Chapitre 2

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Je continue de courir jusqu'à reconnaître au loin la maison en paille. Sans réfléchir, je frappe de plus en plus fort sur la porte, mes poings résonnant contre le bois léger.

- Noufnouf ! Ouvre, s'il te plaît ! crie-je, ma voix brisée par la peur.

La porte s'ouvre brusquement, et je me retrouve face à un cochon légèrement plus grand que je ne l'avais imaginé, avec des yeux larges et inquiets.

- Qui es-tu ? demande-t-il, la voix tremblante.

- Je m'appelle Lisa-Marie. Je... je suis coincée ici. Le Loup est juste derrière moi ! sors-je en une rafale de mots, le suppliant du regard.

Sans plus de questions, Noufnouf m'attrape par le bras et m'entraîne à l'intérieur. Il referme la porte derrière nous, la verrouillant précipitamment.

- Il ne devrait pas être aussi proche ! murmure-t-il, visiblement terrifié. Il a détruit la maison de Nifnif ?

- Oui, il l'a soufflée en un instant. Nous devons trouver un moyen de lui échapper.

Noufnouf hoche la tête, tremblant de la tête aux pieds. Il semble paralysé par la peur, incapable de penser à autre chose qu'à la menace qui approche.

- Tu dois te cacher, dit-il d'une voix tremblante. Peut-être qu'il passera son chemin s'il ne nous voit pas.

Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, mais je n'ai pas le temps de proposer autre chose. J'aperçois un placard à proximité et m'y précipite. Noufnouf me rejoint en vitesse, refermant la porte derrière nous.

Le silence est oppressant, seulement brisé par nos respirations haletantes. Puis, je l'entends. Le bruit lourd de pas écrasant le sol dehors. Le Loup est ici. Mon cœur bat si fort que j'ai peur qu'il ne l'entende à travers la porte du placard.

- Petit cochon, petit cochon, laisse-moi entrer, grogne le Loup d'une voix grave qui fait trembler les murs de la maison de paille.

Je peux sentir Noufnouf se figer à côté de moi, ses yeux écarquillés de terreur. Je murmure un faible "non", espérant que le Loup abandonnera.

- Sinon, je vais souffler, souffler, et ta maison s'envolera ! rugit-il.

Je ferme les yeux, sachant ce qui va se passer, mais espérant que d'une manière ou d'une autre, cette maison tiendra. Le silence qui suit est si tendu que j'en oublie de respirer. Puis, le souffle arrive.

C'est comme un ouragan qui déferle sur la maison. Les murs de paille commencent à se plier sous la pression, des brins volent dans toutes les directions. La maison tremble, craque, et en quelques secondes, tout s'effondre autour de nous. Le placard est arraché de ses gonds, et je me retrouve projetée au sol, entourée de débris.

Le Loup est là, plus grand et plus terrifiant que jamais. Son souffle puissant a laissé la maison en ruines, et il se tient au-dessus de nous, un sourire carnassier aux lèvres.

- Qu'avons-nous là ? murmure-t-il en nous regardant de haut. Un petit  cochon et une fille?

Je me redresse, essayant de me mettre entre Noufnouf et le Loup, même si je sais que c'est futile. Mon cœur bat à tout rompre, mais je refuse de me laisser paralyser par la peur.

- Laisse-le tranquille ! crie-je, ma voix plus forte que je ne l'aurais cru possible.

Le Loup rit, un son rauque et moqueur qui me glace le sang.

- Tu as du cran, pour une étrangère, dit-il, ses yeux perçants rivés sur moi. Mais tu ne comprends pas. Ces cochons... ils ne sont pas aussi innocents que tu le crois.

Je reste silencieuse, surprise par ses paroles. Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais. Le Loup se rapproche, ses yeux brûlants de colère contenue.

- Ils m'ont volé quelque chose d'inestimable, quelque chose que je ne retrouverai jamais, grogne-t-il. Et pour ça, ils doivent payer.

Je le regarde, tentant de comprendre ce qu'il dit. Ce n'est pas la simple faim ou la cruauté qui le motive. Il y a autre chose, quelque chose de plus profond et de plus sombre.

- Je... je ne comprends pas, balbutie-je.

Le Loup secoue la tête, son expression se durcissant.

- Ce n'est pas à toi de comprendre. Tu n'es pas d'ici, n'est-ce pas ? reprend-il, ses yeux brillants d'une lueur dangereuse.

Je reste silencieuse, ne sachant pas quoi répondre. Comment pourrait-il savoir que je ne suis pas d'ici ? Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, un cri retentit derrière nous. C'est Nafnaf, le troisième cochon, qui accourt, une expression de terreur mêlée de détermination sur son visage.

- Laissez- nous tranquilles ! hurle-t-il, brandissant une fourchette comme une arme dérisoire.

Le Loup se retourne, surpris par cette nouvelle apparition. Il écarquille les yeux, puis éclate de rire, un rire sinistre qui résonne dans toute la clairière.

- Tu crois vraiment que tu peux m'arrêter avec ça ? ricane-t-il en avançant vers Nafnaf.

Mais cette distraction me donne l'occasion dont j'ai besoin. Je saisis la main de Noufnouf, toujours figé par la peur, et tire de toutes mes forces.

- Cours ! murmure-je à son oreille, priant pour qu'il m'écoute.

Il hésite, puis soudain, la survie prend le dessus. Il se met à courir à mes côtés, nous faufilant entre les débris de la maison de paille. Le Loup, surpris par notre fuite soudaine, hésite une seconde avant de nous poursuivre, mais cette seconde nous donne l'avantage.

Nafnaf se précipite vers nous, abandonnant sa fourchette inutile, et nous courons tous les trois, laissant le Loup derrière nous. Nous devons atteindre la maison de briques. C'est notre seule chance.

Nous courons à perdre haleine, sans nous retourner. Le souffle du Loup se fait de plus en plus distant, mais je sais qu'il n'abandonnera pas si facilement. Nous devons nous abriter avant qu'il ne soit trop tard.

Enfin, la maison de briques apparaît à l'horizon, solide et rassurante. Nous y entrons en trombe, fermant la porte derrière nous avec précipitation. Nous savons que le Loup arrivera bientôt, mais au moins ici, nous avons une chance de résister.

Essoufflée, le cœur battant, je me laisse glisser contre le mur, essayant de reprendre mon souffle. Noufnouf et Nafnaf s'assoient à côté de moi, leurs yeux remplis de peur et de détermination.

- Nous devons trouver un moyen de l'arrêter, dis-je enfin, brisant le silence lourd.

Nafnaf hoche la tête, son expression grave.

- Cette maison a résisté une fois, elle résistera encore. Mais nous devons être prêts.

Je regarde les deux cochons, réalisant que malgré leur peur, ils sont prêts à se battre pour leur survie. Et moi aussi. Nous n'avons pas le choix. Le Grand Méchant Loup est en route, et cette fois, il ne se contentera pas de souffler sur une maison. Il veut bien plus que ça.

les trois petit cochons 2Where stories live. Discover now