les trois petit cochons 2

Chapitre 8

La nuit est tombée depuis longtemps, et je me trouve seule dans un coin de la cabane, mes pensées tourbillonnant dans mon esprit. Les révélations du Loup continuent de résonner en moi, m'entraînant dans un tourbillon de doutes et de questionnements. La lumière vacillante des bougies projette des ombres mouvantes sur les murs de bois délabrés, mais je n'y prête pas attention. Mon esprit est ailleurs, plongé dans un dilemme moral qui me semble insurmontable.

Je regarde les trois petits cochons, Nifnif, Noufnouf, et Nafnaf, qui dorment paisiblement de l'autre côté de la cabane. Leur respiration régulière est un rappel de leur innocence, mais aussi de la complexité de cette situation. Ils sont victimes, mais ils sont aussi, indirectement, les héritiers d'un passé sombre. Puis, mon regard se tourne vers les louveteaux, Lupin, Lupa, et Lupio, blottis contre leur père. Eux aussi sont innocents, mais leur vie a été marquée par la douleur et la perte. Comment puis-je concilier ces deux vérités ?

Mon cœur est tiraillé. Depuis mon arrivée dans ce monde, je me suis liée d'amitié avec les trois petits cochons. Je les ai vus comme les héros de cette histoire, les victimes d'un Loup cruel et impitoyable. Mais maintenant, tout semble inversé. Le Loup n'est pas simplement un méchant de conte de fées. Il est un père, un compagnon endeuillé, un être qui a perdu ce qui lui était le plus cher. Sa vengeance, bien que terrible, est née d'une douleur légitime. Comment puis-je rester loyale envers les cochons tout en comprenant la douleur du Loup ?

Je me lève silencieusement et sors de la cabane pour prendre l'air. La nuit est calme, le ciel clair parsemé d'étoiles scintillantes. La forêt qui m'entoure est silencieuse, mais ce silence n'est plus aussi oppressant qu'avant. C'est un silence apaisant, qui me permet de réfléchir.

Je repense à tout ce que j'ai appris. Le Loup a consacré sa vie à la vengeance, mais à quel prix ? Et les trois cochons, qui ont grandi dans l'ignorance des actions de leur père, sont-ils vraiment responsables de ce qui est arrivé ? Je sens que je dois faire un choix, mais chaque option me semble trahir une partie de moi-même.

Alors que je marche dans la clairière, je me demande ce que je devrais faire. Suis-je censée continuer à protéger les cochons, comme je l'ai fait jusqu'à présent, sachant maintenant ce que je sais ? Ou devrais-je aider le Loup à obtenir la justice qu'il cherche depuis si longtemps, même si cela signifie trahir mes amis ?

Mon cœur se serre à cette pensée. Les trois petits cochons ont été bons avec moi. Ils m'ont accueillie, m'ont protégée lorsque le Loup me traquait. Je ne peux pas simplement les abandonner. Mais en même temps, je ne peux pas ignorer la douleur du Loup. Il mérite lui aussi de trouver la paix, de sortir du cycle de vengeance qui l'a consumé.

Je m'arrête au bord de la clairière, les yeux fixés sur la lune qui éclaire faiblement les arbres. Le poids de ce dilemme semble m'écraser. Je sais que je dois prendre une décision, mais je ne suis pas prête à choisir un camp. Il doit y avoir une autre solution, un moyen de réconcilier ces deux mondes.

Mais comment ? Comment puis-je espérer apporter la paix entre le Loup et les cochons quand tout ce qu'ils ont connu est la haine et la peur ? Je me sens si petite, si impuissante face à ce conflit qui me dépasse.

Soudain, un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne pour voir Lupin, le plus âgé des louveteaux, s'approcher de moi. Ses yeux jaunes brillent faiblement dans la lumière de la lune, et il me regarde avec une curiosité empreinte de sagesse.

- Tu ne dors pas, dit-il doucement en s'asseyant à côté de moi.

Je secoue la tête, incapable de trouver les mots pour exprimer ce que je ressens. Lupin, malgré son jeune âge, semble comprendre mon trouble.

- Tu te demandes quoi faire, n'est-ce pas ? demande-t-il après un moment de silence.

Je hoche la tête, et un sourire triste se dessine sur ses lèvres.

- Papa dit toujours que la vie est pleine de choix difficiles, mais qu'il y a toujours un chemin, murmure-t-il. Même si ce chemin est caché, il suffit de chercher assez longtemps pour le trouver.

Ses paroles, simples mais profondes, me frappent. Je me rends compte que je n'ai pas à choisir entre le Loup et les cochons. Peut-être que le chemin que je dois trouver est celui de la réconciliation, celui qui permettra de briser ce cycle de vengeance sans sacrifier mes amitiés.

Je tourne la tête vers Lupin, un léger sourire sur les lèvres.

- Merci, dis-je doucement. Tu as raison. Il doit y avoir un moyen de tous nous sortir de cette situation.

Lupin sourit à son tour, mais son expression est sérieuse.

- Papa est prêt à changer, je le sais, dit-il. Mais il a besoin de ton aide, et de celle des cochons. Nous ne pouvons pas faire ça seuls.

Je sens un nouveau souffle de détermination naître en moi. Peut-être que je n'ai pas toutes les réponses, mais je sais maintenant ce que je dois faire. Je dois aider à construire ce pont entre le Loup et les cochons, à trouver un terrain d'entente où ils pourront coexister sans violence.

- Je vais essayer, dis-je fermement. Je vais faire de mon mieux pour que tout le monde trouve la paix.

Lupin hoche la tête, visiblement satisfait de ma réponse. Nous restons là, assis côte à côte, regardant la lune briller au-dessus de nous. La nuit est encore longue, et le chemin sera difficile, mais pour la première fois, j'ai l'impression que nous avons une chance de réussir.

En retournant à la cabane avec Lupin, je me sens plus légère, comme si un fardeau s'était un peu allégé. Je ne sais pas comment nous allons faire, mais je sais que nous devons essayer. Pour les cochons, pour le Loup, pour les louveteaux, et pour moi-même.

Nous entrons silencieusement dans la cabane, et je m'installe à nouveau dans mon coin, prête à affronter la nouvelle journée qui s'annonce. Le dilemme est toujours là, mais il est maintenant accompagné d'une résolution : trouver un moyen de réconcilier ces deux mondes, pour que plus jamais ils ne soient plongés dans la haine et la douleur.

Et avec cette pensée, je ferme les yeux, m'endormant enfin avec l'espoir d'un avenir meilleur.