les trois petit cochons 2

Chapitre 5

Le Loup se tient là, imposant, ses yeux luisant dans l'obscurité de la caverne. Nous sommes figés, le médaillon toujours dans ma main tremblante. Je sens le poids de la situation s'alourdir sur mes épaules. Nous sommes piégés, et il n'y a aucune issue facile. Le Loup avance lentement, ses griffes raclant le sol rocheux, et je sais que nous devons agir vite.

- Qu'est-ce que vous faites ici ? répète-t-il, sa voix basse et menaçante. Vous pensez que vous pouvez entrer chez moi impunément ?

Nafnaf, toujours aussi courageux, se place instinctivement devant moi, comme pour me protéger.

- Nous... nous ne voulions rien voler, balbutie-t-il, sa voix trahissant sa peur. Nous cherchions seulement à comprendre.

Le Loup s'arrête, ses yeux plissés de méfiance. Il semble surpris par cette réponse. Pendant un instant, je vois une lueur d'hésitation dans son regard, comme s'il n'était pas sûr de ce qu'il devait faire.

- Comprendre ? grogne-t-il. Comprendre quoi ? Vous m'avez déjà tout pris.

Je serre le médaillon dans ma main, réalisant que c'est probablement l'un des derniers souvenirs qu'il a de sa compagne. Je prends une grande inspiration, décidant de prendre la parole.

- Nous avons trouvé ceci, dis-je doucement en tendant le médaillon vers lui. Nous savons que cela a de la valeur pour vous. Nous ne voulions pas vous le voler. Nous voulons seulement savoir pourquoi vous nous en voulez autant.

Le Loup fixe le médaillon avec une intensité qui me fait frémir. Il avance lentement, tend la patte et prend le médaillon avec une délicatesse inattendue. Pendant un instant, son regard devient lointain, rempli de tristesse.

- Elle était tout pour moi, murmure-t-il, comme s'il se parlait à lui-même. Et à cause de vous, elle n'est plus là.

Je sens une boule se former dans ma gorge. Le Loup est clairement rongé par la douleur et la perte, mais je ne comprends toujours pas comment cela est lié aux trois petits cochons. Je dois en savoir plus.

- Que s'est-il passé ? demande Noufnouf, sa voix plus ferme que je ne l'aurais cru possible. Pourquoi nous en voulez-vous autant ?

Le Loup relève les yeux vers nous, et je vois à la fois la colère et la douleur se mêler dans son regard.

- Vous ne savez vraiment rien, hein ? gronde-t-il. Vous étiez trop occupés à construire vos maisons et à vous cacher pour vous rendre compte des dégâts que vous causiez.

Nous nous regardons, perplexes. Les trois cochons secouent la tête, déconcertés par ses paroles.

- Nous n'avons jamais voulu faire de mal à quiconque, assure Nifnif, sa voix pleine de sincérité. Nous n'avons jamais su que... que vous aviez perdu quelqu'un.

Le Loup les regarde avec un mélange de mépris et de tristesse.

- Votre père, dit-il enfin, sa voix chargée de ressentiment. C'est lui qui a posé les pièges, lui qui a tendu l'embuscade qui a tué ma compagne.

Le silence qui suit ses paroles est lourd de tension. Les trois cochons semblent abasourdis par cette révélation, et moi, je suis submergée par un mélange de choc et de compassion. Nous avions toujours cru que les cochons étaient les victimes, mais maintenant, il semble que l'histoire soit bien plus complexe.

- Notre père... ? murmure Nafnaf, abasourdi. Nous ne savions pas. Il ne nous a jamais parlé de ça.

Le Loup grogne, son regard se faisant plus dur.

- Peut-être qu'il voulait vous protéger de ce qu'il avait fait. Mais ça n'efface pas ce qu'il a fait subir à ma famille. Et vous avez continué sur sa lancée, construisant vos maisons, ignorant le mal que vous aviez causé.

Je vois dans les yeux des cochons la douleur de découvrir une vérité qu'ils n'avaient jamais imaginée. Le Loup, cependant, semble toujours en colère, mais une part de cette colère semble avoir diminué en voyant leur réaction.

- Nous ne sommes pas responsables de ce qu'a fait notre père, dit Nifnif d'une voix tremblante. Mais nous sommes désolés. Si nous avions su...

- Désolés ? répète le Loup, son ton méprisant. Croyez-vous vraiment que des excuses peuvent apaiser la douleur de perdre quelqu'un qu'on aime ?

Le silence qui suit est accablant. Aucun de nous ne sait quoi dire. Nous comprenons enfin la source de la haine du Loup, mais cela ne rend pas la situation plus facile. Le Loup a été consumé par sa vengeance pendant des années, et maintenant qu'il a enfin confronté ceux qu'il considère responsables, il ne sait pas quoi faire.

- Nous voulons vous aider, dis-je finalement, brisant le silence. Nous ne pouvons pas ramener votre compagne, mais nous pouvons essayer de réparer ce qui peut l'être.

Le Loup me fixe, surpris. Son expression se radoucit légèrement, mais je peux voir qu'il est toujours méfiant.

- Pourquoi feriez-vous cela ? demande-t-il d'une voix rauque. Pourquoi ne pas simplement fuir comme tous les autres ?

- Parce que fuir ne résout rien, réponds-je avec détermination. Si nous continuons ainsi, nous finirons tous par être détruits. Nous devons briser ce cycle de haine et de vengeance.

Le Loup semble réfléchir à mes paroles, ses yeux cherchant quelque chose dans les miens. Après un moment, il pousse un long soupir.

- Très bien, dit-il enfin. Montrez-moi que vous êtes sincères. Aidez-moi à récupérer ce que j'ai perdu, et peut-être, juste peut-être, nous pourrons trouver un moyen de mettre fin à cette guerre.

Je sens un soulagement m'envahir, mais je sais que ce n'est que le début d'une longue route. Nous devons gagner la confiance du Loup et, surtout, découvrir la vérité sur ce qui s'est vraiment passé. Pour l'instant, nous avons un accord fragile, mais c'est un pas en avant.

Le Loup se tourne alors vers la sortie de la caverne, le médaillon toujours serré dans sa patte.

- Venez avec moi, dit-il. Je vais vous montrer où tout a commencé. Peut-être comprendrez-vous alors ce que j'ai enduré.

Nous échangeons un regard avant de le suivre à travers la forêt. Nous ne savons pas ce qui nous attend, mais nous savons que nous devons faire face à cette vérité, peu importe à quel point elle peut être douloureuse. C'est le seul moyen de mettre fin à cette histoire de vengeance et de souffrance.