les trois petit cochons 2

Chapitre 12

Le lendemain matin, le ciel est couvert de nuages gris, comme si la nature elle-même ressentait l'incertitude qui plane sur notre groupe. Les événements de la veille, bien que prometteurs, laissent encore des traces de doute et de méfiance parmi les cochons. Alors que nous nous préparons pour la rencontre avec les autres habitants de la forêt, je remarque que Nifnif, Noufnouf, et même Nafnaf sont plus silencieux que d'habitude, leurs gestes trahissant une certaine nervosité.

Nous avons décidé de nous réunir près de la grande clairière où tous les animaux de la forêt se rassemblent lors des événements importants. C'est un endroit symbolique, un lieu de réunion mais aussi de confrontation, où les décisions qui affectent la communauté sont prises. La tension est palpable, et je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine appréhension.

Le Loup, ses louveteaux à ses côtés, marche en tête du groupe, son air grave révélant qu'il est aussi inquiet que nous. Il sait que convaincre la communauté de la sincérité de cette trêve sera difficile, voire périlleux. Les cicatrices du passé sont profondes, et il suffirait d'un rien pour que tout s'effondre.

Lorsque nous arrivons à la clairière, plusieurs animaux sont déjà là, discutant à voix basse. Dès qu'ils nous aperçoivent, un silence se fait. Le regard des animaux oscille entre méfiance et curiosité. Le Loup, malgré sa taille imposante, ne dégage plus la menace qu'il incarnait auparavant, mais son passé le précède, et il le sait.

Je prends une profonde inspiration avant de me tourner vers les cochons.

- C'est maintenant que tout se joue, dis-je doucement. Si nous réussissons à les convaincre, ce sera un grand pas vers la paix.

Nafnaf hoche la tête, mais je vois une ombre d'hésitation dans ses yeux. Il sait, tout comme moi, que les souvenirs du passé sont difficiles à effacer. Pourtant, il prend la parole en premier, sa voix résonnant dans la clairière.

- Amis de la forêt, commence-t-il, nous sommes ici pour vous parler de ce qui s'est passé entre nous et le Loup. Il est temps que nous mettions fin à ce cycle de haine qui nous a tous rongés pendant trop longtemps.

Un murmure s'élève parmi les animaux, certains hochant la tête en signe d'approbation, tandis que d'autres se montrent plus sceptiques. Le Loup reste silencieux, attendant que Nafnaf expose leur trêve.

- Nous avons décidé de travailler ensemble pour reconstruire ce que nous avons perdu, poursuit Nafnaf. Nous voulons montrer que même après tout ce qui s'est passé, il est possible de trouver un terrain d'entente, de vivre en paix.

Le murmure s'intensifie, certains animaux échangent des regards perplexes, d'autres froncent les sourcils. Un vieux blaireau, connu pour sa méfiance, s'avance et prend la parole d'une voix grave.

- Et pourquoi devrions-nous croire que cela fonctionne ? gronde-t-il. Le Loup a toujours été une menace pour nous tous. Comment savons-nous qu'il ne va pas nous trahir à nouveau ?

Le Loup prend enfin la parole, sa voix calme mais empreinte d'une grande gravité.

- Vous avez toutes les raisons d'être méfiants, dit-il. Je ne peux pas effacer mon passé, ni les erreurs que j'ai commises. Mais je peux vous assurer que ce temps est révolu. Ce que je veux maintenant, c'est la paix, non seulement pour moi, mais aussi pour mes enfants et pour vous tous.

Malgré ses paroles, je sens que le doute persiste. Certains animaux continuent de murmurer entre eux, et je vois l'inquiétude croître dans les regards des cochons. Ils réalisent que convaincre la communauté est un défi bien plus grand qu'ils ne l'avaient imaginé.

C'est alors qu'un corbeau, perché sur une branche basse, se met à croasser avec insistance.

- Des paroles, rien que des paroles ! crie-t-il. Nous avons entendu ça avant. Comment savons-nous que ce n'est pas un autre de vos pièges, Loup ?

Le Loup ferme les yeux un instant, comme pour maîtriser la frustration qui bouillonne en lui. Il se tourne vers moi, cherchant du soutien. Je sais que ce moment est crucial.

- Je comprends vos craintes, dis-je en m'avançant d'un pas. Mais je peux vous assurer que cette trêve est sincère. Nous avons tous travaillé dur pour en arriver là. Ce n'est pas juste un accord entre le Loup et les cochons, mais une tentative de réconciliation pour nous tous.

Le silence qui suit mes paroles est lourd. Je sens que la situation peut basculer d'un côté ou de l'autre à tout moment. C'est alors que Nifnif, d'une voix tremblante mais déterminée, prend la parole.

- Nous avons tous fait des erreurs, dit-il. Mais nous ne pouvons plus continuer à vivre dans la peur. Nous devons au moins essayer de construire quelque chose de nouveau.

Malgré ses efforts, je peux voir que beaucoup restent sceptiques. Le vieux blaireau secoue la tête, peu convaincu.

- Peut-être que vous, les cochons, avez décidé de pardonner, dit-il, mais cela ne signifie pas que le reste d'entre nous doit suivre. Nous avons souffert aussi.

Le murmure parmi les animaux se transforme en un grondement de désaccords. Je sens la tension monter, comme une vague prête à déferler. Le Loup, bien que calme en apparence, commence à se tendre. Il sait que la situation peut dégénérer rapidement.

Je sens une panique sourde monter en moi. Si nous ne parvenons pas à calmer les esprits, cette trêve fragile pourrait s'effondrer avant même d'avoir commencé. Je me tourne vers le Loup, cherchant désespérément une solution, mais son regard est fixe, presque perdu dans ses pensées.

C'est alors que Noufnouf, le plus prudent des trois cochons, prend une décision audacieuse. Il s'avance et se place à côté du Loup, levant la main pour réclamer le silence.

- Nous savons que c'est difficile à croire, dit-il d'une voix forte, mais nous sommes prêts à prouver notre bonne foi. Si le Loup trahit notre confiance, nous en subirons les conséquences avec lui.

Cette déclaration surprend tout le monde, moi y compris. Les animaux se regardent, perplexes, et le murmure s'apaise un peu. Nafnaf et Nifnif, bien qu'hésitants, se placent à leur tour aux côtés du Loup, formant un front uni.

Le Loup semble touché par ce geste, mais il sait que cela ne suffira peut-être pas à convaincre tout le monde. Il prend une grande inspiration, son torse se gonflant légèrement, comme s'il se préparait à utiliser son souffle pour calmer la situation. Mais cette fois, il retient son souffle, sachant que la force brute n'est pas la solution ici.

- Nous n'avons jamais eu l'intention de vous trahir, dit-il d'une voix plus douce. Tout ce que nous demandons, c'est une chance de montrer que nous avons changé. Donnez-nous du temps, et si nous échouons, vous aurez le droit de nous juger.

Le silence qui suit est lourd de tension, mais peu à peu, je sens que les esprits commencent à se calmer. Les animaux, bien que toujours méfiants, semblent prêts à laisser une chance à cette trêve, à condition qu'ils puissent surveiller la situation de près.

Le vieux blaireau, toujours prudent, se redresse et fixe le Loup d'un regard perçant.

- Très bien, grogne-t-il. Nous vous observerons de près. Mais ne croyez pas que nous oublierons si vous nous trompez encore une fois.

Le Loup incline la tête en signe de respect.

- C'est tout ce que je demande, dit-il humblement. La chance de prouver que nous pouvons faire mieux.

Avec cela, la tension dans la clairière s'apaise un peu, et les animaux commencent à se disperser, retournant à leurs activités, mais avec un regard souvent jeté en arrière pour s'assurer que cette trêve tiendra. Le Loup, les trois cochons, et moi restons un moment à observer la clairière se vider, un mélange de soulagement et d'incertitude dans le cœur.

Nous savons tous que ce n'est qu'un début, un test, et que le moindre faux pas pourrait tout détruire. Mais pour l'instant, nous avons réussi à éviter le pire, à préserver cette fragile trêve qui, si elle tient, pourrait marquer le début d'un avenir meilleur.

Alors que nous rentrons ensemble vers la cabane, je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine fierté. Nous avons tous pris des risques aujourd'hui, mais peut-être, juste peut-être, que ces risques finiront par porter leurs fruits.