les trois petit cochons 2

Chapitre 1

Je suis assise sur mon canapé, une tasse de thé fumante à portée de main, un plaid doux sur les genoux. C'est une soirée tranquille, parfaite pour me plonger dans un bon livre. En fouillant dans ma bibliothèque, mon regard tombe sur un vieux livre d'enfance, un conte que j'avais presque oublié : *Les Trois Petits Cochons*. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me pousse à le sortir de l'étagère poussiéreuse. Peut-être est-ce la nostalgie, ou peut-être une simple envie de me replonger dans l'innocence des contes de fées.

Je m'installe confortablement et commence à lire. Dès les premières lignes, je suis transportée des années en arrière, à une époque où ces histoires étaient mon refuge, où les limites entre réalité et fiction étaient floues. Le conte est simple, je le connais par cœur : trois petits cochons, Nifnif, Noufnouf, et Nafnaf, chacun construisant une maison en matériaux différents pour se protéger du Grand Méchant Loup. Je lis avec un sourire, me rappelant à quel point j'aimais cette histoire enfantine.

Mais ce soir, quelque chose est différent. Tandis que mes yeux parcourent les lignes familières, une étrange sensation me parcourt. Les mots semblent s'animer, les images deviennent plus nettes, plus vivantes. C'est comme si le livre s'emparait de moi, me happait dans ses pages. Je secoue la tête, me disant que je dois être fatiguée. Pourtant, plus je lis, plus cette sensation s'intensifie. Le thé refroidit, le monde autour de moi s'efface lentement, et je ne suis plus dans mon salon.

Je me sens soudainement étourdie, mes pensées deviennent floues. Je lâche le livre et ferme les yeux pour me ressaisir, mais quand je les rouvre, tout a changé. Je ne suis plus chez moi. Le canapé a disparu, tout comme la tasse de thé et le plaid. À la place, je me trouve debout au milieu d'une clairière verdoyante, baignée par une lumière dorée qui semble irréelle. Je cligne des yeux, incrédule. Est-ce un rêve ? Tout est si vivant, si palpable.

Je fais un tour sur moi-même, cherchant un indice, quelque chose qui expliquerait ce qui m'arrive. Mais rien. Je n'entends que le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles dans la brise douce. Devant moi, un chemin de terre serpente entre les arbres. Je m'avance prudemment, mon cœur battant à tout rompre. Où suis-je ? Comment ai-je pu passer du confort de mon salon à... ça ?

Mes vêtements aussi ont changé. Au lieu de mon pyjama, je porte une robe simple, presque enfantine, avec un tablier blanc, comme une héroïne de dessin animé. Mon corps, lui-même, semble différent, comme s'il était devenu plus lisse, plus coloré, presque caricatural. Je touche mon visage, mes cheveux – tout semble irréel, comme si j'étais devenue un personnage de cartoon. Je panique légèrement, mais une partie de moi est curieusement fascinée par ce que je vis.

Alors que j'avance sur le chemin, je commence à reconnaître des éléments du décor. La maison en bois que j'aperçois au loin... elle me semble étrangement familière. Mon cœur rate un battement. Serait-ce... possible ? Je m'approche, mes mains tremblant légèrement d'excitation mêlée de peur. Quand j'arrive devant la maison, j'ai la confirmation. C'est bien elle, la première maison de Nifnif, le cochon insouciant qui a bâti sa maison en bois. Le conte prend vie sous mes yeux.

Je ne peux pas y croire. Tout cela est absurde, et pourtant, tout est là, devant moi, aussi tangible que le sol sous mes pieds. Avant que je puisse rassembler mes pensées, un bruit me fait sursauter. Derrière moi, j'entends des pas lourds écrasant les brindilles, un grognement sourd qui me glace le sang. Je me retourne brusquement et, à ma grande horreur, je le vois. Le Grand Méchant Loup, beaucoup plus grand et imposant que je ne l'avais jamais imaginé. Ses yeux luisent d'une lueur dangereuse, et un rictus cruel étire ses lèvres.

Je suis paralysée par la peur. C'est impossible, il ne devrait pas exister ! Et pourtant, il est là, juste devant moi, s'avançant lentement, ses crocs brillants sous la lumière du jour. Mon instinct me hurle de fuir, et sans réfléchir, je me précipite vers la maison en bois de Nifnif. J'y entre en trombe, refermant la porte derrière moi, mon souffle court. Je me cache derrière une table, espérant que le loup ne pourra pas entrer.

Mais je sais ce qui va se passer. Je connais l'histoire. Et bien sûr, ça ne tarde pas. Dehors, le Loup commence à parler, sa voix profonde et menaçante résonne à travers les murs en bois. 

- Je vais souffler, souffler, et ta maison s'envolera ! Crie-t-il, exactement comme dans le conte.

Je ferme les yeux, priant pour un miracle, mais rien ne change. J'entends un énorme souffle, comme une bourrasque déchaînée, puis un craquement sinistre. La maison tremble, les murs se tordent, et soudain, tout vole en éclats autour de moi. Des morceaux de bois tourbillonnent dans l'air, et je suis projetée en arrière, atterrissant durement sur le sol.

Je me relève péniblement, couverte de poussière et de débris. Le Loup est toujours là, encore plus effrayant, ses poumons se remplissant pour une nouvelle attaque. Je n'ai qu'une seule option : fuir encore. Je me mets à courir, les jambes tremblantes, sans savoir où aller. Le monde que je connais a disparu, et je suis piégée dans ce cauchemar devenu réalité.

Je cours à en perdre haleine, m'enfonçant dans la forêt sans regarder en arrière. J'entends le Loup me suivre, sa respiration lourde et menaçante résonnant à mes oreilles. Mais quelque chose au fond de moi se refuse à abandonner. Si je suis ici, c'est qu'il doit y avoir une raison. Je dois comprendre ce qui m'arrive, pourquoi je suis ici, et surtout, comment je peux en sortir.

Ce n'est que le début. J'ai l'intuition que cette aventure ne fait que commencer, et que je vais devoir affronter bien plus que le Grand Méchant Loup pour rentrer chez moi. Mais pour l'instant, je dois juste survivre. Je continue à courir, déterminée à découvrir la vérité, peu importe où elle me mènera.