Chapitre 11

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La discussion se poursuit jusqu'aux premières lueurs de l'aube. Assis en cercle dans la cabane en ruines, nous échangeons nos peurs, nos doutes, et nos espoirs. Le Loup, après avoir utilisé son souffle pour attirer l'attention des cochons, parle avec une sincérité désarmante. Les trois cochons, encore un peu méfiants, écoutent attentivement, conscients que ce moment pourrait déterminer leur avenir.

- Ce que je veux, c'est la vérité, dit le Loup, sa voix grave résonnant dans la petite cabane. Je ne peux pas avancer tant que je n'ai pas compris pourquoi votre père a fait ce qu'il a fait. Je ne cherche plus la vengeance, mais je ne peux pas non plus oublier.

Nifnif, le plus craintif des trois cochons, prend une profonde inspiration avant de répondre.

- Nous n'avons jamais vraiment su pourquoi notre père agissait ainsi, murmure-t-il. Il nous a toujours protégés de tout. Peut-être qu'il croyait vraiment que vous étiez dangereux.

Noufnouf acquiesce, le regard pensif.

- Nous savions que notre père avait peur des loups, ajoute-t-il. Il nous racontait des histoires terribles sur ce qui pourrait arriver si nous ne construisions pas nos maisons solides. Mais il n'a jamais parlé de ce qui s'était passé entre lui et vous.

Nafnaf, le plus réfléchi, prend la parole à son tour, choisissant soigneusement ses mots.

- Nous ne pouvons pas changer le passé, dit-il. Mais nous pouvons choisir comment nous allons avancer. Si nous acceptons tous de faire face à nos erreurs, peut-être que nous pourrons trouver une nouvelle voie.

Le Loup écoute en silence, ses yeux jaunes brillant dans la pénombre. Il semble peser chaque mot, chaque intention. Les louveteaux, blottis contre leur père, observent la scène avec des regards pleins d'espoir. Ils sont les plus jeunes, les plus innocents, et ils souhaitent plus que tout que cette tension prenne fin.

- Très bien, dit enfin le Loup, rompant le silence. Nous devons commencer par accepter que nous avons tous nos torts. Je suis prêt à pardonner, mais seulement si nous faisons cet effort ensemble. Il ne s'agit pas seulement de dire "désolé". Il s'agit de comprendre et d'accepter ce qui a été fait, et de s'engager à ne plus jamais répéter les mêmes erreurs.

Je vois les trois cochons échanger un regard, puis hocher la tête en signe d'accord. C'est un petit pas, mais c'est un pas dans la bonne direction.

- Nous sommes d'accord, répond Nafnaf, parlant au nom de ses frères. Mais il faudra du temps. Le passé est difficile à oublier, et la confiance ne se reconstruit pas du jour au lendemain.

Le Loup acquiesce, comprenant que ce processus sera long et parsemé d'embûches.

- Le temps, nous l'avons, dit-il. Ce qui compte, c'est que nous avancions ensemble.

Nous passons le reste de la matinée à discuter de la manière dont nous allons procéder. Il est décidé que chacun des camps, cochons et loup, doit faire un pas vers l'autre. Pour commencer, le Loup proposera son aide pour reconstruire la maison de Nifnif, en utilisant ses connaissances de la forêt pour trouver les matériaux les plus solides. Les cochons, de leur côté, s'engagent à ne plus se méfier du Loup sans raison et à ouvrir leur porte aux louveteaux, pour qu'ils puissent apprendre à se connaître.

Il s'agit d'une trêve fragile, mais c'est un début. Tous sont conscients que la méfiance ne disparaîtra pas du jour au lendemain, mais cette discussion a permis d'établir un pont, un lien fragile mais réel entre eux.

Plus tard dans la journée, alors que chacun s'affaire à ses tâches, je remarque que le Loup est resté en retrait, contemplatif. Il observe les trois cochons et ses enfants interagir, un léger sourire mélancolique flottant sur ses lèvres.

Je m'approche de lui, sentant qu'il a encore des pensées lourdes sur le cœur.

- Comment te sens-tu ? lui demande-je doucement.

Le Loup me regarde, son regard intense mais plus apaisé qu'auparavant.

- Mieux, dit-il. Mais ce n'est que le début. Il reste tant de choses à faire, tant de rancunes à surmonter.

- C'est un début, lui dis-je avec encouragement. Nous ne pouvons pas tout résoudre en un jour, mais chaque pas compte.

Il hoche la tête, reconnaissant la vérité de mes paroles.

- Je n'avais jamais vraiment imaginé que ce jour viendrait, confie-t-il. Un jour où je pourrais regarder ces cochons sans ressentir cette brûlure de colère. Peut-être que la paix est possible, après tout.

Le soir venu, nous nous rassemblons tous autour d'un feu de camp improvisé près de la cabane. L'atmosphère est étrange, un mélange de nervosité et d'anticipation, mais aussi d'un léger sentiment de camaraderie. Nous partageons un repas simple, et pour la première fois, les louveteaux et les cochons échangent des histoires de leur enfance, rient même à certains moments.

C'est dans cette atmosphère, sous les étoiles, que nous discutons de l'avenir. Le Loup propose d'organiser une rencontre avec les autres habitants de la forêt, pour leur parler de notre trêve et de notre plan pour construire une paix durable. Les cochons acceptent, bien que nerveux à l'idée de parler en public de ce passé douloureux.

- C'est nécessaire, dit Nafnaf avec détermination. Si nous voulons vraiment mettre fin à cette guerre, tout le monde doit être impliqué.

Le Loup, après un moment de réflexion, acquiesce.

- Très bien. Nous organiserons cette rencontre demain. Mais soyez prêts, car certains ne seront pas aussi enclins à accepter cette trêve que nous le sommes.

La nuit avance, et peu à peu, chacun commence à se retirer pour dormir. Je reste un moment près du feu, observant les braises rouges danser dans l'obscurité. Une trêve a été conclue, mais je sais que les défis à venir seront nombreux. Pourtant, pour la première fois, je crois vraiment que la paix est possible.

Le Loup, avant de se retirer pour la nuit, me jette un dernier regard.

- Merci, Lisa-Marie, murmure-t-il. Pour tout ce que tu as fait.

Je lui souris doucement.

- Ce n'est que le début, réponds-je. Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir, mais je crois que nous pouvons y arriver.

Il hoche la tête et disparaît dans l'ombre de la cabane, laissant derrière lui un espoir nouveau, fragile mais bien réel.

Alors que la nuit s'approfondit, je ferme les yeux en me laissant porter par l'idée que, peut-être, nous avons fait le premier pas vers un avenir meilleur, où les vieilles rancunes peuvent enfin être laissées derrière nous.

les trois petit cochons 2Where stories live. Discover now