Chapitre 3

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Nous restons assis là, dans la maison de briques, les trois petits cochons et moi, écoutant le silence oppressant qui nous entoure. Chaque seconde qui passe est imprégnée de tension. Nous savons tous que le Loup ne tardera pas à revenir, mais l'attente est insoutenable. Le seul son qui brise ce silence est le battement frénétique de nos cœurs.

Je jette un coup d'œil à Nifnif, Noufnouf et Nafnaf. Ils ne sont plus les petits cochons innocents que j'imaginais en lisant leur histoire. Leurs visages sont marqués par les années et les épreuves. Ils sont désormais des jeunes adultes, endurcis par les difficultés qu'ils ont dû affronter. Ce sont des survivants, prêts à tout pour protéger ce qu'ils ont construit.

- Nous ne pouvons pas rester assis ici à attendre, murmure Nafnaf, le plus réfléchi des trois frères, son ton calme tranchant avec la situation. Il faut réfléchir à un plan.

- Qu'est-ce que tu proposes, Nafnaf ? demande Nifnif, toujours tremblant après notre fuite précipitée.

Nafnaf se lève, commence à faire les cent pas dans la pièce, ses yeux scrutant chaque recoin, comme s'il cherchait une idée cachée quelque part.

- Nous devons renforcer la maison, suggère-t-il finalement. Utiliser tout ce que nous avons pour rendre cette place imprenable. Des meubles, des planches, tout ce que nous pourrons trouver.

Noufnouf hoche la tête, encore secoué par l'effondrement de sa maison de paille, mais décidé à faire tout ce qu'il peut pour éviter que la maison de briques ne subisse le même sort.

- Nous devrions bloquer toutes les issues, ajoute-t-il. Le Loup trouvera un moyen de passer, à moins que nous ne lui rendions la tâche impossible.

Je hoche la tête aussi. L'idée de renforcer la maison est bonne, mais je ne peux m'empêcher de penser que ce ne sera pas suffisant. Le Loup que nous affrontons est différent de celui du conte de mon enfance. Ce n'est pas seulement la faim qui le motive, mais quelque chose de plus profond, de plus sombre. Cela se voit dans ses yeux, dans la manière dont il parle de vengeance.

- Et ensuite ? demandai-je, mon esprit cherchant frénétiquement une issue. Même si nous renforçons la maison, il trouvera un moyen d'entrer. Il semble connaître tous les recoins de ce monde. Nous devons penser à autre chose, quelque chose qui pourrait le détourner ou l'arrêter pour de bon.

Nafnaf s'arrête et me regarde, ses sourcils froncés, réfléchissant à mes paroles.

- Tu as raison, dit-il après un moment. Mais qu'est-ce qu'on pourrait faire contre lui ? Il est plus fort, plus rusé que jamais.

Le silence retombe alors que nous réfléchissons tous à des solutions. Je me tourne vers la fenêtre, espérant que le Loup n'apparaisse pas soudainement à l'horizon.

- Peut-être que nous pourrions le piéger, dis-je finalement. Utiliser sa propre force contre lui.

Les trois cochons me regardent, intrigués.

- Comment ça ? demande Noufnouf, visiblement intéressé.

Je prends une profonde inspiration, essayant de mettre mes idées en ordre.

- Nous savons qu'il va essayer de souffler sur la maison. Mais si nous pouvions utiliser cette force pour déclencher quelque chose, un piège qui le prendrait au dépourvu, nous pourrions avoir une chance.

Nafnaf semble réfléchir à cette idée, ses yeux s'éclairant légèrement.

- C'est une possibilité, dit-il. Nous pourrions utiliser des matériaux plus lourds, les disposer de manière à ce qu'ils tombent sur lui lorsqu'il souffle.

- Ou utiliser des ruses pour l'emmener dans une direction où il serait vulnérable, ajoute Nifnif, retrouvant un peu de courage en entendant l'élaboration de ce plan.

Je sens un espoir naître en moi. C'est peut-être notre chance. Nous passons les minutes suivantes à élaborer un plan, cherchant dans la maison tout ce qui pourrait être utilisé comme un piège. Nous renforçons les fenêtres avec des planches, empilons des meubles devant la porte pour la bloquer. Chaque geste est calculé, chaque décision prise avec soin.

Soudain, un bruit sourd retentit à l'extérieur, me faisant sursauter. Nous nous figeons tous, écoutant attentivement. Un autre coup se fait entendre, suivi d'un troisième. Quelque chose ou quelqu'un approche.

- C'est lui, murmure Nifnif, la voix tremblante.

Nafnaf serre les dents, attrapant un bâton qu'il avait trouvé plus tôt. Moi, je m'approche de la fenêtre, essayant de voir sans être vue. Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il pourrait exploser à tout moment.

Et puis, je le vois. Le Grand Méchant Loup sort de la forêt, sa silhouette massive se découpant dans la lumière mourante du jour. Ses yeux brillent d'une lueur dangereuse, et je sens toute la détermination et la rage qu'il contient. Il est plus grand que dans mes souvenirs, plus menaçant.

- Petit cochon, petit cochon, laisse-moi entrer, dit-il, sa voix résonnant avec un ton sinistre qui fait écho dans toute la clairière.

Nous nous regardons, terrifiés mais résolus. Nafnaf prend une profonde inspiration et s'approche de la porte, parlant d'une voix forte.

- Non, Loup ! Nous ne te laisserons pas entrer !

Le Loup rit, un son profond et moqueur qui me fait frissonner.

- Alors je vais souffler, souffler, et ta maison s'envolera ! grogne-t-il.

Nous retenons tous notre souffle, sachant ce qui va suivre. Le Loup recule, se préparant à attaquer. Ses poumons se gonflent démesurément, son torse s'élargissant d'une manière presque surnaturelle. Il prend une énorme inspiration, et je vois ses yeux se plisser de concentration.

- Préparez-vous ! crie Nafnaf, serrant son bâton de toutes ses forces.

Le souffle du Loup est un ouragan. Il frappe la maison de plein fouet, faisant trembler les murs. Les fenêtres vibrent sous la pression, mais pour l'instant, elles tiennent. Nous avons réussi à les renforcer suffisamment.

Mais le Loup n'abandonne pas. Il souffle encore, et encore, chaque fois plus fort, devenant de plus en plus furieux alors que la maison de briques résiste à ses assauts.

- Ça marche, murmure Noufnouf, stupéfait que notre plan semble tenir bon.

Mais je vois le Loup reculer encore, prenant une dernière inspiration qui semble encore plus puissante. Ses poumons se gonflent si largement que son corps devient énorme, presque disproportionné. Cette fois, il est déterminé à faire tomber la maison.

Il souffle une dernière fois, et cette fois, les murs se fissurent, mais ne cèdent pas. Le Loup, épuisé, grogne de frustration.

- Vous ne pouvez pas vous cacher éternellement ! rugit-il. Je reviendrai, et je finirai ce que j'ai commencé.

Avec un dernier regard menaçant, il tourne les talons et disparaît dans la forêt, laissant derrière lui un silence oppressant.

Nous restons immobiles, trop choqués pour parler. La maison a tenu, mais à quel prix ? Nous savons que ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne revienne, encore plus déterminé.

Nafnaf s'effondre contre un mur, épuisé.

- Nous avons gagné une bataille, mais pas la guerre, dit-il, la voix rauque.

Je me laisse glisser au sol, mes jambes tremblantes de la tension qui retombe enfin.

- Nous devons trouver un moyen de le stopper définitivement, dis-je d'une voix faible. Sinon, il finira par nous avoir.

Nifnif, Noufnouf, et Nafnaf acquiescent, leurs regards sombres, mais résolus. Nous devons continuer à nous battre, à trouver un plan qui fonctionnera. Mais pour l'instant, nous devons reprendre nos forces. La nuit tombe, et nous savons tous que le Loup ne tardera pas à revenir.

les trois petit cochons 2Where stories live. Discover now