsque je jette un coup d'œil à mon téléphone. L'heure affichée me fait l'effet d'une gifle. Comment ai-je pu laisser filer autant de temps ?

Laura ne peut pas me faire la visite ce soir, elle a passé le relais à un collègue. L'agent immobilier m'attend pour dix-neuf heures pile, et je sais, à son ton sec lors de notre échange téléphonique, que le moindre retard pourrait me coûter cette opportunité.

Un bref coup d'œil à mon téléphone fait battre un peu plus vite mon cœur déjà bien sollicité. Je n'arriverai jamais à l'heure, et cette idée me panique encore davantage. Vais-je rater cette opportunité qui pourrait changer ma vie ? Impossible ! J'accélère le pas, le nez en l'air à la recherche d'une enseigne ou d'un panneau pour me repérer. J'ai scruté cette ville, éblouie par les bâtiments anciens et les enseignes originales. J'ai essayé de garder, ancrés en moi, chaque ligne, chaque couleur et chaque détail de ce qui m'entourait.

Soudain, je reconnais la grosse horloge près de la gare. Elle scintille de mille feux à quelques mètres de moi. L'espoir est revenu, sa vue m'apaise quelque peu. À contre-cœur, je détourne le regard et continue d'avancer. Après un sprint digne d'une athlète de haut niveau, je repère le numéro de la ligne que j'avais notée quelques minutes avant de m'éloigner trop loin, et je m'engouffre dans le bus avant que les portes ne se referment. À l'intérieur du bus, je me tourne vers la conductrice, une femme d'âge moyen, dont le sourire chaleureux contraste avec l'atmosphère glaciale de cette soirée d'hiver.

— Savez-vous quel arrêt désert le village de la Panetière ? Ma voix trahit mon impatience, mon ton est moins assuré que je ne le voudrais.

La conductrice, me jette un coup d'œil compréhensif et acquiesce.

— Bien sûr, je vous ferai signe quand on y sera. Ne vous inquiétez pas, on y sera dans dix minutes, dit-elle avec un sourire rassurant.

Je regarde l'horloge du bus, chaque seconde qui passe fait monter mon angoisse. Le temps file, et je suis encore loin d'être à l'heure.

Elle jette un coup d'œil curieux dans ma direction, déviant son attention de la route pendant quelques secondes. Mon reflet dans la large vitre me fait face. Mon mascara a, sans grande surprise, coulé, me donnant un air plus fatigué que d'habitude. Le rouge à lèvres couleur marron glacé a légèrement déteint sur ma lèvre inférieure, et mes joues, d'un rose que je devine trop foncé pour mon teint, accentuent le côté terne de mon visage.

Les roses du destin [Terminée, En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant